Élevage de crevettes avec écloserie unique en Europe, le pari réussi d'un ancien vétérinaire installé à la campagne

Dans le Gers, un ancien vétérinaire s'est lancé dans l'élevage de crevettes. Le pari semble réussi, il est aujourd'hui le seul en Europe à les faire se reproduire.

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Manger des crevettes d'eau douce, made in Gers, c'est totalement possible. Géraud Laval s'est lancé en 2017, sur un premier bassin en terre. Mais l'idée n'est pas sortie de nulle part. L'ancien vétérinaire s'est rendu plusieurs fois en Éthiopie et en Asie, avant de lancer son projet. 

Écloserie à domicile

"99 % des crevettes consommées en France sont importées, on en consomme en moyenne 2 kg par personne, c'est énorme. J'ai voulu montrer qu'on pouvait produire des crevettes localement et de meilleure qualité", explique Géraud Laval.

Le crevetticulteur a décidé de créer une écloserie, tout un procédé pour pérenniser son élevage. Il est le seul en Europe à s'être lancé dans le projet : "J'ai mis trois ans avant d'arriver à faire mon premier cycle complet. Les faire éclore, développer et faire grandir les larves, dans des bassins en eau salée ça prend à peu près trente jours. Après, elles se métamorphosent et elles donnent des petites crevettes de sept millimètres de long qui peuvent aller en eau douce." 

Une femelle peut pondre jusqu'à 50 000 œufs.

Géraud Laval, éleveur de crevettes

Même s'il n'y a pas 100% de chance que tous les œufs fécondés survivent, une femelle crevette peut pondre jusqu'à 50 000 œufs. Et les mères reproductrices ne sont pas choisies au hasard : "Je garde bien au soin mes femelles, dans des bacs dédiés. Je les choisis, je prends les plus belles, les plus grosses, je fais attention à ce qu’elles n’aient pas de tâche. Je récupère les femelles qui ont grandi dans les bassins en extérieur", raconte Géraud Laval. Une fois sortie de l'écloserie, les crevettes resteront encore deux mois dans une serre chauffée, en attendant des températures plus chaudes. Puis, elles gagneront les bassins quand la température aura atteint 20°.

Températures compatibles

L'espèce choisie par Géraud Laval pour son élevage n'est pas anodine. Sa résistance à la chaleur permet une bonne adaptation aux températures gersoises. Avec une température maximale supportée de 35° et une minimale à 14°. Alors l'ancien vétérinaire a décidé de se lancer, et a créé trois bassins naturels, respectueux de l'environnement et peu coûteux en ressources : "l'administration m'a demandé de faire une installation fermée, sans rejet d'eau dans le milieu naturel. Donc j'ai fait des bassins à des niveaux différents, donc je peux les vidanger l'un dans l'autre, et je réutilise l'eau. Je n'ai pas besoin de dériver l'eau de la rivière. Les bassins font juste un mètre de profondeur. Même avec très peu d'eau, la crevette vit au fond et elle est bien. Il faut faire attention en fin de saison quand il fait froid, car en dessous de 14°C, elle peut mourir." 

Si dans le Gers la préfecture a autorisé l'élevage, dans d'autres départements la peur de l'invasion est forte.

Mais avec seulement quatre crevettes au m2, Géraud Laval table sur une production raisonnée, avec uniquement 900 kg par an : "Je vends directement aux consommateurs la plupart de ma production. Quand je vidange un bassin, j'ai 200-300 kg de crevettes et je les vends ici en faisant des animations. Le matin, les gens peuvent visiter l'exploitation. Ensuite, je propose des assiettes de dégustation avec des gambas cuites à la plancha. On peut aussi les emporter. Je vends également à des restaurateurs du Gers ou de Toulouse, plutôt pour des restaurants gastronomiques." Il ne reste donc plus qu'à les déguster.

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