Les femmes travaillent désormais “gratuitement” jusqu’à fin 2021 : quelles solutions face aux inégalités salariales ?

Depuis 9h22 ce mercredi 3 novembre, et jusqu’à la fin de l’année 2021, les femmes travaillent “gratuitement”, à cause de l’inégalité salariale qui persiste, selon le collectif Les Glorieuses. Quelles solutions pour la réduire ? Tour d’horizon avec des associations féministes en Poitou-Charentes.

L'égalité est loin d'être atteinte. Depuis ce mercredi 3 novembre à 9h22 précises, les femmes travaillent “gratuitement”, et ce jusqu’au 31 décembre prochain, en raison des différences salariales avec leurs collègues masculins.

Cette date et cette heure symboliques ont été calculées par la newsletter du collectif féministe “Les Glorieuses”. Chaque année depuis 2015, le collectif se base sur l’écart de rémunération entre les femmes et les hommes en France, d'après les statistiques d’Eurostat. En 2021, la différence atteint une moyenne de 16,5 % contre 15,15% l'année dernière. La date était fixée au 4 novembre à 16h16.

Si les inégalités salariales sont discutées depuis des années, elles ne semblent pas évoluer dans le bon sens. Quelles mesures pour lutter contre l’écart des inégalités salariales ? Explications avec les associations féministes locales.

Revaloriser les salaires

C’est une proposition des Glorieuses. Le collectif plaide pour la revalorisation des salaires dans les secteurs les plus féminisés, comme les métiers du soin, du secrétariat ou de l’enseignement. Une mesure essentielle selon Bénédicte Brandet, présidente d’Impulsions Femmes à Niort (Deux-Sèvres), d’autant que les conséquences économiques de la crise sanitaire sur les salaires se sont intensifiées depuis la crise sanitaire. 

“Nous sommes particulièrement inquiètes par les chiffres qui ont tendance à augmenter”, alerte Bénédicte Brandet. D’après l’enquête Coconel (coronavirus et confinement : enquête longitudinale) menée en juillet 2020, 41% des femmes de moins de 65 ans déclarent que leurs revenus ont diminué depuis le début du confinement.

“On ne peut pas rester sur des constats et des bonnes paroles, il faut entrer dans des politiques publiques”, clame Bénédicte Brandet. Pour tenter de réduire ces inégalités, le gouvernement a mis en place depuis 2019 la tenue d’un index de l’égalité femmes-hommes. Les mauvais payeurs sont sanctionnés d’une amende. “C’est une démarche intéressante, mais elle ne concerne que les grosses entreprises”, regrette Burlier, présidente de la branche locale d’Osez Le Féminisme en Charente-Maritime. “On est vraiment dans une politique gouvernementale du ‘en même-temps”, il n’y a pas de politique volontariste”.

Lutter contre les inégalités domestiques

Les associations féministes sont formelles : la lutte contre les inégalités salariales passe avant tout par la lutte contre les inégalités domestiques. Les différents confinements depuis mars 2020 ont alourdi la charge mentale des femmes au sein du foyer, particulièrement pour la garde des enfants.

“Il faut travailler à une meilleure répartition des rôles à la maison”, défend Sophie Burlier d’Osez le féminisme 17, rappelant que les femmes en France assument 80 % des tâches domestiques. “Obliger les hommes à prendre un congé parental plus long modifierait le rapport au travail domestique et donc l’investissement dans la vie professionnelle.”

Éducation et pédagogie

La lutte passe aussi par l’éducation. “Il faut sensibiliser à la question dès le plus jeune âge”, défend Bénédicte Brandet. “Il faut lutter contre les stéréotypes selon lesquelles les femmes ne pourraient pas être ingénieures, ni premier ministre”. L'association Impulsions Femmes s’appuie notamment sur des interventions culturelles pour faire passer ses messages. Elle était par exemple présente lors du Salon du livre de Niort début octobre. Devant le public, Bénédicte Brand se rappelle avoir partagé un paradoxe qui l'a marquée : “Alors que les étudiantes représentent 57% des promos en architecture, elles sont seulement 25 % une fois en activité.”.

De son côté, l’association Osez Le Féminisme en Charente-Maritime insiste également sur la pédagogie. Les membres ont lancé un “féministomètre”. Analyse des discours, tweets et bilans des candidats à la présidentielle pour ”mesurer le degré auquel ils intègrent  des revendications féministes à leur programme”, explique Sophie Burlier.

Si aucun candidat ne semble pour l'heure assez féministe, Bénédicte Brandet (Impulsions Femmes) veut garder espoir, et cite l’expression d’Hélène Périvier, économiste poitevine à Sciences Po : il faut mettre fin au système“monsieur gagne-pain et madame gagne miettes”.

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