Faut-il s’attendre à un baby-boom dans les mois à venir ? En Limousin, la crise sanitaire suivie de la crise économique ne laisse pas présager un bond de la natalité. Pour l’heure, le nombre de suivis de futures mamans resterait stable.
Les bébés du confinement, une idée qui fait sourire. Sur les réseaux sociaux, cela séduit et inspire. Faut-il envisager une génération Covid et un boom de la natalité en 2021 ?
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— actualiteitjunk (@actualiteitjunk) September 21, 2020
Evolution de la natalité depuis 1900
Un premier baby-boom ou « pic de natalité » est enregistré aux prémices de la seconde guerre mondiale jusqu’au milieu des années 60. Puis, une baisse progressive s’amorce jusqu’au milieu des années 90.
Les années 2000 marquent une reprise de la natalité comparable à celle des années 30 avec deux enfants par femme.
Après neuf ans de stabilité, la fécondité baisse à nouveau doucement en France depuis 2015. Selon l’Insee et l’Ined, l'indicateur conjoncturel s’élevait en 2019 à 1,87 enfants par femme.
Les facteurs des évolutions de la natalité
Selon Vincent Cousseau, historien et démographe à Limoges, les pics de natalité seraient surtout liés à des raisons économiques.
Lorsque des couples voient des perspective positives, ils ont plus de facilités à s’établir. Et ils ont tendance à le faire plus tôt.
La diminution de la fécondité s’explique selon lui par "la possibilité de choisir d'avoir un enfant (contraception, ivg), par le détachement vis-à-vis des normes traditionnelles incitant à avoir des familles nombreuses, et par le travail des femmes qui s’est fortement développée dès les années 60".
Le Limousin, une terre peu féconde
Vincent Cousseau explique que le Limousin est une terre de faible natalité.
Cela s’inscrit dans une tendance très longue caractéristique de la moitié sud du pays. Les populations paysannes faisaient attention à ne pas avoir une trop grande descendance afin de ne pas avoir à partager les terres.
Cette culture-là est selon l’historien restée en Limousin où le modèle de la famille nombreuse n’est pas forcément valorisé.
2021, synonyme de baby-boom ou baby-crash ?
« Il est difficile de prédire l’avenir » confie Vincent Cousseau mais il ajoute que si les couples actuels possèdent les mêmes comportements que les années précédentes, ils devraient au regard du contexte, être incités à faire moins d’enfants.
Mais, pendant le confinement quelques indicateurs ont semé le doute. En France, selon les données du cabinet Nielse, les ventes de préservatifs ont baissé de 26% et celles des tests de grossesse ont bondi de 37%.
Mais un sondage a démontré que l’achat de tests de grossesse n’était pas obligatoirement lié à la volonté d’enfanter, mais plutôt à des cycles interrompus, perturbés par le confinement.
La chute des ventes de préservatifs elle, s’explique plutôt par un besoin moindre en temps de confinement.
Gilles Pison, démographe, professeur au Muséum national d'histoire naturelle, chercheur associé à l'Ined et auteur de "l'Atlas de la population mondiale" explique :
La crainte du chômage, l'ambiance anxiogène que l'on connaît actuellement vont certainement jouer, et puis on ne sait pas combien de temps cette situation va durer. Pour pouvoir mesurer son effet, il va falloir attendre un an. Lorsqu'on examine les crises passées, on constate surtout un report des projets de naissances mais pas un abandon.
Quelle tendance se dégage en Limousin ?
L’Insee n’a pour l’heure pas d’information pour dégager une tendance. « C’est trop tôt ».
Sur le terrain, les maternités du Limousin n’observent pour l’instant pas beaucoup de changement. "Le nombre de femmes suivies reste constant. Il y a 300 naissances par an. Et les inscriptions sont habituelles" raconte Catherine Mandom, sage-femme et conseillère conjugale et familiale au CH de St Junien. Mais elle ajoute que "le nombre d’Ivg a explosé" et que "le confinement a créé beaucoup de remises en question chez les jeunes femmes ou les jeunes mamans." Le Centre Hospitalier de Brive lui déclare qu’"ils auront une tendance dans les trois mois".
Au CHU de Limoges, Anne Le Pichoux, cadre sage-femme à la maternité raconte qu’elle et ses équipes pensaient avoir une augmentation des accouchements en fin d’année mais finalement cela reste stable. S’ils termineront l’année 2020 avec plus de naissances que l’an dernier, environ 2550 au lieu de 2498 en 2019, ce n’est pas dû au confinement. "On avait de l’avance" renchérit-elle.
Par contre, Anne Le Pichoux confie qu’il y a eu beaucoup de prises de rendez-vous pour des suivis de grossesse durant l’été. Mais, il faudra encore attendre quelques mois avant de tirer des conclusions sur un éventuel "boom" de la natalité.