En Lot-et-Garonne, la situation se tend. Ce week end, un patient de Villeneuve-sur-Lot a du être transféré dans le Lot, à Cahors. Les capacités de réanimation sont-elles menacées ? Entretien avec Joris Jonon, le directeur de l’antenne départementale de l’Agence régionale de santé.
La situation se tend en Lot-et-Garonne après une accalmie ces dernières semaines, comme dans d'autres secteurs de la région, au point qu'un patient a été transféré dans le département voisin du Lot il y a quelques jours.
Comme l'ARS, agence régionale de santé, fait-elle face à ces évolutions au jour le jour ? Quels enseignements des mois passés ? Réponse avec son représentant départemental, Joris Jonon.
Un transfert de patient COVID hors des hôpitaux du département, c’est une situation inédite ?
Vraisemblablement oui. L’activité est effectivement soutenue en réanimation depuis le week-end dernier. Cela s’explique en partie par le choix que nous avons fait. Contrairement à la première vague où d’importantes déprogrammations avaient été faites par anticipation, nous avons choisi d’effectuer un travail plus fin, en déprogrammant au fil de l’eau. En clair, pour ne pas pénaliser outre-mesure les patients hors COVID, nous attendons un certain niveau d’activité dans les services pour déprogrammer les opérations.
Que disent les indicateurs ?
A l’image du pays, ils montent dans le département. Après une période de tassement, nous avons glissé fin février vers une reprise des chiffres de l’épidémie, tout particulièrement pour le taux d’incidence, désormais proche des indicateurs généraux.
Néanmoins, si l’on observe les chiffres sous le prisme de l’activité, ils restent très modérés. Dans les services d’urgence, seuls 2,8% de l’activité sont liés à un motif COVID.
Quelle photographie de la réanimation COVID peut-on faire aujourd’hui ?
Actuellement, si on prend l’activité pour motif COVID, on compte 48 personnes hospitalisées dont dix en réanimation. Au plus fort du pic, en fin d’année 2020, nous comptions 93 patients hospitalisés, dont une dizaine en réanimation.
Du sur-mesure
Que se passera-t-il si dans les heures qui viennent un nouveau patient nécessite de partir en réanimation ? Devra-t-il être transféré hors du département ?
A l’heure où je vous parle, nous disposons à minima de quatre lits de soins critiques (incluant la réanimation et les soins continus) directement mobilisables. Encore une fois, le travail que nous effectuons est assez fin. Nous procédons à une gestion dynamique des places en réanimation. Si en fin de journée, nous observons un risque de saturation, nous procédons à une déprogrammation.
J’insiste également sur le fait que tous les établissements du département concourent à l’effort, y compris le privé, à savoir la clinique Saint-Hilaire. Des transferts sont sans cesse organisés entre le public et le privé. La répartition est simple et fonctionne entre la clinique et l’hôpital sur le principe des vases communicants :
Les patients COVID + sont pris en charge par l’hôpital d’Agen, tandis que les patients non-COVID sont transférés selon les besoins à la clinique.
Que penser de la situation COVID dans le département ?
Tout d’abord, la hausse des indicateurs épidémiologiques appelle à la plus grande vigilance.
Ensuite, on observe une recrudescence des cas groupés : 28 cas actuellement, dans des écoles, des entreprises et des services publics. Le point positif, c’est que les EHPAD, auparavant très touchés, connaissent un répit : une seul cas groupés sur les 28 mentionnés.
Enfin, la tendance nationale et départementale est à la dégradation, ce qui nécessite d’anticiper afin de réagir vite pour limiter au maximum l’impact des dégâts.