Trois médecins sur six vont quitter, ce 13 décembre, la maison médicale de Pont-du-Casse, en Lot-et-Garonne. Un coup de massue pour la commune et le département, qui ont décidé de lancer une plateforme pour simplifier l’arrivée et la vie des praticiens.
Sur la porte, le message a des allures de sentence. À partir du 13 décembre, trois des six médecins de la maison médicale de Pont-du-Casse s’en vont, laissant ainsi près de 3 500 patients sans médecin traitant. “C’est très compliqué de trouver un nouveau médecin, ils sont tous saturés, soupire une patiente. On est très tristes et inquièts.”
Il m’arrive d’avoir devant mon portail une personne qui vient me supplier de lui trouver un médecin.
Christian Delbrel,Maire de Pont-du-Casse
L’inquiétude a aussi gagné le maire de la ville, Christian Delbrel. Cette maison de santé était l’un des atouts du bien vivre dans son village. “C’est un coup de massue. Quand elles m’ont annoncé qu’elles partaient, dans le Gers, en Ehpad ou en mi-temps ailleurs, j’en suis tombé de ma chaise", se souvient le maire de la commune.
Bienvenue Docteur
Pas question pour autant de se laisser abattre par la nouvelle. En tirant les ficelles, le maire a réussi à faire venir un médecin ainsi qu’une assistante médicale. “En réalité, le cabinet ne fermera que du 13 décembre au 6 janvier”, tempère Christian Delbrel. Pas de quoi absorber les 3 500 patients qui se sont retrouvés sans médecin, “mais les pathologies graves et chroniques pourront être prises en charge”, assure l’édile, assurant que des médecins remplaçants sont aussi mobilisés.
Cette situation précaire, ce “désert médical” qu’est le Lot-et-Garonne, le Conseil départemental et les 330 maires du département n’en veulent plus. Ils ont donc lancé, la semaine dernière, en lien avec l’ARS de Nouvelle-Aquitaine, une plateforme nommée “Bienvenue Docteur” en charge de faciliter l’installation ou l’organisation de la vie des professionnels de santé dans le territoire. Depuis son démarrage officieux, il a plusieurs mois, les conseillers gèrent en moyenne deux cas par semaine.
Parfois, il suffit juste d’un coup de fil pour que tout se débloque.
Laurence Bessières,Chargée de mission
Au total, cinquante partenaires, de l’agence immobilière à la préfecture, sont en lien direct avec les conseillers de la plateforme. Grâce à un numéro de téléphone, les médecins directement ou les maires et les établissements médicaux peuvent formuler leurs demandes, qu’elles soient professionnelles ou personnelles. “Nous avons eu un médecin qui avait des difficultés administratives pour renouveler son titre de séjour. On a appelé la préfecture et le lendemain, c’était réglé, illustre Laurence Bessières, chargée de mission. D’autres nous appellent parce qu’ils souhaitent trouver un logement à moins de 10 minutes de la structure où ils vont travailler, mais ils ne connaissent pas le département.”
La plateforme promet ainsi de gérer les problèmes efficacement, tout en “évitant de raconter plein de fois la même histoire à des dizaines de structures”. Des services qu’ils comptent étendre aussi aux futurs médecins.
Miser sur les générations futures
Pour récupérer des médecins sur leur territoire, le département mise aussi sur la jeunesse, notamment grâce à des interventions dans les lycées. “Il y a 10 % de Lot-et-Garonnais dans les écoles de médecine. Et on sait qu’il y a plus de chance qu’un médecin s’installe en zone rurale quand il la connait, explique Annie Messina, vice-présidente du département en charge de la démographie médicale. En parallèle, les internes et externes actuels nous ont expliqué qu’il fallait faciliter les démarches pour tirer notre épingle du jeu.”
Clé de voute du projet, les maîtres de stage universitaires sont aussi particulièrement recherchés. “On propose de former, durant trois jours, des maîtres de stage universitaires pour qu’ils puissent ensuite accompagner les étudiants, pendant que nous, on leur offre des solutions concrètes pour qu’ils aient envie de s’installer”, détaille Annie Messina.
À Pont-du-Casse, la maison de santé en a trouvé un. “En accueillant des internes, il va les attirer et nous allons tout faire pour les garder dans la commune”, envisage Christian Delbrel, espérant ainsi compléter l’équipe médicale de cette maison, qui compte déjà 32 praticiens de la santé.