"Il n'y a pas de cap. On ne peut plus attendre" : les Jeunes Agriculteurs écrivent au Président de la République, prêts à se remobiliser

Le vendredi 30 août, le syndicat des Jeunes Agriculteurs d'Occitanie a écrit au président de la République pour signifier une fois de plus l'urgence politique à agir pour sauver le monde agricole. Pour Pierre Hylari le président des JA d'Occitanie, toutes les filières agricoles sont impactées et le contexte politique ne peut justifier l'absence de mesures.

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Alors que la France attend toujours d'avoir un ou une première Ministre, l'absence de dirigeant pèse particulièrement sur le monde agricole. Après la mobilisation en début d'année, le projet de loi d’orientation pour l’agriculture (PLOA) qui en a découlé a bien été adopté en première lecture à l'Assemblée nationale. Mais avec sa dissolution, le texte est resté bloqué au Sénat.

Les Jeunes Agriculteurs d'Occitanie ont donc décidé de réagir : "le chaos politique actuel qui fait suite à la dissolution de l'Assemblée nationale ne peut justifier plus longtemps l'abandon des ambitions agricoles du pays" peut-on lire dans la lettre ouverte adressée au président de la République.

Baisse des récoltes, fièvre catarrhale ovine et vaccination

Il y a la situation politique et la réalité agricole. Le président de la FNSEA Arnaud Rousseau avait donné le ton sur France Inter le 29 août."Je ne peux pas expliquer aux agriculteurs qui n'étaient pas en vacances ou aux JO que depuis le 9 juin, on ne peut rien décider dans ce pays."

Dans un monde paysan en crise, la situation ne s'est pas améliorée en 2024. Selon Arvalis, le principal institut technique agricole en France, les récoltes de blé tendre seraient en chute de 13% par rapport à l'an dernier.

Côté viticole, ce n'est pas mieux. Les orages d'un côté, la sécheresse de l'autre, les rendements sont impactés. Selon Pierre Hylari viticulteur dans les PO et président des JA d'Occitanie, "toutes les filières agricoles sont en souffrance. Les récoltes 2024 ne sont pas à la hauteur d'une année correcte pour remonter le moral des agriculteurs. Dans les Pyrénées Orientales, je suis en pleine vendange et nous avons subi une fois de plus la sécheresse. Difficile de chiffrer encore tout ça mais j'ai eu des remontées faisant état d'une baisse de 50% des rendements dans l'Hérault. Je pense que si la mobilisation du monde agricole reprend, elle pourrait bien venir de la viticulture."

Les éleveurs sont également touchés. La FCO (fièvre catarrhale ovine) connaît une recrudescence en Ariège par exemple. Plus de 300 foyers contaminés ont été recensés dans le département. "C'est un moment très difficile et on ne mesure pas l'épreuve que c'est pour nous, reconnaît une éleveuse ariégeoise. On a déjà perdu 60% de notre troupeau. On passe des matinées et des soirées à essayer de soigner les animaux et on ne les sauve pas."

Cette maladie dite de la langue bleue touche aussi les bovins. La Maladie Hémorragique Epizootique (MHE) continue de décimer les cheptels. Les éleveurs ont mis du temps à être indemnisés et une nouvelle épidémie avec un nouveau variant est redoutée à l'automne. "On n'est pas écouté par les dirigeants déclare Thomas Bonnet un éleveur bovin des Hautes-Pyrénées. En fonction des revendications, oui on repartira sur des mobilisations."  Thomas Savaté le vice-secrétaire général des Jeunes Agriculteurs des Hautes-Pyrénées renchérit : "tout le monde en a envie car les solutions n'y sont pas. On ne va pas non plus continuer à crever dans notre coin sans rien dire. C'est quand même dommage de laisser perdre tout ce qui a été construit." 

De nouvelles mobilisations à venir

Peu importe le contexte politique et les aléas climatiques de 2024, les signaux sont toujours dans le rouge, comme un feu vert pour de nouvelles manifestations.

La lettre envoyée à Emmanuel Macron n'est qu'une première étape. Les JA vont bientôt envoyer un second courrier plus circonstancié pour approfondir le constat et surtout pour que des mesures soient prises. "Il n'y a pas de cap, pas de perspective. Si on se mobilise, c'est qu'on y croit encore. Ce n'est pas la première crise et nous avons toujours relevé les défis. Mais par exemple sur la MHE, il n'y a pas de stratégie de vaccination. Il faut accompagner les éleveurs dans les crises sanitaires et climatiques. On redoute de nouveaux drames." Pierre Hylari et les JA ne sont plus à l'heure des constats. Ils veulent que la Loi d'orientation agricole promise soit définitivement votée et appliquée. "Il faudra du courage politique et de vraies stratégies. Ça ne pourra pas se faire à coups de chéquiers."

Et le communiqué de conclure : "faut-il attendre d'autres drames pour obtenir des actes forts?" 

Face au vide politique, les 2 syndicats agricoles majoritaires (FNSEA et JA) ont proposé fin août leur "projet de loi pour entreprendre en agriculture".

"Projet de loi", une terminologie réservée normalement au Premier ministre qui sonne comme une interpellation voire une provocation. Le texte reprend le projet de loi d’orientation pour l’agriculture (PLOA) bloqué depuis la dissolution, complété par des engagements de l’exécutif obtenus après les manifestations de début 2024, ainsi que leurs propres revendications.

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