Lot-et Garonne : des chauves-souris (et autres stratagèmes) au secours de nos vignobles

On utilise de plus en plus dans nos cultures des animaux ou insectes dits "auxiliaires" permettant de réguler certains nuisibles en évitant l'usage d'engins ou de pesticides. Des viticulteurs de Duras et Monbazillac ont accueilli des chauves-souris.

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Depuis 2017, le vignoble de Duras, en Lot-et-Garonne, fait figure de précurseur. Plusieurs viticulteurs, engagés dans une démarche biologique, testent une manière parfaitement naturelle d'éradiquer le ver de la grappe. Car l'Eudémis provoque des dégâts considérables sur les grappes de raisin.

La chauve-souris est justement son plus grand prédateur. On dit qu'elle est capable de manger près d'un millier d'insectes chaque nuit, dont ce fameux ver de la grappe.

Alors certains viticulteurs ont choisi de faciliter l'installation de ces chiroptères. Thierry Teyssandier est viticulteur à Duras. Il a toujours aimé les chauves-souris. Alors, il a décidé d'aider une petite colonie de chauves-souris rhinolophes à s'installer en fabriquant, en famille, des caissons de bois à accrocher en plusieurs endroits de l'exploitation.


Selon Jean-Christophe Bartolucci, chiroptérologue au Conservatoire des espèces naturelles d'Aquitaine, "On ne va pas éradiquer l'eudémis avec les chauves-souris. Par contre, on va avoir un impact significatif (...). Et si on favorise la replantation de haies, on va favoriser tout un cortège de prédateurs autres, comme les oiseaux, des insectes qui seront présents".

Deux vers de la grappe

Pour lutter contre ce ver, il est important de connaître son cycle de vie. Après la ponte, il faut sept jours avant l'éclosion de la chenille puis en moyenne 25 jours pour la formation de la chrysalide qui se transformera, huit jours plus tard, le papillon adulte.

Il existe deux espèces présentes dans les vignobles de Nouvelle-Aquitaine : l’Eudémis (Lobesia botrana), venu du pourtour méditerranéen, et la Cochylis (Eupoecilia ambiguella), d’Europe centrale avec de fortes capacités d'adaptation si l'humidité est présente. Car, d'après le site Vinopole, "l’hygrométrie est le facteur discriminant majeur, les œufs et les jeunes larves de cochylis supportant très mal les hygrométries inférieures à 60-70 %".

Le ver de très petite taille (2 mm) pénètre très vite dans les boutons floraux ou dans les baies et grossit au fur et à mesure qu'il se nourrit sur les grappes. Avec deux inconvénients : il gâte les fruits mais également, en les perforant, les rend vulnérables à la pourriture (Botrytis cinerea).

Une fois papillons, les Eudémis s'activent au crépuscule. La femelle commence à s’accoupler 24 heures après son émergence. Elle attire le mâle en diffusant des phéromones. Une femelle peut s’accoupler une dizaine de fois et pondre jusqu’à 100 œufs !

Regardez le reportage d'Ingrid Gallou et José Sousa.

Un piège aux phéromones

Il n'y a pas que la chauve-souris. D'autres stratagèmes peuvent aider à limiter leur propagation. L'INRA a mis au point un "piège sexuel" qui consiste à imiter olfactivement la phéromone femelle de ces indésirables. Le piège comportant cette phéromone de synthèse dans une capsule de caoutchouc est suspendu dans le feuillage à la hauteur des grappes. Les mâles, ainsi dupés, sont attirés et viennent se coller à une plaque enduite de glue.
C'est ainsi également que l'on tente de lutter contre la flavescence dorée dans les vignes en dupant la cicadelle qui est l'insecte vecteur de la maladie.

Un piège alimentaire

Le piège alimentaire permet de capturer essentiellement des femelles vierges en se basant sur l’attraction alimentaire (nourriture et hydratation), par exemple avec du jus de pomme dilué. Le piège fonctionne par noyade et capture en moyenne 2/3 de femelles vierges et 1/3 de mâles. Il permet d’anticiper les dates de pontes.

Mais ce type de piégeage demande de nombreuses manipulations (plusieurs fois par semaine) et n'est pas spécifique en capturant également d’autres espèces. Et là aussi, d'après les spécialistes : "La présence de zone enherbée naturelle, de haie, d’arbre isolé, de muret de pierre mais également l’installation de nichoirs à chauve-souris favorisent la biodiversité fonctionnelle et le développement des auxiliaires de la vigne".

Coccinelles et autre "alliés" au jardin

A entendre ces spécialistes, la biodiversité est le meilleur garant d'un équilibre sanitaire. La faune et la flore interférant, chacun joue son rôle dans la chaîne alimentaire, du végétal aux mammifères. Les insectes sont essentiels pour la pollennisation mais sont également porteurs de maladies. Ainsi, le jeu de la prédation est important... L'occasion de solliciter un petit coup de pouce de la nature.

Recréer des haies dans les jardins est également bénéfique. Autrefois, le système de bocages était très pratiqué dans certaines régions (notamment en Normandie), mais a presque entièrement disparu avec le remembrement des années 1970. Pourtant, on y revient car ces haies permettent de couper les couloirs de vents, d'éviter l'érosion ou le lessivage des sols tout en maintenant l'humidité. C'est aussi un refuge et un garde-manger pour les oiseaux qui sauront prélever des insectes dont les indésirables !

Les "alliés" les plus connus sont sans doute les "bêtes à bon dieu" : les coccinelles. Elles raffolent de pucerons, eux-mêmes favorisés par les colonies de fourmis pour leur miellat... Mais au jardin, les pucerons font des ravages en se nourrisant de la sève, tant des plantes potagères que des arbustes, fleuris ou non.

Depuis une dizaine d'années, même le grand public peut s'en procurer auprès d'élevages (si, si!) afin de les lâcher près de rosiers, de lauriers roses ou d'agrumes souvent victimes du parasite gluant...

 

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