Le parquet de Mont-de-Marsan a requis six mois de sursis contre un homme suspecté d'avoir déposé des guillotines, ornées du noms d'élus favorables au pass sanitaire. Poursuivi pour menaces de mort, le prévenu estime que son geste a été mal interprété.
C'est une affaire qui avait grand bruit durant l'été. Des guillotines factices avaient été retrouvées sur des lieux publics, placardées d'affichettes reprenant le nom de 382 élus en faveur du pass sanitaire. Tous étaient signataires d'une tribune parue dans le JDD, dans laquelle ils saluaient "le courage des décisions prises par Emmanuel Macron".
Une quinzaine de plaintes
Au total, quatre guillotines ont été découvertes dans le département des Landes, à Samadet, Geaune, Hagetmau et Saint-Sever.
Une quinzaine d'élus avaient porté plainte, et un suspect était interpellé fin juillet. Il apparaissait sur les images de vidéo-surveillance en train de placer une guillotine à Saint-Sever, la prendre en photo avant de s'en aller.
Ce jeudi, Michel-Edouard, dit "Midou" quinquagénaire habitant de Payros-Cazautets dans les Landes comparaissait devant le tribunal correctionnel de Mont-de-Marsan, pour "menaces de mort".
Seuls deux élus, la maire d'Hagetmau et le maire d'Agen Jean Dionis du Séjour se sont portés partie civile.
Impliqué dans le tissu associatif
Après avoir évoqué les paradoxes d'un homme qui aurait perdu pied, le parquet a requis six mois de prison avec sursis à l'encontre du mis en cause.
Ce dernier, assistant familial de profession, employé par le Conseil général des Pyrénées-Atlantiques, est par ailleurs très impliqué dans la vie associative, fervent défenseur de la langue occitane. Il reconnaît ne pas comprendre le portrait dressé de lui pendant l'audience.
Le tableau qu'on fait d'un message d'alerte est incroyable. Je tombe de ma chaise. C'est incroyable cette propension à grossir les traits. Ce n'est pas la haute opinion que j'ai de la justice. Je m'attendais à quelque chose de plus équitable.
Michel-Edouard Curmer dit "Midou"France 3 Aquitaine
Incompréhension
L'homme déplore une incompréhension au niveau de son message, et assure n'avoir jamais voulu menacer quiconque de mort. "Mon message était pour dénoncer qu'on bride la population à tous les niveaux : la cocotte-minute est pleine et ça va exploser. La responsabilité des élus, c'est d'être proches des préoccupations de la population", poursuit-il.
Un argument qui ne convainc pas Me Blazy, avocat de la maire d'Hagetmau, Pascale Requenna.
"Ma cliente a subi des menaces de mort par rapport à une expression qu'elle a eu dans une démocratie", dénonce ce dernier, qualifiant les actes de "gestes inconsidérés qui portent atteinte à la tranquillité" de l'élue.
A partir du moment où on se cache pour porter atteinte à des élus qui ont le courage de prendre des positions, à partir du moment où on envoie des guillotines, il faut s'attendre à ce qu'on puisse estimer que c'est une menace de mort.
Christian Blazy, avocat de Pascale RequennaFrance 3 Aquitaine
Le parquet a également requis une suspension de cinq ans des droits civiques du prévenus et une inscription à son casier judiciaire, ce qui pourrait le priver d'exercer sa profession d'assistant familial.
Le délibéré a été renvoyé au 25 novembre.