ANIMAUX. "Pour faire plaisir à l'enfant, on prend un poney" : un refuge dénonce les abandons et la maltraitance des équidés

Le seul refuge pour chevaux, ânes et poneys de l’Hérault est saturé, alors que les demandes d’abandon ou les signalements de maltraitance continuent. À Saint-Brès, les équidés peuvent profiter d'une retraite digne.

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Rolls, Lila, ou encore Mistral : tous ont trouvé refuge dans le centre palliatif pour équidés de Saint-Brès (Hérault). Sauvages, malades ou abandonnés par un centre équestre : au total, 27 mammifères sont répartis sur les trois hectares de terrain de l'association du Refuge de Saint-Brès pour équidés.

Capacité maximale atteinte

Aujourd'hui, et ce depuis le début de l'été, le refuge est victime de son succès. La jument Queria, dernière arrivée, en est l'exemple parfait.

"Elle était chez quelqu'un, attachée à un piquet et entravée depuis trois jours. On a dû la mettre sur un parking parce qu'on a plus d’espace", s'inquiète Sophie Gaborit, la cofondatrice du refuge. 

"Pour être à l'aise et accueillir d'autres chevaux dans le besoin, il nous faudrait 10 hectares", compte Sophie.

On a des chevaux qui sont en liste d'attente, des gens qui veulent les abandonner mais on ne peut pas les prendre pour le moment car ce n'est pas vital : ils peuvent encore s'en occuper. Alors on donne la priorité au sauvetage.

Sophie Gaborit - cofondatrice du refuge

40 000 euros par an

Depuis dix ans, Julien Ruch et Sophie Gaborit sont au service des équidés. Tous les jours, ils prennent soin gracieusement des animaux, soutenus par plusieurs bénévoles qui ont rejoint l’association créée il y a quatre ans.

Dans un des enclos, Chloé nourrit Léon, un poney très âgé. "Il a 36 ans ce qui est énorme, il est aveugle et il n'arrive plus à manger tout seul, alors matin et soir on l'aide, ça prend à peu près une heure, une heure et demie", explique la jeune femme.

Chaque année, 40 000 euros sont nécessaires pour subvenir à la nourriture et aux soins des animaux. Avec l’augmentation des abandons, l'association compte sur les dons pour mener à bien sa mission.

Recrudescence l'été

"Traditionnellement, l'été on a plus de signalements avec le manque d'eau et le manque de nourriture", constate le cofondateur du refuge. Il dénonce les nombreux abandons et la maltraitance des équidés.

Prendre un équidé c'est un engagement, si on n'est pas en mesure physique et financière d'en prendre un, il faut se raisonner.

Julien Ruch - Cofondateur du refuge

Changer le système d'adoption d'un cheval serait une manière de réduire ces abandons et ces maltraitances, selon Julien.

On est sur un mode d'adoption parfois caprice où pour faire plaisir à l'enfant ou au petit-enfant, on prend un poney ou un cheval et dès qu'il ne sert à rien, on le laisse dans un champ sans soin, ça n'est plus possible.

Julien Ruch - cofondateur du refuge

Lanceur d'alerte

D'après les gérants de l'association, beaucoup de chevaux de club terminent en refuge. Les trois derniers arrivés ont ainsi subi des négligences et des maltraitances.

On lance un coup de gueule contre les centres équestres qui parfois donnent en retraite les chevaux à des particuliers qui n'ont aucune conscience de ce que c'est et aucune compétence.

Julien Ruch - cofondateur du refuge

En caressant un cheval retraité des courses, qui a fait gagner plus de 250 000 euros à ses propriétaires, Sophie Gaborit conclut : "ils ont travaillé, donc ils méritent d'être chouchoutés".

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