Un nouveau sérotype de fièvre catarrhale ovine (FCO) ou "langue bleue" pourrait arriver en France. Les services de l'État s'y préparent et envisagent de déployer des vaccins pour limiter les conséquences pour l'économie de l'élevage. Plusieurs départements d'Occitanie sont déjà infectés.
La France se prépare à faire face à un nouveau sérotype de fièvre catarrhale ovine (FCO) qui peut être mortelle chez les vaches et les moutons. Des vaccins devraient être déployés pour limiter les conséquences pour l'économie de l'élevage, ont déclaré les services de l'Etat dans un communiqué transmis à l'AFP.
Après la détection d'un foyer belge proche de la frontière avec la France, le ministère de l'Agriculture a annoncé dans un communiqué la création d'une zone "régulée" du Pas-de-Calais à la Moselle où les déplacements de bovins, chèvres et moutons sont soumis à des restrictions. Les animaux "doivent avoir fait l'objet d'un traitement de désinsectisation dans les deux semaines précédant leur départ et avoir obtenu un test de dépistage négatif".
Freiner la progression
Le ministère précise qu'il s'agit "de freiner la progression de cette maladie virale transmise par des insectes piqueurs". "Ce 29 juillet 2024, les autorités belges ont déclaré un foyer de fièvre catarrhale ovine du sérotype 3 (FCO-BTV3), dans la commune de Chimay, frontalière avec la France", est-il rapporté.
Le sérotype 3 de la FCO a fait irruption en Europe fin 2023 aux Pays-Bas, avant de s'étendre en Allemagne, en Grande-Bretagne et en Belgique. La FCO, qui n'est pas transmissible aux humains, est déjà présente en France avec les sérotypes 4 et 8.
Les groupements de défense sanitaire (GDS), des associations d'éleveurs, ont rapporté des cas récents de FCO du sérotype 8 dans les Pyrénées-Orientales, l'Aude et l'Ariège. Ils mentionnent des "cas cliniques graves et une mortalité élevée".
"Les signes cliniques sont généraux, et concernent à la fois les bovins, les ovins et les caprins : abattement, fièvre, anorexie, avortements [spontanés ; soit la perte du petit en gestation, NDLR], difficultés de locomotion, croûtes sur le mufle ou les naseaux avec écoulements, ulcères dans la bouche et parfois une langue bleue, pendante", décrit le GDS de Haute-Garonne.
"De nombreux animaux peuvent être atteints, avec de la mortalité, y compris sur des animaux adultes, et notamment dans les troupeaux ovins. L'impact économique d'un passage viral peut alors être très important" (frais de vétérinaire, perte de la valeur de l'animal et de production laitière...), ajoute l'organisation.
Le GDS de Bourgogne-Franche-Comté remarque que le cheptel français peut être d'autant plus affecté par le sérotype 3, venu du nord de l'Europe, qu'il n'y a jamais été confronté : "on peut craindre qu'il ait un impact clinique significatif dans une certaine proportion des élevages touchés".
Stocks de vaccins
Le ministère de l'Agriculture explique qu'il avait, "par anticipation (...) commandé des stocks de vaccins" contre le sérotype 3. "Les modalités de distribution, de prescription et d'administration de ces vaccins feront l'objet de précisions à court terme", est-il indiqué. Certains pays comme l'Espagne sur leur sol n'acceptent "que des animaux vaccinés", rappelle le ministère.
La maladie, aussi connue comme "maladie de la langue bleue", passe d'un ruminant infecté à un animal indemne par l'intermédiaire d'insectes piqueurs, des moucherons culicoïdes. Ces moucherons sont aussi impliqués dans la transmission de la maladie hémorragique épizootique (MHE), apparue pour la première fois en France en septembre 2023.
Ces deux maladies affaiblissent les animaux, provoquent des pertes économiques pour les éleveurs et perturbent les échanges internationaux. Leur détection n'entraîne pas l'euthanasie des animaux, à l'inverse de la grippe aviaire. Initialement maladie des pays chauds, la FCO est désormais bien implantée en Europe.