Le syndrome de l’intestin irritable

Appelé également colopathie fonctionnelle, le syndrome de l’intestin irritable (SII) concernerait jusqu’à 15% de la population en Europe et le plus souvent des moins de 45 ans. Contraignante, cette pathologie a des répercussions sur la vie sociale, professionnelle et intime des malades.

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Invité plateau : Pr Frank Zerbib, PU/PH service d’hépato-gastroentérologie et d’oncologie digestive, groupe hospitalier Saint-André - CHU de Bordeaux
Date de diffusion : Lundi 12 octobre 2015 à 12H


Qu’est-ce que le syndrome de l’intestin irritable ?

Autrefois appelé par le terme générique de colopathie fonctionnelle, le syndrome de l’intestin irritable (SII) se définit désormais selon les critères de définition internationaux actuels (Rome III) par des symptômes qui évoluent depuis plus de 6 mois et qui surviennent au moins 3 jours par mois (Longstreth, 2006).

Du diagnostic d’exclusion…

Pendant longtemps, le SII a été considéré comme un diagnostic d’exclusion : les patients passaient une batterie d’examens afin d’éliminer toutes les pathologies potentielles liées aux symptômes. Lorsque l’ensemble des analyses était normal, le diagnostic de SII était établi. Il n’existe toujours pas de test spécifique qui permet d’établir directement le diagnostic mais les choses évoluent.

… aux critères spécifiques

Aujourd’hui, des études ont montré qu’un certain nombre de critères précis (durée des douleurs, absences de sang dans les selles, troubles du transit, etc.) permettent d’établir le diagnostic de SII sans avoir recours à de multiples examens systématiques. Les recommandations actuelles préconisent cependant en cas de diarrhée d’effectuer le test qui permet d’exclure le diagnostic de maladie cœliaque (intolérance au gluten).

Quels sont les symptômes ?

Les douleurs abdominales et les ballonnements sont les principaux symptômes, souvent associés à des troubles du transit qui sont constants et plus nets lors des poussées douloureuses.

Qui est concerné et quelles sont les conséquences du SII ?

Selon les dernières études, le SII toucherait 10 à 15% de la population en Europe. Les femmes sont plus concernées que les hommes (ratio 2 :1). Le SII débute le plus souvent avant 45 ans même si la prévalence semble augmenter chez les sujets âgés. Si le SII est une maladie chronique bénigne, elle reste souvent taboue malgré les importantes répercussions qu’elle entraîne sur la qualité de vie des patients. Les crises de douleur et les troubles du transit, notamment la diarrhée, sont imprévisibles et pèsent sur le quotidien des patients.

Au quotidien

L’alimentation est un aspect important de la maladie, deux tiers des patients établissent un lien entre leurs symptômes et l’alimentation et 50% désignent un aliment responsable. Les patients font l’expérience au cours de la maladie des aliments qu’ils peuvent ou non manger « sans conséquences » (Sabaté 2013). Les conséquences de la maladie sont aussi sociales (restaurant, sorties, cinéma, etc.), professionnelles (concentration, absentéisme en cas de crise, etc.) et émotionnelles (sommeil, humeur, etc.). Par rapport à la population générale, les patients atteints de SII sont d’ailleurs plus à risque de dépression et de troubles anxieux.

Y’a-t-il des traitements adaptés ?

Le SII est une pathologie qui peut se présenter sous de nombreuses formes : tous les patients n’ont pas forcément les mêmes symptômes ni les mêmes douleurs. Les traitements doivent donc être personnalisés et réevalués régulièrement avec le médecin et le patient selon l’évolution de sa pathologie… Il n’existe pas de traitement de référence qui soit adapté à toutes les formes de SII et les traitements sont globalement d’efficacité modérée. L’objectif principal est le soulagement des symptômes et notamment des douleurs abdominales, des troubles du transit et des ballonnements. Le choix du traitement peut être difficile et les patients doivent souvent en tester plusieurs avant d’être soulagés (les antispasmodiques pour les douleurs et les ballonnements, les laxatifs osmotiques ou des ralentisseurs du transit selon le trouble du transit).
De nouvelles options thérapeutiques apparaissent depuis que le SII est mieux compris par les chercheurs : au départ considéré comme un trouble moteur digestif, le SII est aujourd’hui envisagé comme une maladie multifactorielle impliquant une hypersensibilité viscérale, une perturbation des communications nerveuses, des perturbations de la flore intestinale mais aussi une augmentation de la perméabilité intestinale, entre autres car les recherches se poursuivent.
Sources :
Association des patients souffrant du syndrome de l’intestin irritable
www.apssii.org

Le service d’hépato-gastro-entérologie du CHU de Bordeaux a mis en place des ateliers diététiques pour aider ces patients.


 

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