Agriculteurs en colère. Les membres de la Coordination rurale rentrent chez eux, "dans nos terres, là où on est bien"

Après un périple de trois jours vers Paris, les agriculteurs de la Coordination Rurale ont décidé de retourner sur leurs terres en Lot-et-Garonne et en Dordogne. Ils ont pu rencontrer Gabriel Attal et atteindre le marché de Rungis. Soixante-dix d'entre eux ont été placés en garde à vue.

 "On est parqué comme des chiens", dénonce ce jeudi matin Rémy Dumaure, éleveur de volaille périgourdin. "On a face à nous cinquante cars de CRS et une centaine de policiers". L'agriculteur est dans un convoi d'une dizaine de tracteurs. Alors qu'ils souhaitaient rejoindre le marché de Rungis, ils sont bloqués dans l'Essonne par les forces de l'ordre.

Rémy Dumaure ne cache pas sa colère. "On est déçu, épuisés, très énervés. Ça fait trois jours qu'on roule, on a été bloqué sur tout le trajet. On est le deuxième syndicat national et on n'a pas le droit de monter à Paris manifester. On nous traite comme des terroristes".

On n'a rien cassé, on n'a pas fait de dégâts et voilà où on en est

Rémy Dumaure, éleveur de volailles en Dordogne

à France 3 Aquitaine

Tensions avec la FNSEA 

L'agriculteur périgourdin affilié à la Coordination Rurale est particulièrement remonté contre le syndicat représentant les grandes exploitations agricoles, la FNSEA. "C'est Rousseau, ce multimilliardaire président de la FNSEA, qui a dit qu'il ne fallait pas que la Coordination Rurale monte à Paris", martèle-t-il. 

"Il faut le dire, je veux que vous l'écriviez dans votre article. Mais nous, on n'a rien cassé, on n'a pas fait de dégâts. Et voilà où on en est. On est fatigué, moralement épuisés. Vous verrez quand on ne sera plus là, quand vous n'aurez plus rien à bouffer. Moi, j'ai 42 ans et quand je rentre, j'envisage sérieusement de mettre la clé sous la porte".

"On va redescendre dans nos terres, là où on est bien"

"Notre objectif a été atteint" . Mercredi soir, José Perez, visiblement fatigué, s'exprimait sur l'antenne de BFM TV.  Le co-président de la Coordination Rurale du Lot-et-Garonne réagissait, alors que soixante-dix de ses militants venaient d'être placés en garde à vue. Ils avaient été interpellés après une incursion dans une zone de stockage du marché de Rungis.

"Ils ont été interpellés puisqu'il y a eu tentative d'intrusion" a justifié le Préfet de police de Paris Laurent Nuñez, qui a évoqué "une ligne rouge" de franchie. Pas question de perturber le marché de Rungis, la ville de Paris ni aucun aéroport, a-t-il martelé, précisant que, par ailleurs, "le mouvement se passe globalement très bien".

Au total, ce sont 91 personnes qui ont été placées en garde à vue mercredi "pour dégradation du bien d’autrui en réunion et participation à un groupement formé en vue de la préparation de dégradations de bien" a indiqué le parquet de Clichy.

"On va prendre nos tracteurs et redescendre chez nous dans nos terres, là où on est bien", avance José Pérez. Près d'Orléans, les tracteurs ont en effet repris la route en fin d'après-midi.

On se rend bien compte que ce gouvernement n'écoute pas ses agriculteurs, en tout cas pas ceux du sud.

José Pérez

Co-président de la Coordination rurale 47 

Continuer à se battre "de chez nous"

Le co-président de la Coordination rurale du Lot-et-Garonne affirme que le combat va continuer, mais de "chez nous". "C'est dommage, on avait un convoi exceptionnel, on a respecté les trajets qu'on nous a demandé de suivre et on a été super mal reçus : bloqués à Limoges, à Vierzon, partout. Si à Paris, ils ne veulent pas des agriculteurs du sud-ouest, on n'a plus rien à y faire".

Après plus d'une semaine de lutte, les agriculteurs ont demandé une "pause médiatique" pour se "reposer et réfléchir à la suite du mouvement". Ils attendent désormais les décisions des présidents des syndicats.

Une délégation de la coordination rurale a tout de même été reçue par Gabriel Attal à Matignon mercredi matin.

Ce jeudi, après une nuit passée dans une salle des fêtes près de Rungis, les militants de la coordination rurale devraient se faire escorter par les forces de l'ordre jusqu'à l'autoroute A20 pour un retour vers le sud. 

Ceux qui avaient été placés en garde à vue ont tous été libérés. 

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