À Marmande, depuis un an, des patients atteints de la maladie d'Alzheimer se rendent aux archives municipales de la ville pour raviver de vieux souvenirs.
Voici un atelier thérapeutique insolite, comme une parenthèse du passé. Depuis un an, les archives de Marmande, dans le Lot-et-Garonne, réveillent d’anciens souvenirs chez ces patients touchés par la maladie d’Alzheimer.
"À l'époque, on dansait la valse, la java..."
“Vous avez fait toute votre enfance à Aiguillon ?", demande, patient, Jérémie Bezos, le responsable du service Archives et Patrimoine de la commune, à Huguette. "Ah oui, je suis née là”, répond-elle, fébrilement. Si la vieille dame parvient à peine à s'exprimer et semble être absente, ses sanglots qui finissent par éclater, laissent peu de doute sur l'émotion que suscite chez elle le fait de revoir en photo les lieux de sa jeunesse.
Dans ce lieu de mémoire, ces aînés retrouvent une partie de la leur. "À l’époque, on dansait beaucoup, la valse, la java... Tout ce qui était à la mode", se remémore Marcelle Corroler, patiente du centre Hospitalier de Marmande - Tonneins. "Oh oui, c'était génial !", renchérit un autre avec le sourire.
Les lieux historiques comme la place du marché de Marmande, ou encore la cathédrale de Strasbourg, sont de précieux repères pour Jean Rumeau, alsacien d’origine. "Je me souviens que, à 14 ans, lorsqu'on avait notre première communion, on était obligé de monter en haut de la cathédrale, raconte-t-il. Ça fait remonter beaucoup d'émotions, mais des bonnes."
Un échange intergénérationnel touchant
Ce voyage temporel est préparé par Jérémie Bezos, qui retrouve dans les archives municipales des documents qui correspondent au parcours de vie des patients. "On fait tout un travail à partir de notre fond photographique et de cartes postales, puisque nous avons des résidents qui sont originaires du Lot-et-Garonne", explique le responsable.
“Ça nous permet de découvrir un peu ces lieux et raviver la mémoire de ces résidents, que ce soit leur école, leur métier, ou la vie quotidienne, poursuit-il. Grâce à ça, ils se sont davantage ouverts à nous. Ils ne le laissent pas forcément transparaître, mais ils reconnaissent les endroits qu'on leur montre, et ça donne lieu à des échanges de plus en plus intéressants."
Comme la parole et la mémoire sont altérées, on va passer par les émotions.
Sébastien GardellePsychologue au Centre Hospitalier de Marmande - Tonneins
Un moyen de faire travailler leur mémoire, mais également un enjeu de bien-être. Sébastien Gardelle, l'initiateur de ce projet thérapeutique, souligne les bénéfices sur ses patients.
"Ces ateliers apaisent les résidents en leur permettant de se sentir intégrés dans un groupe et d'avoir autour d'elles des personnes qui les accompagnent dans le ressenti de leurs émotions, explique le psychologue au Centre Hospitalier de Marmande - Tonneins. Ils ne vont pas forcément se souvenir qu'ils sont venus à l'atelier, mais ils vont garder en mémoire un souvenir agréable et nous identifier comme du personnel sympa."
En tout, ces ateliers mémoriels ont déjà accueilli une douzaine de patients.