Une stèle rendant hommage aux Harkis a été recouverte d'un liquide noirâtre. Elle se situe au camp de Bias près de Villeneuve-sur-Lot. Une plainte a été déposée.
"Inqualifiable !" Pendant quelques secondes, Mohamed Badi ne sait pas comment réagir, si ce n'est exprimer son "dégoût", avant de dénoncer un "esprit de lâcheté, de bassesse."
Recouverte d'huile de vidange
Sous les yeux du porte-parole du Comité national de liaison des harkis, une stèle rendant hommage aux Harkis du camp de Bias, en piteux état. Le monument a été dégradé, aspergé d'huile de vidange, certainement entre le 16 et 17 septembre. Un acte délibéré, qui suscite à la fois colère et incompréhension.
Pourquoi aller badigeonner une stèle ? Casser des tombes dans un cimetière ? Pourquoi ? Prenez-vous en à nous, directement. Venez nous voir, qu'on discute !
Mohamed BadiPorte-parole du Comité national de liaison des Harkis
Une récompense à la clé pour toute information
Le porte-parole du Comité national de liaison des harkis s'est rendu sur place en début d'après-midi, ce 17 septembre, suite à un appel du président du Comité.
C'est la troisième fois que la stèle est dégradée. Le monument ne fait l'objet d'aucune protection. "Nous allons demander au maire de mettre une caméra", assure Mohamed Badi, sans pour autant savoir si la demande sera acceptée.
Par ailleurs, le comité promet une récompense de 100 euros "pour celui ou celle qui pourrait nous donner des informations concernant celui ou ceux qui ont procédé à cette fumisterie, pour les faire juger". La mairie de Bias a porté plainte, le Comité assure qu'il va suivre, sans trop se faire d'illusions.
Il existe une loi contre ces insultes... Il n'y a pas de pénalités. Alors, une loi sans pénalités, ça ne vaut rien !
Mohamed BadiPorte-parole du Comité de liaison harki
"Les harkis n'ont jamais fait de mal à personne"
Pour autant, il espère que cet acte ne révoltera pas que les membres de la communauté. Et Mohamed Badi de rappeler la phrase d'Emmanuel Macron lors de sa réception des harkis à l'Elysée, en décembre 2020. "Celui qui insulte un harki, insulte la France", cite-t-il. "C'est peut-être le moment de montrer que ce qu'il a dit est vrai", ajoute le porte-parole des harkis.
Selon ce dernier, ces dégradations, ces insultes portées contre les Harkis, sont de plus en plus présentes. Il cite plusieurs publications sur les réseaux sociaux, les qualifiant de "fils de traîtres". Un fait récent qui inquiète la communauté : "Les harkis, ils sont là depuis 1962. Ils n'ont jamais fait de mal, à personne.
Si on ne réagit pas aujourd'hui, si le gouvernement français ne prend pas des décisions importantes et sévères, qu'allons-nous devenir ?", s'inquiète-t-il.
Commémoration
Une cérémonie de commémoration pour les Français originaires d'Algérie engagés dans l'armée française pendant la guerre d'Algérie doit avoir lieu le 25 septembre. "Nous appelons, de toutes nos forces, les élus, les autorités, les particuliers, quels qu'ils soient, à venir le 25 septembre nous soutenir dans notre démarche", martèle Mohamed Badi. En attendant, le Comité a décidé de ne pas nettoyer la stèle avant la commémoration "pour que les gens puissent voir la lâcheté de certaines personnes".