L'entreprise d'objets de décoration et d'ameublement à prix réduits a été mise en vente par son fondateur, Philippe Ginestet. Si quelques acheteurs semblent pour le moment intéressés pour un éventuel rachat, les salariés regrettent de leur côté un manque de transparence de la part de leur direction.
L'entreprise jaune et rouge pourrait bien changer de main. Gifi, enseigne spécialisée dans la vente d'objets de décoration et d'équipements de la maison à petits prix, a été proposée à la vente par son fondateur, Philippe Ginestet. "Le mécanisme de cession est amorcé pour assurer la pérennité du groupe", a indiqué maître Christophe Dejean, l'avocat de l'entreprise et de son fondateur, ce vendredi 15 novembre.
"À 70 ans et après quarante-cinq ans à la tête du groupe, la priorité absolue de Philippe Ginestet est de passer la main dans les meilleures conditions possibles pour développer cette enseigne qui est unique et a tout pour devenir numéro un de son secteur", a déclaré l'avocat Christophe Dejean à l'AFP.
Les salariés dans le flou
Pour les nombreux salariés de l'entreprise, cette annonce officielle rompt avec plusieurs mois d'incertitude au sujet de la situation financière du groupe. "La direction ne nous informe de rien, regrette une source interne, contactée par téléphone. Rien n'est dit officiellement lors des réunions tenues au Comité social et économique (CSE) de l'entreprise."
Toutefois, selon cette même source anonyme, des signes avant-coureurs laissaient deviner cette issue. "Certains fournisseurs n'étaient plus payés, confie-t-elle. Des économies ont été faites sur la masse salariale et quelques salariés ont anticipé cela en quittant d'eux-mêmes l'entreprise", poursuit la source interne, en précisant que certains salaires ont aussi été différés.
100 millions d'euros de prêt
L'ancien roi du discount est aujourd'hui mis sur le marché de la vente, seulement quelques mois après une demande d'un rééchelonnement de sa dette à ses créanciers en début d'année. En mai dernier, plusieurs banques ont en effet accordé un prêt de 100 millions d'euros à GPG, la holding de la famille Ginestet, a indiqué le quotidien Le Monde, sous le regard du comité interministériel de restructuration industrielle (CIRI).
Aujourd'hui, plusieurs candidats se sont positionnés sur le rachat de l'entreprise, bien que les offres n'aient pas encore été formulées. Toujours selon le journal Le Monde, les noms de Carrefour ou du groupe tunisien Zouari, notamment propriétaire de Stokomani et Maxi Bazar, des concurrents directs de Gifi, seraient potentiellement intéressés. Si une vente devait se conclure, elle ne concernerait que l’enseigne commerciale et non l’immobilier de l'entreprise.
Le Sud-Ouest, berceau de Gifi
Cette annonce soudaine pourrait bien avoir d'importantes répercussions salariales. Pour cause, la société emploie au niveau national plus de 6 500 salariés. Parmi ceux-ci, la moitié des employés travaille dans la région Nouvelle-Aquitaine, où est implanté le siège social de Gifi, dans la commune de Villeneuve-sur-Lot, dans le Lot-et-Garonne.
Ici, à Villeneuve-sur-Lot, plus de 700 personnes travaillent encore pour le géant du rabais. Le maire Gérard Régnier n'a pas souhaité s'exprimer, pour le moment, au sujet des éventuelles répercussions à l'échelle de la ville qui vivait encore, il y a quelques années, au rythme de l'enseigne de Bazar.