Après les sécheresses de cet été, des centaines de familles lot-et-garonnaises ont vu apparaître des fissures dans leur domicile. Mais l'arrêté de catastrophe naturelle, ne s'appliquant pas à leur commune, les exclut de toute prise en charge par l'assurance. Les maires organisent la riposte.
Des fissures qui s'immiscent partout. Du sol au plafond, allant même jusque dans la chambre des petits-enfants. Depuis l'été 2022, les murs de cette maison de la commune de Monflanquin (Lot-et-Garonne) portent les traces des sécheresses répétées et des mouvements de terrain. Au grand dam de Guy et de son épouse, qui assistent, impuissants, à la détérioration de leur domicile.
"On a le sentiment d'être oublié", se désole le retraité. Car le foyer ne pourra pas faire valoir son préjudice auprès de son assurance, l'état de catastrophe naturelle n'ayant pas été reconnu par l'arrêté interministériel dans leur commune.
500 propriétaires en péril
Dans la maison voisine, les fissures lézardent les murs, comme le moral de ses occupants. Denis est complètement résigné. "Ce n'est jamais plaisant d'avoir une maison que vous avez payée, mais qui n'a plus de valeur", confie le Monflanquinois.
La maison ne pourra pas être cédée, ne servira pas à accueillir les petits-enfants. On sait qu'un jour ou l'autre, ça va tomber.
Denis, habitant de Monflanquinà France 3 Aquitaine
Pour les habitants, comme pour Nathalie Founaud-Veysset, maire de Monflanquin, c'est l'incompréhension. Malheureusement, "si la commune n'a pas la reconnaissance de l'état de catastrophe naturelle, les administrés ne peuvent déposer un dossier chez leur assureur, détaille-t-elle. Ça veut dire qu'ils ne peuvent pas faire de travaux, ou alors ce sera de leur poche."
"Les fissures, elles, apparaissent autant à Monflanquin que dans une commune reconnue", peste Guy, qui peine à comprendre les critères de reconnaissance.
Les maires s'organisent
Au total, ce sont plus de 500 propriétaires, répartis dans 28 communes du Lot-et-Garonne, qui sont exclus de l'arrêté interministériel.
Pour les maires qui ont reçu cet avis avec un "sentiment d'injustice", hors de question de désarmer. Après une première concertation, une dizaine d'entre eux se sont de nouveau retrouvés autour de la table pour préparer la riposte.
"Nous sommes désemparés, mais déterminés à nous organiser, à trouver des éléments pour tenter d'inverser la décision qui a été prise et qui met les propriétaires en péril", scande Marcel Calmette, maire de Paulhiac.
Pour ce faire, les élus souhaitent contrer les éléments pris en considération par le conseil interministériel concernant la pluviométrie des sols au cours de l'année 2022. "Des maisons sont totalement explosées de bas en haut et les habitants ne savent pas comment consolider les toits", indique l'élu de Paulhiac.
Les maires ont encore deux mois pour constituer un dossier de recours et présenter de nouveaux éléments dans l'espoir de voir reconnaître le préjudice de leurs habitants.