Les agriculteurs veulent gagner leur vie et réclament l'application de la loi Egalim

Les agriculteurs ont décidé de porter plainte de manière symbolique devant le tribunal de Bordeaux à l’appel de leurs syndicats, FDSEA et Jeunes Agriculteurs. A Périgueux, ils se sont donnés rendez-vous devant la préfecture. Dans leur collimateur : la loi Egalim.

Ils réclament son application et estiment que l'État ne joue pas son rôle d'arbitre en faisant appliquer la loi. Les agriculteurs ont cru que la loi Egalim allait permettre de rémunérer davantage les éleveurs et les producteurs. Mais la réalité semble tout autre.

Ils estiment que la loi issue des Etats généraux de l’alimentation n’est pas respectée. Deux ans après, le texte qui devait permettre de mieux réguler les prix payés aux producteurs n’est pas suivi des faits dans la réalité. Ce mardi, ils ne sont pas très nombreux mais ils manifestent leur incompréhension. A Bordeaux où ils ont symboliquement porté plainte pour interpeller les pouvoirs publics. A Périgueux, où ils ont déversé du fumier devant la préfecture.

Car leurs coûts de productions ne sont pas mieux pris en compte. Gaétan Bodin préside les Jeunes Agriculteurs de Nouvelle Aquitaine. Pour lui le compte n’y est pas.

"Aujourd’hui une partie de l’agriculture sur les bovins viande et bovins lait vendent à perte et c’est un réel problème  il y a un gros risque de perte d’installation et de dynamique sur ces filières".

Pour le viticulteur céréalier, "il faut que tout le monde prenne conscience, distributeurs et consommateurs que les agriculteurs ne gagnent pas leur vie de leur métier".

Notre travail n’est pas rémunéré correctement

Serge Bergon est installé à Galgon près de Fronsac en Gironde. Cet éleveur laitier parle d’un jeu de dupe. "On nous dit que c’est la distribution qui veut faire baisser les prix et la distribution dit: ce sont les transformateurs qui ne veulent pas les répercuter aux producteurs !"

Lui qui par le passé avait une centaine de vaches laitières n’en a plus qu’une quarantaine. L’agriculteur a de lui-même réduit et resserrer son cheptel à cause du manque à gagner.

Le  secrétaire général de la FDSEA en Gironde connaît les chiffes: Le coût de production moyen du lait de vache conventionnel (non bio) est de 388€/1000 et le prix dit "de base" payé aux producteurs du sud-ouest est de  314,44€/1000 l en décembre et 312,79 en novembre 2020. 

"On nous annonce 316.74€ pour janvier  (facture payée après le 20/02). La même chose pour février! Sachant que le prix du lait est saisonnier, il baisse fortement au printemps et remonte en été pour être au maximum en hiver. Vous comprenez mieux pourquoi tant de producteurs laitiers jettent l'éponge avant de creuser plus leur perte. En viande bovine c'est pire car ils n'ont même pas d'accords interprofessionels."

Florent Claudel, est producteur laitier à Montagnac-la-Crempse près de Bergerac en Dordogne. Il est installé depuis six ans et il est associé avec son oncle. Ensemble ils ont un troupeau de 200 bêtes dont 90 vaches à la traite et produisent 900 000 litres de lait à l’année. Lui aussi a fait le choix de diversifier son exploitation.

Si le prix du lait était mieux payé on s’en sortirait mieux    

Florent Claudel, producteur laitier en Dordogne

Le jeune homme transforme 300 litres de lait par semaine en yaourts. Une manière de mieux valoriser la matière première. Lui aussi espérait beaucoup de la loi Egalim : "On a beaucoup travaillé pour la mettre en place. Les acteurs, en amont et en aval, l’ont signée et personne ne la respecte. La loi a généré un coût de production pour nos exploitations et aujourd’hui, on travaille à perte"

Guerre des prix entre grande distribution et producteurs

En septembre 2020, le gouvernement a reconnu que cette loi n'avait pas atteint ses objectifs. Au moment où la grande distribution et les fournisseurs entament la dernière ligne droite pour leurs négociations annuelles afin de se mettre d'accord sur les prix des produits qui seront vendus dans les supermarchés, les agriculteurs redoutent être "les dindons de la farce". 

De ces négociations dépendent leurs revenus. Demain mercredi, le gouvernement va tenter de jouer les arbitres, lors d'un nouveau comité de suivi, en présence de tous les acteurs.

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