La sécheresse a entraîné une mortalité inhabituelle des poissons de la Dordogne. Inquiets, les pêcheurs corréziens ont lancé un appel à EDF pour libérer de l'eau depuis les barrages. Problème : l'entreprise doit aussi alimenter en eau les sites touristiques pour les activités nautiques...
En Corrèze, traverser la Dordogne à pieds est quasiment devenu un jeu d'enfants...
Avec les épisodes caniculaires de l'été et le manque de précipitations, le niveau de la rivière a baissé de façon inquiétante.
Aujourd'hui, le débit du cour d'eau n'est que de 14 m3, soit cinq fois moins que la normale.
"Cela fait des années qu'on n'avait pas vu un niveau aussi bas", désespère Mickaël Andrieu, moniteur-guide de pêche. Sous ses yeux, l'eau a laissé place à un éparpillement de vase, de sable et de cailloux.
Une reproduction de poissons "réduite à néant"
D'après lui, en temps normal le niveau baisse, mais "pas aussi tôt dans la saison", et généralement "tout est recouvert" par le lit de la rivière.
Autre problème : avec la canicule, la température de l'eau a atteint un pic de 26 degrés au mois de juin sur certaines portions de rivière... Des conditions de vie mauvaises pour les poissons qui ont fuit ces zones.
C'est notamment le cas à Astaillac, sur l'un des bras de la Dordogne, où des truites et des saumons venaient habituellement frayer lors de la saison des amours. Mais avec la hausse des températures de l'eau, leur "reproduction sera réduite à néant cette année", assure Mickaël Andrieu.
EDF ne souhaite pas libérer l'eau retenue par son barrage
Pour tenter d'enrayer le phénomène, plusieurs pêcheurs corréziens ont lancé un appel à l'aide à EDF. Ils demandent à l'entreprise de libérer de l'eau de son barrage situé en amont de la Dordogne pour alimenter le cours d'eau et ses affluents.
"Ca serait bien que dans la journée ou la nuit soit lâchée de l'eau par intermittence pour avoir de l'eau fraîche des fonds des barrages, explique Mickaël Andrieu. Ca permettrait de faire redescendre la température de l'eau pendant ces grosses semaines de canicule."
Une solution que n'envisage pas du tout EDF, contraint de fournir un niveau d'eau suffisant de l'autre côté du barrage afin de maintenir aussi les activités touristiques.
"Ca ne serait pas une bonne idée ni du point de vue environnemental ni du point de vue de la sécurité, déclare Vincent Marmonier, directeur Hydro EDF de la vallée de la Dordogne. Il faut qu'il y ait un niveau d'eau qui soit le plus constant possible et qu'il n'y ait pas de variations rapides."
L'équation semble donc difficile. Il faudrait deux semaines de précipitations pour arranger tout le monde...