Alexandre Freshi, député de la 2e circonscription du Lot et Garonne, est parti ce lundi à la rencontre des gilets jaunes de Marmande. Mais les manifestants, pas entièrement convaincus, sont retournés sur les ronds-points à la fin de la journée.
Il a demandé à ses interlocuteurs de l'appeler par son prénom "Alexandre". Le député du Lot-et-Garonne Alexandre Freschi a rencontré ce lundi matin une quarantaine de gilets jaunes de sa circonscription au niveau du rond-point de Damazan. Ses interlocuteurs, qui avaient parfois l'âge d'être les parents de l'élu de 39 ans, lui ont témoigné de leurs difficultés financières.
"Dix euros de plus sur un plein d'essence, ils ne peuvent pas. On a des gens qui sont déjà à découvert, alors que les allocations et certains salaires ne tombent que le 5 du mois " a rappelé François Verdier, porte-parole du groupe de gilets jaunes.
Vous voyez bien, ce n'est pas des casseurs ici. Mais tous ces gens là ne sont pas contents. Si on ne les écoute pas, ça risque de très mal aller.
Colère "légitime"
Une colère qui se faisait notamment entendre au son des "Macron démission", et qualifiée de "légitime" par le député.
"Moi, j'ai souhaité être en contact direct avec ceux qui manifestent, parce qu'ils expriment une colère légitime. Maintenant, cette colère, il faut la transformer en force de proposition", a déclaré Alexandre Freschi à l'issue de la rencontre.
Les images de la rencontre tournées par France 3 Aquitaine ►
Groupe de travail
Il a ensuite invité une centaine d'autres mécontents à venir débattre pendant deux heures. Le dialogue était musclé, beaucoup ont fait part de leurs galères quotidiennes.
Comment ça se fait que depuis que je travaille en CDI, je galère encore plus que quand j'étais au chômage ?
La jeune femme qui interpelle l'élu continue et lui expose sa réalité, la voix tremblante : "Je suis à moins 200 euros. On mange un repas par jour pour que mon fils puisse en manger trois." Une autre, titulaire d'un bac littéraire, travaille comme serveuse après avoir dû délaisser ses études faute d'argent.
Le député a ensuite proposé la création d'un groupe de travail composé de représentants des gilets jaunes et des élus du territoire. Celui-ci ferait remonter au gouvernement des propositions de solutions prises en commun.
Mais cette annonce n'a pas semblé satisfaire les manifestants, qui sont retournés se rassembler sur les ronds-points de Marmande.
Des députés pris pour cible
Depuis le début des actions des gilets jaunes, les députés, notamment LREM, sont souvent désemparés par le mouvement, parfois pris pour cible. Alors que les manifestants entament leur deuxième semaine de contestation, certains élus ne cachent pas leurs craintes.
Certains rechignent à se rendre sur le terrain pour aller à la rencontre de ces manifestants pour ne pas "envenimer les choses", comme le confiait un député de Dordogne à France info.
D'autres, comme Mireille Robert, élue dans l'Aude, témoignent avoir été agressés à leur domicile.
Cette nuit, 40 hommes casqués et cagoulés se sont introduits chez moi, allumant un feu et proférant des menaces. 40 contre une famille sur un domaine isolé, chapeau le courage ! Enfuis dès l’arrivée des gendarmes. Cette dérive violente n’est pas acceptable #GiletsJaunes @LaREM_AN
— Mireille Robert (@MRobert_11) 24 novembre 2018
Ce lundi, le mot d'ordre semble avoir changé, et ils sont de plus en plus nombreux à faire le choix de rencontrer les manifestant, à l'image d'Alexandre Freschi ou encore de l'élue de Haute-Vienne Marie-Ange Magne.