A l’occasion de ce lundi 25 mai, Journée Internationale des enfants disparus, l’association La Mouette, basée à Agen et qui s'est mobilisée lors de la disparition de Marion Wagon, rappelle les enjeux des disparitions de mineurs en menant un combat contre l’oubli.
Chaque jour, Annie Gourgue croise le regard de la petite Marion. Et à chaque fois, c’est la même espérance face à l’affiche de l’enfant disparue à Agen en 1996 qui accueille les visiteurs de l’association agenaise.
J’espère toujours qu’une information nous parviendra. Cela fera 24 ans le 14 novembre prochain que Marion a disparu et je ne désespère pas de savoir où elle se trouve. Je veux croire qu’elle est en vie.
C’est justement pour que ces enfants disparus continuent de vivre qu’Annie a créé cette association. Trente cinq ans, déjà, qu’elle poursuit ce combat de longue haleine pour tenter de retrouver les plus fragiles d’entre nous.
Tant qu’on parlera de Marion et des autres enfants, ils vivront encore. A l’occasion de cette Journée internationale, les enfants disparus se rappellent à nous. C’est un peu d’espérance, aussi, pour leurs parents.
La vocation d’Annie est née le 27 janvier 1984. Ce jour là, La petite Magali Forabosco, sept ans, disparaît à Colayrac-Saint-Cirq, près d'Agen. Pour Annie, c’est le déclic. Magali a le même âge que sa propre fille et toutes deux dansent dans la même école.
Un élan de solidarité spontané se crée pour la retrouver, des affiches sont posées, mais la désespérance succède à l’espérance. Quinze jours plus tard, le corps de Magali est retrouvé. Après la peine, vient la colère, lorsque l’on apprend que le meurtrier est un récidiviste amnistié en 1981, récemment installé dans le département.
Un enfant disparait toutes les 10 minutes
En ce 25 mai, Journée internationale des enfants disparus, l’association agenaise veut sensibiliser l’opinion publique.
En France, un enfant disparaît toutes les 10 minutes. 51 287 disparition de mineurs ont été signalées en 2019. Fort heureusement, beaucoup sont retrouvés. Parmi ces disparitions, 49 846 ont été déclarés en fugue.
Un chiffre en particulier retient toute l’attention d’Annie Gourgue. Cette année, les fugues de jeune fille ont augmenté de 8 %.
Or, pour la présidente de l’association La Mouette, une simple fugue n’est jamais anodine :
Il y a de vrais dangers à partir de chez soi. Concernant ces jeunes filles, des rendez-vous se fixent sur Facebook. Elles retrouvent un homme, puis c’est parfois le kidnapping, qui peut aller jusqu’à la prostitution. Une fois loin de chez elle, elles peuvent se retrouver à quémander dans la rue sans savoir comment revenir chez elles.
Fugue, enlèvement parental ou criminel, chaque fois, la disparition d’un enfant plonge les parents dans le désarroi. Car parmi eux, 522 mineurs ont bel et bien été enlevés ou détournés.
Lorsqu’un enfant disparaît, il faut presque à chaque fois mettre en place un plan hors sec. Lorsque Marion a disparu, le procureur a dit qu’il ne fallait pas s’inquiéter, que c’était une fugue. Mais on ne fugue pas à 10 ans. À cet âge, c’est un enlèvement. Dans ce cas précis on a perdu beaucoup de temps. Malgré les 15 millions d’affiches et les 10 millions de packs de lait à son effigie, nous n’avons pas trouvé le petit fil qui va de son école à l’endroit où elle se trouve actuellement.
La donne a changé en France avec l’apparition du plan alerte enlèvement en 2006.
Pourtant, comme pour Marion, on reste toujours sans nouvelle de onze enfants, disparus pour certains depuis 25 ans. Ils s’appellent Tatiana, Estelle, Antoine ou Jean Luc. De leur disparition, on ne sait rien.
Alors, pour éviter ces drames et cette douloureuse attente, Anne veux sensibiliser les parents et les plus jeunes. « Prévenez vos enfants, préconise-t-elle, dites-leur ce qui peut arriver ».
Cette année, crise du coronavirus oblige, l’association n’ira pas distribuer de myosotis, la fleur contre l’oubli, dans les rues d’Agen.
Reste le numéro vert européen, essentiel en cas de disparition d’enfant : le 116 000. En décidant enfin d’y recourir en 2006, la France fut l’un des derniers pays européens à le mettre en place, après l’Italie, le Portugal et la Grèce.
Un numéro qui a fait ses preuves il y a de cela une dizaine d’années. A l’époque, il avait permis de retrouver deux petites filles belges de 7 et 9 ans, enlevées par leur père et cachées au Portugal.