Comme dans plusieurs villes françaises, Marmande, dans le Lot-et-Garonne, impose à son tour le couvre-feu, à l'image de Lège-Cap-Ferret en Gironde. Son Maire, Daniel Benquet, veut ainsi corriger certains comportements et éviter les incivilités.
La décision est radicale.
Daniel Benquet, le Maire de Marmande, a décidé d’imposer à sa population un couvre-feu.
Et de fait, quelques incivilités ont été répertoriées ce week-end. Comme ce Marmandais de 37 ans qui, ivre, est allé tambouriner frénétiquement à la porte de ses voisins. Ou encore, un homme de 36 qui s’est mis à hurler en déambulant dans la rue.J’ai eu beaucoup de remontées de mes administrés dénonçant des abus. Par exemple, des jeunes qui jouaient au football à plusieurs, mais aussi des séances de vélo en famille ou encore des personnes âgées discutant ensemble sur des bancs dans nos rue.
Tous deux ont écopé d’une amende de 135 euros.
C’est sur Facebook que le Maire a choisi de faire part de sa décision.
Techniquement, il ne s’agira pas d’un couvre-feu. Et pour cause, la terminologie est illégale.
L’ensemble des couvre-feu sont illégaux et attaquables au tribunal administratif car l’on ne peut pas ajouter de restrictions de liberté au confinement. En revanche, je suis en train de rédiger un arrêté municipal qui sera juridiquement inattaquable.
Daniel Benquet - maire de Marmande, Lot-et-Garonne
Le couvre-feu autorisé par la préfecture ce mardi 24 mars
La préfecture du Lot-et-Garonne a fait savoir aujourd’hui à France 3 Aquitaine et à Daniel Benquet que la décision d’un couvre-feu n’incombait pas aux Maires mais au Préfet. Les arrêtés municipaux en ce sens seront eux-aussi frappés d’illégalité. Selon les services de la préfecture, un couvre-feu à l’échelle du département n’est pas exclu.( Mise à jour ) Ce mardi 24 mars, le maire a été autorisé par la Préfecture du Lot-et-Garonne.
Qu’importe, Daniel Benquet détaille pour nous le contenu de son arrêté municipal, dont les restrictions de comportement restent encore à définir : ballades en vélos bannies et interdiction des rassemblements de plus de une ou deux personnes.
Quant aux horaires pendant lesquels les sorties seront proscrites, ils restent eux-aussi à déterminer. Mais le Maire nous confie qu’il pourrait s’agir de la tranche 20h-6h du matin.
La très grande partie des Marmandais respecte le confinement. Ils sont très inquiets, comme tous les Français, et sont exaspérés par le manque de civisme de certains.
Daniel Benquet
Ces nouvelles restrictions prendront effet dès mercredi et donneront lieu à des amendes de catégorie 1 à hauteur de 38 euros. Une contravention qui s’ajoutera s’il y a lieu à celle de 135 euros établie pour non-respect du confinement.
Charge à la police municipale de les faire respecter. Les 13 agents travailleront plus tard le soir, en lien avec la gendarmerie et interviendront sur la base de signalements.
De quoi inquiéter l’opposition en cet entre-deux-tours des élections municipales ?
Une décision sans débat
De l’avis du Maire, cela fait plutôt consensus.
Ce n’est pas tant ce qui se passe la nuit qui inquiète, mais le soir, quand les nerfs commencent à lâcher après une journée confinée. Nous ne sommes pas là pour faire de la répression mais pour sensibiliser la population et corriger certains comportements.
L’un de ses plus farouches opposant, Philippe Labardin, son ancien premier adjoint, approuve la démarche, mais avec quelques réserves sur la forme.
Ça tombe sous le sens, notre priorité, c’est de sauver des vies, nous ne sommes pas du tout opposés à ce type de mesure. Néanmoins, on s’attendait à être consultés ou tout du moins informés. Le maire agit seul et communique beaucoup. Y-a-t-il une arrière pensée politique ? Nous ne souhaitons pas polémiquer à ce sujet.
Philippe Labardin - liste Mieux vivre Marmande
Pour Joël Hocquelet, principal challenger du Maire sortant et arrivé en tête du premier tour des élections municipales, la priorité consiste à limiter la circulation du virus. Mais fallait-il serrer à ce point la vis ?
Le confinement aurait suffi. Il faut penser aux gens qui n’ont pas de jardin, qui vivent en appartement dans des résidences ou des HLM. Pour moi, ce couvre-feu est redondant avec les mesures gouvernementales. A l’évidence, c’est un effet d’annonce.
Joël Hocquelet, liste Ensemble Marmande
Alors que l’on apprend ce soir l’existence de deux premiers cas de COVID 19 à Marmande dans une résidence privée, Michel Cerutti, élu communiste de la ville, appelle à un dépistage rapide des habitants de la résidence.
Les personnes contaminées sont deux quadragénaires, actuellement hospitalisés à l’hôpital de Marmande. Leur immeuble vient d’être désinfecté.