Une nouvelle étude, parue ce jeudi 17 octobre 2024, confirme l'attractivité de la Bretagne. Aujourd'hui, 90% des salariés se disent prêts à changer de région si une opportunité se présente et beaucoup choisiraient la Bretagne. De nouveaux arrivants, qui posent de nouveaux défis aux élus de la région, et tout particulièrement celui du logement.
La Bretagne attire toujours autant. C'est ce qui ressort d'un sondage Odoxa, rendu public ce jeudi 17 octobre 2024.
Parmi les 9 personnes sur 10 qui se disent prêtes à déménager, notre région arrive troisième des destinations envisagées derrière l’Occitanie et la région PACA.
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Le littoral et les petites villes
Si on exclut les critères professionnels, la Bretagne arrive en tête des territoires les plus attractifs. Près de trois quarts des personnes interrogées ont en effet une bonne opinion de la région.
Mais pour aller où, plus précisément ? Cette étude nationale n'entre pas dans le détail à ce point, mais on peut imaginer que le décor de cartes postales fait toujours son petit effet. On pense naturellement au littoral, quel que soit le département.
Ce que cette étude confirme en tout cas, c'est que la tendance amorcée après le Covid se poursuit. Les grandes agglomérations attirent de moins en moins et aujourd’hui plus d’un Français sur deux préfère vivre en zone rurale ou dans une commune de moins de 20 000 habitants. Ça tombe bien, la Bretagne en regorge !
"Aujourd'hui, ce sont de nouvelles populations qui arrivent, explique ainsi Ronan Le Délézir, enseignant-chercheur en aménagement du territoire et urbanisme à l'Université de Bretagne sud (UBS) et élu d'une commune du Morbihan, On pensait souvent que c'étaient des retraités, mais on a aussi l'apport de quadras et de quinquagénaires, qui arrivent des métropoles françaises, de l'ouest notamment, comme de Nantes ou de Rennes, pour la Bretagne sud. On peut se féliciter que notre économie soit dynamique, mais force est de constater qu'il va falloir répondre à des enjeux et notamment le plus important, celui du logement."
Le logement, un défi pour la région
Alors comment pourra-t-on accueillir ces nouvelles populations ? Rassurez-vous, ce n’est qu’un sondage et tout le monde n’est pas prêt à franchir le pas.
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Pour celles et ceux qui voudraient tout de même tenter l’aventure bien, cela risque d’être compliqué, en termes d’accès au logement. Dans la région, et particulièrement sur la côte, beaucoup de maisons et d’appartements sont destinés à la location saisonnière.
La population active se retrouve donc parfois en concurrence avec les néo-retraités qui sont également désireux de vivre ici.
Entre de nouveaux arrivants avec un pouvoir d'achat souvent élevé, un coût de l'immobilier qui s'envole et une population locale avec de moindres revenus, le défi est de taille pour les élus locaux.
La question foncière est cruciale (...) et il va falloir qu'on réfléchisse à un urbanisme qui réponde à toutes les demandes, pour qu'il y ait une mixité sociale sur nos territoires.
Ronan Le Délézirenseignant-chercheur en aménagement du territoire et urbanisme à l'Université de Bretagne sud (UBS)
Résultats, cent onze communes sont aujourd'hui en zone tendue en Bretagne. Pour ceux qui désirent s’installer dans la région, il faut être prêt à faire des compromis.
Construire plus haut et plus dense
La notion de pavillon avec petit jardin, qui était un peu le rêve français et le rêve breton, est un modèle qui peut être contesté aujourd’hui, mais qui répond aussi à une demande sociale et sociétale.
Ronan Le Délézirenseignant-chercheur à l'UBS et élu d'une commune du Morbihan
L'objectif de "zéro artificialisation des sols" en 2050, oblige à repenser l'urbanisme et à le canaliser, il va falloir construire plus haut et plus dense, explique encore l'enseignant-chercheur. "Dans cette quête de la sobriété, il faudra qu’on réinvente nos façons d’habiter. La notion de pavillon avec petit jardin, qui était un peu le rêve français et le rêve breton – parce que c'est l’une de nos grandes marques de fabrique – est un modèle qui peut être contesté aujourd’hui, mais qui répond aussi à une demande sociale et sociétale, avance Ronan Le Délézir. Le problème est de savoir si demain, on ne va pas vraiment travailler sur les densités comme on voit dans la métropole rennaise ou les grandes villes."
Dans les grandes villes, on y est habitué, mais les petites communes sont désormais confrontées à la question de construire en hauteur, en particulier en périphérie des villes et sur le littoral, avec le souci de l'acceptabilité de la population locale. "Je vois dans ma commune des promoteurs qui arrivent avec du R+1 ou R+2 (des maisons de un à deux étages), ce qu’on ne voyait pas avant, rapporte encore l'élu morbihannais, il faudra faire avec. Il faudra travailler sur une approche en dentelle de l’urbanisme, travailler sur l'intégration de ces nouveaux logements dans le tissu local (...) Mais je ne doute pas qu’on puisse travailler sur des solutions, en tout cas, c'est l'enjeu pour loger nos populations.
(Avec Thibault Grouhel et Krystel Veillard)