Chant du coq, odeur de fumier, bruit des cloches... Ce "patrimoine sensoriel" des campagnes est désormais consacré par une loi. Un soulagement pour de nombreux habitants de zone rurale, qui souhaitent voir protégées leurs spécificités locales.
Les odeurs de fumier, le son des cloches de l'église ou encore le chant du coq… Ils sont désormais protégés au titre du patrimoine sensoriel des campagnes. La loi vient d'être adoptée au Sénat.
Ces dernières années, les bruits de la campagne ont fait l'objet nombreux conflits de voisinage, souvent très médiatisés
Coq, grenouilles et cloches de la discorde
Le plus souvent, des néo ruraux, ou perçus comme tels se plaignaient de nuisances sonores inhérentes à la vie de campagne. Ainsi, Maurice, le coq d'Oléron qui réveillait ses voisins dès l'aube a connu ses heures de gloire.
Si sa propriétaire a pu savourer une victoire en justice, ce n'est pas le cas d'un couple habitant Grignols dans le Périgord, contraint de reboucher sa mare après neuf années de combat judiciaire : elle attirait de nombreuses grenouilles, jugées trop bruyantes par le voisinage.
"Si on vient à la campagne, on accepte tout"
Alors qu'en pensent les premiers concernés, à savoir les habitants des campagnes, confrontés chaque jour à ce patrimoine sensoriel ? A Astaffort, commune de 2000 habitants en Lot-et-Garonne, la nouvelle est naturellement accueillie par les habitants.
"C'est notre image, notre vie, notre passé et notre culture", remarque un habitant. Si on vient à la campagne, on accepte tout. Quand on va à la ville, on est obligé de prendre ce qu'il y a aussi. On ne se pose pas la question".
"Ce patrimoine, il faut le défendre estime un autre. Sinon on en arrive à des conneries, avec des personnes qui veulent passer de l'insecticide sur les cigales", rétorque un autre. Cette dernière demande a émergé à plusieurs reprises, dans le sud-est mais aussi en Dordogne, par des habitants n'appréciant pas le chant de l'insecte.
"Tout maire a été confronté à cette situation"
Député du Lot-et-Garonne, et ancien maire de Bon-encontre, Michel Lauzzana salue cette nouvelle loi. "C'est une reconnaissance de ce qu'est vraiment la France, de tout ce qui fait son passé", estime-t-il.
"Tout maire a été confronté à ce genre de situation, estime-t-il. C'est très compliqué à résoudre. On essaie de faire de la médiation, d'améliorer des choses et au final, on peut se retrouver devant la justice."
Ce sont des histoires qui souvent, traînent, sont pénibles. Un peu de cadre là-dedans, ça ne fera pas de mal, même s'il faut ensuite adapter à chaque circonstance.
Voir le reportage de France 3 Aquitaine