Déserts médicaux pour les animaux : un vétérinaire veut partir à la retraite mais il ne trouve pas de remplaçant

À la campagne, les vétérinaires ne sont pas assez nombreux et ce, malgré un plan de renforcement des effectifs dans les écoles. Illustration à Saint-Pons-de-Thomières où le vétérinaire présent depuis presque 40 ans va prendre sa retraite et n'a pas encore trouvé de remplaçant.

Moins d'un an avant que le vétérinaire de Saint-Pons-de-Thomières ne prenne sa retraite. Pourtant, Koen Goovaerts, l'homme qui y soigne les animaux depuis 1988 ne trouve pas de successeur.

70 heures par semaine

"Travailler seul et être disponible presque à 100% tous les jours, de nos jours, c'est quand même plus difficile à accepter pour les jeunes", constate Koen Goovaerts.

Maintenant, ils font le choix de travailler aux heures de bureau commme on dit. Alors les soirs ou les nuits, il y a beaucoup plus de difficulté à trouver des vétérinaires qui veulent faire des gardes.

Koen Goovaerts, vétérinaire en Haut-Languedoc.

Avec 70 heures par semaine, seul sur son secteur, le vétérinaire flamand ne chôme pas. Sans lui, l’endroit pourrait devenir un désert médical… animal.

"Le vétérinaire est un coéquipier"

Si aucun remplaçant ne se présente, la situation chamboulerait le quotidien des éleveurs ayant une exploitation autour de Saint-Pons-de-Thomières et en Haut-Languedoc.

"C'est une grosse problématique, on espère sincèrement que quelqu'un va le remplacer sinon on va devoir trouver des solutions avec des professionnels beaucoup plus loin, à une quarantaine de minutes alors pour les urgences ça ne va pas être très confortable", explique Mimsy Randon responsable d'une pension équestre.

C'est déjà une source de tracas pour nous car le vétérinaire est un coéquipier, on travaille ensemble au moins une fois par mois.

Mimsy Randon, associée à la pension équestre Terres de Balzanes.

Pour ces habitants aimant vivre loin de la vie citadine, difficile de comprendre la raison de ce manque d'intérêt pour la campagne. "Nous, on se sent privilégiés de pouvoir passer notre quotidien dans un tel environnement", confie Mimsy Randon.

Mais l'associée de la pension équestre se rassure, elle reste optimiste et espère l'arrivée d'un ou d'une remplaçant(e).

Désert médical animal

En 2022 en France, on comptait 21.000 vétérinaires, un chiffre qui a augmenté de 12% depuis 2018, grâce au plan de renforcement des écoles nationales vétérinaires lancé en 2022, qui a notamment desserré le numerus clausus.

En Occitanie, 2.308 vétérinaires sont recensés mais cela ne suffit pas à couvrir le territoire rural, notamment car les campagnes sont peu attractives.

"La ruralité attire peu les nouveaux professionnels qui peuvent même être effrayés par la diversité des cas à traiter", explique l’Ordre de la profession. 

Le métier plaît aux jeunes, mais l'offre de formation française doit évoluer car en 2022, 53% des nouveaux vétérinaires se sont formés à l'étranger.

Écrit avec Gilles Foeller.