La décision d'Alain Rousset, le président de la région ALPC, d'annuler le festival des Nuits Romanes dès l'été prochain suscite de plus en plus de contestation. Deux pétitions lancées sur le net pour demander son maintien, ont déjà récoltées plus de 14 600 signatures en 10 jours.
Les Nuits Romanes proposaient une série de spectacles gratuits, plus de 250 en 2015, mettant en valeur le patrimoine roman des quatre départements du Poitou-Charentes. Elles ont été créées en 2015 par Ségolène Royal alors présidente de région qui s'est toujours montrée très attachée à ce festival.
"Les Poitevins et les Charentais punis à la place de Ségolène Royal"
Pour l'historien Michel Chaumet, à l'origine de la pétition "Sauvons les Nuits Romanes", l'argument économique mis en avant par Alain Rousset pour supprimer le festival estival ne suffit pas à expliquer la décision d'annulation. Il y voit avant tout la conséquence de l'opposition entre l'ancienne et le nouveau président de région."Il s'agit d'un règlement de comptes entre deux personnes. Je crains que les Poitevins et les Charentais ne soient victimes de ce règlement de comptes, qu'ils ne soient punis à la place de leur ancienne présidente" affirme aujourd'hui Michel Chaumet.
L'autre argument mis en avant par le nouveau président de région, celui de l'égalite territoriale est également, battu en brèche notamment par les internautes dans leurs commentaires. "Dans ce cas il faudrait aussi annuler le festival des vins à Bordeaux ou les férias du Pays basque" peut-on lire sur Facebook.
Une décision unilatérale
Les deux pétitions, "Touche pas à nos nuits romanes" et "Sauvons les Nuits romanes" dénoncent " la décision unilatérale (d'Alain Rousset, NDLR) de supprimer le Festival des Nuits Romanes dès cette année, alors que le calendrier, le lieu des spectacles et les troupes artistiques avaient déjà été annoncés.""Des dizaines de milliers de spectateurs, souvent de milieux modestes, seront privés de tout spectacle cet été, des dizaines de compagnies seront sans travail et de nombreuses petites communes perdront leur seule animation culturelle de l'année" s'indignent les promoteurs de ces pétitions qui ont signé un texte commun.
"Du travail plutôt que des indemnisations" pour les compagnies
Les professionnels du spectacle sont en première ligne de la fronde. Ils reprennent l'argument économique mis en avant par Alain Rousset qui a annoncé une éventuelle indemnisation des compagnies prévues pour l'été 2016 pour démontrer que cette annulation prive de nombreux professionnels de travail."Plutôt que des indemnisations, on souhaite du travail et on souhaiterait qu'au moins les engagements tenus dans la campagne électorale par Mr Rousset et Mme Lanzi soient tenus pour cette édition" lance Patrice Massé, de la CGT spectacles Poitou-Charentes.
Nathalie Lanzi, élue des Deux-Sèvres et vice-présidente du conseil régional en charge de la culture qui avait appelé à voter en faveur d'Alain Rousset en mettant en avant le succès des nuits romanes fait aujourd'hui volte face en annonçant qu'il "faut désormais réfléchir à un nouveau festival pour toute la région ALPC".
Après thouars, Oiron, Brie, St jouin de Marnes..beau 79. Pour la continuité des nuits romanes votons ROUSSET2015 pic.twitter.com/XjGEp1Hv9l
— Nathalie Lanzi (@NathalieLanzi) 4 décembre 2015
Les nuits romanes étaient un magnifique dispositif ! Il ns faut désormais réfléchir à un nouveau festival pour toute @Region_ALPC #Culture
— Nathalie Lanzi (@NathalieLanzi) 9 avril 2016
La Fronde des élus
Dernier étage de la fusée allumée par Alain Rousset, les élus des communes concernées par les festivités annoncées pour cet été. Certains envisagent aujourd'hui de maintenir les spectacles en les finançant sur les deniers de leur collectivité.Plus d'informations avec le reportage de Dominique Laveau, Stéphane Bourin et Martine Sitaud. Ils ont rencontré Michel Chaumet, historien et Patric Massé, CGT Spectacles :
