Recherchés par la gendarmerie, les propriétaires du site sont introuvables. Les habitants de ce village du Lot-et-Garonne demandent aux autorités de régler enfin la situation et mettent en avant des questions sanitaires et environnementales.
Des tonnes de vieux textiles et de moquettes empilés. Des montagnes de déchets qui s’accumulent. Plus de 1000 m3 au total. L’affaire dure depuis trop longtemps aux yeux des riverains. Depuis près de trois ans, les déchets s’entassent aux abords d’une vieille grange située sur la commune de Tourtès, à l’est de Marmande.
« Ils m’ont dit qu’ils devaient venir livrer à cette adresse-là »
Le terrain appartient à un couple d’Anglais qui l’a acheté en 2017. Ils ont été vus déversant des détritus, ainsi que des semi-remorques immatriculés en Grande-Bretagne procédant à des largages intempestifs de déchets. « Un beau jour, on a vu débarquer deux semi-remorques garés sur le parking de la salle des fêtes », raconte Michel Le Borgne, maire de la commune. « Ils ont passé le week-end en attendant de pouvoir décharger leur contenu. Je suis allé leur demander ce qu’ils faisaient là et ce qu’ils transportaient. Au début ils ne me comprenaient pas, c’était des Roumains. Quand j’ai dit que j’allais appeler les gendarmes, là ils ont compris. Ils m’ont montré leur chargement, ils m’ont dit qu’ils devaient venir livrer à cette adresse-là. Il y avait des chiffons, des ballots, etc. Les jours suivants, ce sont sept ou huit semi-remorques qui ont suivi, pareil, pour déverser tout leur contenu ».Déchets, rats et risques environnementaux
Depuis plusieurs années, les déchets s’accumulent donc. « Ça attire la vermine, les rats, les ragondins, des renards, des couleuvres, tout ce que l’on peut trouver à la campagne, mais c’est un beau refuge pour eux », ironise Michel Le Borgne. Il faut dire que plusieurs habitations se trouvent à une centaine de mètres de là à peine. « C’est pas très accueillant », résume Alain Camus dont les pommiers poussent à seulement quelques mètres de la décharge. L’arboriculteur craint un risque d’incendie ainsi qu’une pollution de l’eau.« Moi, j’ai une parcelle de vergers et je prends l’eau pour irriguer dans le lac qui est derrière, on ne sait jamais ».
Propriétaires introuvables, maison "intouchable"
Dans la boîte aux lettres, les courriers s’accumulent. « Ce n’est pas d’aujourd’hui… Ça vient de la direction générale des impôts », observe le maire qui prend le soin de ne rien ouvrir et de tout remettre en place. Sûrement doit on y trouver quelques mises en demeure n’ayant pas trouvé leurs destinataires. Et pour cause, le couple est introuvable. Il a quitté les lieux.Michel Le Borgne a bien alerté la gendarmerie, mais s’agissant d’une propriété privée, celle-ci n’a pas le droit d’intervenir lui a-t-on dit. L’édile a également alerté la Direction régionale de l’Environnement de l’Aménagement et du Logement (DREAL) d’Aquitaine.
La lenteur des pouvoirs publics
Au début de l’année, un arrêté préfectoral est enfin tombé. Il condamnait le propriétaire à nettoyer le terrain sous peine d’une astreinte de 150 euros par jour. Peine perdue puisque le les lieux ont été désertés et que le couple s’est évaporé dans la nature.L'affaire a été confiée à la section de recherche de Bordeaux. Identifié, le citoyen britannique, propriétaire du terrain, serait déjà à l'origine d'une quinzaine d'escroqueries commises en France, pour un préjudice de 600.000 euros.