Inflation.  "Si rien n’est fait, ce sont entre 30 % et 40 % des restaurants qui vont fermer"

Après la crise sanitaire, les restaurateurs sont confrontés à la flambée des prix des matières premières. Faute de solutions, certains mettent la clef sous la porte. Dans le Lot-et-Garonne, la profession lance un SOS.

"Chers clients, chers amis, c’est avec beaucoup d’émotion que je me permets de poster un SOS ". Un message posté sur sa page Facebook pour tenter de sauver son affaire. Fred Godron est le patron du  restaurant « Jardin de Sauvagnas », mais pour combien de temps encore ?  "Je n’ai pas envie de perdre mon restaurant, mon fonds de commerce et ma retraite", se désole le restaurateur. "Mais à ce train-là, si cela continue, ça sera un redressement judiciaire et après, on verra… ".  Fred Godron  a invité sa clientèle à réserver dans son établissement pour "contribuer à son maintien". Un appel entendu sur les réseaux sociaux.

J’ai réagi tout de suite, car il est inconcevable dans notre pays et notre région qu’il y ait des établissements comme cela, qui donnent de la qualité et de la convivialité, et qu’ils ne puissent pas fonctionner.

Un client du restaurant "Jardin de Sauvagnas"

à France 3 Aquitaine

"Ça tombe, ça tombe"

En ce début d’année dans le Lot-et-Garonne les chiffres sont inquiétants. Depuis le 1er janvier, 16 restaurants ont déjà déposé le bilan. "Si rien n’est fait, c’est entre 30 % et 40 % des établissements qui vont fermer ", annonce Lionel Ozanne, vice-président de l'Union des Métiers et des Industries de l'Hôtellerie du Lot-et-Garonne.

On le voit, ça tombe, ça tombe, ça tombe. Nous on demande simplement à travailler, c’est tout ce qu’on demande.

Lionel Ozanne, vice-président UMIH 47

à France 3 Aquitaine

A Villeneuve-sur-Lot, six établissements ont déjà mis la clef sous la porte. Et c’est le tissu économique local qui en pâti. "Cela veut dire des familles, des employés, au chômage, des impôts en moins, de la TVA en moins et cela a un coût supplémentaire pour tout le monde et pour l’Etat", liste un restaurateur de la commune. Il faut regarder plus loin. Il faut regarder à long terme". 

Gagner du temps ?

Le restaurant les Allées Gourmandes à Villeneuve-sur-Lot devait être le fer de lance de la gastronomie locale. Depuis le premier janvier, ses portes sont fermées, de manière temporaire, dit-on officiellement. Voilà ce qu’on peut lire sur la devanture : la halle ferme ses portes " pour mieux vous retrouver au printemps 2023, avec un nouveau concept, de nouveaux produits et plein de surprises… ". Se réinventer pour ne pas couler ? Fermer en attendant que l‘orage passe ? Que le cours des matières premières baisse ?

"La caisse est vide, qu'est-ce qu'on fait ?"

"On peut répercuter certaines choses, mais au bout d’un moment les gens ne viennent plus", analyse Fred Godron. "Aujourd’hui c’est l’hiver, l’énergie coute très cher. Si je ne mets pas de chauffage dans la véranda, il fait 12 degrés". Augmenter les prix ? Oui, mais jusqu’où. La clientèle, elle aussi, fait face à la crise et rogne sur budget déjeuner, optant plutôt pour un casse-croute sur le pouce.

Les finances de l’établissement sont donc au plus bas. "Cela fait neuf ou dix mois que je ne me verse pas un euro. Donc forcément au niveau familial, c'est aussi compliqué, reconnaît Fred Godron. La caisse est vide. Qu’est-ce qu’on fait ? Heureusement qu’on a un toit sinon on vivrait dans le restaurant. Que faire ? Aller travailler quelque part d’autre les jours de fermeture ?", s'interroge le restaurateur désabusé. 
Treize ans après avoir été reconnue patrimoine mondial de l'UNESCO, la gastronomie française semble en sursis et en Lot-et-Garonne, encore plus qu’ailleurs.

Article rédigé à partir des réactions et images recueillies par Ingrid Gallou et José Sousa. 

Tous les jours, recevez l’actualité de votre région par newsletter.
Tous les jours, recevez l’actualité de votre région par newsletter.
choisir une région
France Télévisions utilise votre adresse e-mail pour vous envoyer la newsletter de votre région. Vous pouvez vous désabonner à tout moment via le lien en bas de ces newsletters. Notre politique de confidentialité