La fièvre catarrhale ovine (FCO) fait son retour dans le Tarn, avec 25 cas recensés en un mois et une accélération inquiétante ces derniers jours. Cette maladie virale, transmise par des moucherons piqueurs, se propage rapidement depuis le sud-ouest de la France, mettant en péril les élevages ovins et bovins. Face à cette situation alarmante, les éleveurs dénoncent le manque de soutien
La fièvre catarrhale ovine (FCO) frappe à nouveau le Tarn. En un mois, 25 cas ont été recensés. "Et depuis une semaine cela s'accélère" constate-t-on à la maison de l'élevage du Tarn. Cette maladie virale, transmise par des moucherons piqueurs, se propage rapidement dans le sud-ouest de la France, notamment l'Ariège, l'Aude et les Pyrénées-Orientales.
Les conséquences pour les éleveurs sont déjà dramatiques. Jean-Guillaume Cadastraing, de la Confédération Paysanne du Tarn, témoigne : "Les ovins, qui sont les plus fragiles, sont les premiers touchés. Les bovins suivront." Les pertes sont à la fois directes (mortalité) et indirectes (problèmes de reproduction et de lactation).
Une diffusion amplifié par le réchauffement climatique
Les animaux atteints présentent divers symptômes : de l'abattement, de la fièvre, de l'anorexie, avortements, des difficultés de locomotion, des ulcères buccaux et parfois langue bleue pendante.
"Le changement climatique amplifie la diffusion de cette maladie animale vectorielle transmise par des moucherons, constate la Confédération Paysanne 81 dans un communiqué. Les impacts sont déjà dramatiques sur certains troupeaux de ruminants avec des pertes directes (mortalité) et indirectes (reproduction, lactation...) qui compromettent l'élevage à court et moyen terme."
C'est le cas pour l'un de ses représentants, Jean-Guillaume Cadastraing : "Les animaux malades ne meurent pas obligatoirement, mais cela décale d’un an la naissance de nouvelles têtes. Pour ma part, mon bélier est mort. C’est une perte redoutable pour mon élevage qui comprend une trentaine de têtes."
Mais pour le syndicat agricole, "les autorités restent muettes sur la problématique vécue dans nos élevages". "Les problématiques qui ne sont pas prises en compte sont le stress des éleveurs, qui ne sont pas accompagnés, et les pertes financières liées aux troupeaux. Nous n’avons aucune réponse de la chambre d’agriculture. C’est d’une grande violence." explique Jean-Guillaume Cadastraing.
Baisse du prix de la viande bovine ?
Autre crainte, la baisse des prix de vente des bovins. "Les intégrateurs (entreprises ou coopératives) vont continuer à acheter des veaux, mais s'ils veulent également continuer à les exporter à l'étranger, il va falloir les tester pour voir s'ils sont malades ou non. Vu la situation, ils vont logiquement nous forcer la main pour que les prix partent à la baisse" explique le représentant de la Confédération Paysanne du Tarn.
La Confédération paysanne réclame donc notamment "l'indemnisation des animaux perdus et des pertes indirectes (lait et reproduction) afin de pouvoir reconstituer le cheptel","la reconnaissance de la FCO comme cas de force majeure concernant les critères pour accéder aux aides de la PAC ", "d'agir sur les causes du dérèglement climatique à l'origine du développement de la maladie et une prise en charge totale des vaccins".
L'Etat vient d'annoncer pourtant la distribution de 6.400.000 doses de vaccins (dont 1,1 million de doses pour les ovins et 5,3 millions de doses pour les bovins) gratuites aux éleveurs. Mais ces doses ne concernent que les animaux malades du sérotype 3 qui vient de faire son apparition dans le nord de la France. Les éleveurs du sud-ouest sont touchés par la FCO sérotype 8. Pour celle-ci, l'Etat ne prend pas en charge la vaccination et les agriculteurs en sont de leur poche.