Vous êtes plutôt du genre connecté.e.s ou pas ? Par obligation ou par choix ?
Que l'on soit en mileu urbain avec la fibre ou au beau milieu d’une zone blanche, notre relation à internet, et donc au monde, diffère. La fracture numérique, c'est la thématique de Débadoc.
Depuis la crise sanitaire, le sujet de la connexion est entré au coeur de nos vies et de nos préocupations.
Lorsque le premier confinement s'est imposé brutalement en mars 2020, la faisabilité de télétravailler pour les actifs et de poursuivre une scolarisation pour les enfants fut l'une des priorités dans les foyers.
La différence sur l'informatisation et la connexion s'est alors révélée de façon plus criante, tant au niveau social que géographique, créant encore plus de clivages et d'inégalités au sein de la population et de notre société.
A titre d'exemple, l'accès à l'informatique allait permettre de pouvoir se munir de l'attestation de déplacement dérogatoire, à condition que l'on soit doté d'un équipement informatique et de ne pas faire partie de la fameuse zone blanche ! Sinon, restait alors la solution de découper des exemplaires dans la presse locale ou d'écrire manuellement son autorisation de sortie sur une page blanche...
Cette problématique avait fait l'objet d'un article par Pascal Faiseaux de France 3 Périgords ci-dessous.
"Attestation de déplacement dérogatoire : comment faire en zone blanche, sans imprimante ou sans internet ?"
L’informatisation, avancée majeure du XXIème siècle
L'informatisation s'est immiscée puis imposée dans nos vies plus ou moins progressivement, plus ou moins discrètement... Par choix ou par obligation mais aussi et surtout, en fonction de notre lieu d'habitation.
Du minitiel dans les années 80, introduisant le premier écran à la maison, aux multiples écrans tout format dorénavant dans la majorité des foyers, il n'a fallu (presque) qu'un pas.
Pour la plupart, elle a apporté des bénéfices indéniables dans le quotidien, révolutionnant comme une ère nouvelle nos moyens d'échanger, de faciliter des démarches en tout genre, d'avoir accès rapidement à tout type d'information et, bien-sûr, de permettre une ouverture immense sur la connaissance et le monde qui nous entoure...
Et même si pour certaines zones, la 5 G devient réalité comme l'annonce Orange ci-dessous, c'est loin d'être le cas pour la majorité.
La #5G arrive à Bordeaux !
— Orange France (@Orange_France) February 22, 2021
Découvrez comment en profiter. ? #Hello5G
L’illectronisme
Aujourd'hui encore, 14 millions de Français sont étrangers à l’univers numérique : qu'ils ne sachent pas ou ne puissent pas utiliser un ordinateur. Et cela concerne des jeunes, des personnes âgées ou entre deux âges, des citadins ou des ruraux...
Car si cela peut être une volonté pour certains de rester éloignés des écrans, pour d'autres, c'est une impossibilité de par leur lieu de vie, dans ces territoires non desservis par un réseau de téléphonie mobile ou par Internet, ces zones blanches.
Et là encore, il en résulte une fracture bien réelle et aussi lourde que celle séparant les lettrés des illettrés. Cela s'appelle l’illectronisme.
Car, si internet peut devenir une fenêtre sur le monde pour certains, pour d'autres, c'est une porte sur l’humain qui se referme.
Et à un an de la dématérialisation totale des démarches administratives, un pan énorme de la population française est encore aujourd’hui laissé pour compte, victime d’une France qui progresse à deux vitesses.
Pour lutter contre les zones blanches de téléphone mobile, les opérateurs se sont engagés à généraliser la réception 4G en 2020. L'État, quant à lui, s'est engagé à garantir l'accès au Haut-Débit pour tous en 2020 et le Très Haut Débit en 2022, dont 80% via la fibre optique.
Malgré cette volonté, dans certains territoires moins densément peuplés, le problème ne semble pas à la veille d'être réglé...
Un film 100% Lot-et-garonnais à titre d'exemple
Le choix du Lot-et-Garonne s'est imposé dans ce film car ce département cristallise ce paradoxe technologique de l’illectronisme de par plusieurs zones blanches encore bien présentes.
Le manque d'accès à internet, un handicap de la vie quotidienne.
Ces zones blanches s'expliquent par le fait que les habitats fermiers sont très diffus sur le territoire du département, un fait qui concerne aussi d'ailleurs d'autres territoires de la Nouvelle-Aquitaine mais également d'autres régions de France, sachant que le coût d'installation par habitat peut s'élever jusqu'à 10 000 €.
Le Lot-et-Garonne fut aussi choisi car Fanny Fontan, auteure et co-réalisatrice du film "Deconnecté.e.s", a bien compris le sentiment d'abandon des habitant.e.s de ces zones éloignées des ondes, ayant de la famille dans ce département. Elle a donc décidé d'en faire un film.
Je peux juste affirmer qu’au delà d’une crise sanitaire nous sommes aujourd’hui tous témoins d’une crise institutionnelle, totalement déconnectée du terrain. Et je vous assure que c’est ce que j’ai pu constater à Agen et dans sa campagne. Le monde d’après ? Je n’en ai aucune idée. Mais un défi majeur est lancé : celui de regagner la confiance de ceux qui se sentent totalement abandonnés.
D'Agen à Villeneuve-sur-Lot, en passant par Brugnac, Feugarolles ou Loublagnou, les images se succèdent à la rencontre des particuliers mais aussi des acteurs sur le terrain qui oeuvrent pour améliorer la situation. Pour information, 200 millions d’euros ont été injectés dans le département pour lutter contre cette fracture.
La parole est donnée à plusieurs lot-et-garonnais pour entendre et comprendre la situation :
- Frédéric Mandis, chargé de mission numérique Lot-et-Garonne
- Jean-François Garrabos, maire DVG de Feugarolles
- Pierre Camani, président du conseil départemental du Lot-et-Garonne
- Cédric Moreno, aidant numérique, UNA
- Marion Brignoli, mission locale de Villeneuve-sur-Lot
- Steven, habitant de Villeneuve-sur-Lot
- Guillaume Vallet, professeur de musique
- Nathalie, Lydia, Chantal, habitantes de Feugarolles
Mais ce qui se passe en Lot-et-Garonne, c'est aussi la réalité de toute une partie du territoire français. Une frontière marquée entre deux mondes (celui connecté, celui déconnecté) entre deux espaces, entre deux réalités. Et à l'heure de la 5G, force est de constater que pour certains, la priorité est tout d'abord et tout simplement d'être connectés...
"Le réseau est très mauvais... Je capte un peu mais ça coupe souvent" : dans les communes situées en zone blanche, la 5G n'est pas la prioritéhttps://t.co/50OBCcjXqs pic.twitter.com/Rk43Fced7C
— franceinfo (@franceinfo) September 29, 2020
Cette révolution Numérique nous oblige à réinventer une manière de vivre ensemble. Tous ensemble. Sans avoir la sensation que le monde tourne sans nous.
Mais en ces temps tourmentés et anxiogènes, s'éloigner de l'actualité et du monde qui nous entoure pourrait s'avérer bénéfique... Alors, et si finalement le bonheur c'était de se déconnecter ? Peut-être en effet pour certain.e.s mais à condition, toutefois, de l'avoir souhaité !
Documentaire écrit et Réalisé par Fanny Fontan et Romain Fiorucci
Coproduction : 13 Productions / France Télévisions
52 mn
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