L'art premier s'invite à l'ancienne sous-préfecture de Nérac

Jusqu'au 15 septembre, une magnifique exposition dédiée à l'art premier est proposée à Nérac. Dans l'ancienne sous-préfecture, une multitude de masques, statues, objets, bijoux, sont rassemblés grâce au travail d'une asssociation qui se bat pour l'accès à la culture en milieu rural. Pari réussi.


C'est clairement une exposition que vous auriez pu avoir la chance de découvrir au prestigieux quai Branly à Paris. C'est dire la richesse des œuvres exposées. Plusieurs centaines au total. Grâce à André Furlan et à son association, c'est en Albret que cette exposition a vu le jour, échappant ainsi aux grands musées nationaux. Une chance pour les habitants de Nérac et de la région. Il y a fort à croire que certains touristes en profiteront pour faire un détour et découvrir "Balade des mondes" à l'ancienne sous-préfecture de Nérac. Preuve, s'il en fallait une, qu'il est possible de talonner les musées nationaux en milieu rural.

"J'ai été très sélectif"

C'est un travail de longue haleine débuté il y a plus d'an an. "J'ai été très sélectif", raconte André Furlan." Je voulais que les arts premiers soient bien représentés avec l'Afrique bien sûr, mais aussi la Papouasie, l'Australie, Hawaï, le Tibet... Et que les pièces que nous avons sélectionnées soient vraiment dignes d'un grand musée". Bois, terre cuite, pierre, métal, la sculpture se décline sous toutes ses formes. Objet rituel ou pratique, il fait partie du quotidien. Car l'art premier c'est bien l'art traditionnel des cultures non-occidentales, un art primitif sans écriture.

"Certaines pièces, les plus vieilles, ont près de cinq cents ans, comme ces sculptures Knock en terre cuite", détaille André Furlan. "Nous dévoilons des œuvres de collections privées inconnues, qui représentent des découvertes pour certains historiens".
Ses pièces fétiches ? Des masques-cimiers dont il nous donne le sens et la valeur dans la vidéo ci-dessous. L'exposition s'est bâtie grâce aux prêts de 12 collectionneurs. André Furlan, également grand collectionneur, a lui aussi abreuvé cette magnifique collecte. 

"Tout ce qui est lié à l'objet africain est symbolique"

Au milieu de toutes ces petites merveilles, l'une d'entre elles attire l'œil dès qu'on franchit le seuil de la sous-préfecture. Un masque camerounais prêté par Jolayne et Philippe Saubadine (en photo ci-dessous). Le couple réside à Biarritz après avoir vécu près de vingt ans en Afrique noire : Gabon, Cameroun, Nigéria, et Angola. "Tous ces pays ont une très grande richesse créatrice," explique Philippe Saubadine. "Tout ce qui est lié à l'objet africain est symbolique. Ces pièces ne sont pas dans des musées car ils vivent avec leurs objets, c'est très important".

Le couple a prêté une douzaine d'objets pour l'exposition dont ce masque Mbateng, de l'ouest du Cameroun issu du peuple Bamiléké. Il daterait de la fin  du 19e siècle. "Il m'a été offert par mes employés Bamilékés et quand j’ai quitté la société", raconte Philippe. "Ils savaient que nous étions épris ma femme et moi de culture africaine, et ils m’ont permis de me la procurer. Quand on me l’a remis, ça a été très cérémonieux. On m’a dit que c’était pour symboliser la force et le respect que j’avais développé avec mes employés. C'est un masque zoophorme qui représente un éléphant. Pour ce peuple l'éléphant est l'animal royal. Il est porté par des initiés, c’est à dire une société secrète, ceux qui détiennent le rituel. Ce masque est porté lors de funérailles ou lors de festivités".

"Je les prête pour partager"

C'est la première fois que le couple donne à voir dans une exposition une partie de sa collection privée. "Je ne fais pas visiter chez moi, alors je les prête pour partager, dans un cadre éducatif et permettre aux gens qui ne sont jamais allés en Afrique de comprendre en quoi cela consiste", dit le collectionneur.
 

Le couple animera une des nombreuses conférences dédiées à l'art premier. Car André Furlan a bien l'intention d'attirer du beau monde. "Claude Chirac fera son possible pour passer," dit-il. Alain Beyneix, chercheur historien archéologue doit venir, alors que l'invitation a été lancée à plusieurs ambassadeurs ou représentants de pays tels le Tchad, la Côte d'Ivoire ou Madagascar. 

L'association baptisée "William Blake" n'en est pas à son premier coup de maître en Albret. Crée en 2013 à Nérac elle avait déjà consacré une exposition à l'artiste éponyme Willima Blake au château d'Henri IV. Plus de 5000 visiteurs s'y étaient rendus. Ont notamment suivi Alphonse Legros au moulin des tours de Barbaste, Paul Madonna à la médiathèque de Lavardac, Honoré Daumier à la sous préfecture de Nérac, et endin l'année dernière Christian de Cambiaire. Et c'est à chaque fois un succès, même en plein hiver comme cela a été le cas à Barbaste.

Racheter l'ancienne sous-préfecture pour en faire un lieu de culture ?

Et l'ambition d'André Furlan ne s'arrête pas là. Il veut racheter l'ancienne sous-préfecture pour en faire un lieu de culture permanent. "Je vais faire une proposition pour faire un centre culturel et centre international de rencontres de la culture", annonce-t-il. "On a attend un rendez-vous avec la présidente du conseil départemental à qui appartient le lieu". 

Pour l'exposition seul le rez-de-chaussée est utilisé. Le hall et sa tapisserie sont enchanteurs. "La tapisserie date du début du XIXe", décrit André Furlan. " Elle est signée d’un grand décorateur, elle a été faite à la main sur papier et restaurée récemment pour 20 000 euros. L'escalier mauresque (en photo ci-dessus) lui aussi est magnifique, il était là à la construction du bâtiment c'est à dire au début du XIXe. C'était une maison de particuliers. Elle a été rachetée par l'Etat au milieu du XIXe".

L'édifice est constitué de quatre niveaux qui nécessitent d'être restaurés. C'est l'objectif d'André Furlan. "Même avec l'aide d'investisseurs étrangers", dit-il, "pourvu qu'on y crée un centre culturel qui perdure". 
 












 
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