Municipales Bayonne : l’union des gauches encore et toujours un combat pour le deuxième tour

« No comment » ou presque. Disons-le d’entrée de jeu, les têtes des trois listes de gauche qualifiées pour le second tour au soir du 15 mars, ne sont pas disertes. Deux mois de confinement plus tard et malgré la reprise des discussions, l’union n’est pas actée.

Pendant la « parenthèse électorale » due au Coronavirus, des coups de fil ont été certainement échangés puis deux réunions au moins (l’une en fin de semaine dernière, l’autre lundi 25 mai au soir), ont été tenues. Mais rien ne filtre vraiment.

Nous sommes convenus de ne pas communiquer pour l’instant, en attendant que chacun discute avec les siens de l’état de nos échanges. 
Henri Etcheto - tête de liste « Bayonne Ville Ouverte »

 

D’accord, on peut comprendre que la primeur de la teneur des discussions, négociations, contacts (on appellera ces réunions comme l’on voudra), soit réservée à la base des trois listes. Pendant ce temps, Bayonne bruisse de rumeurs et commentaires (du moins dans les cercles passionnés de politique). Et la presse militante abertzale (nationaliste) de gauche anime depuis des semaines le débat. La plupart des interventions, commentaires et tribunes tirent à boulets rouges sur une possible entente de second tour en vue d'une candidature unique des gauches, avec à sa tête Henri Etcheto, du Parti Socialiste.

Henri Etcheto est l’épouvantail d'une partie de la Gauche abertzale en raison de ses prises de positions qualifiées d’anti nationalistes et anti basques : opposition aux subventions pour les établissements bayonnais de Seaska (fédérations des ikastola, écoles où les élèves apprennent et étudient en basque, en système immersif). Opposition à la création de la Communauté d’Agglomération du Pays basque. « Pas une voix abertzale pour Etcheto le jacobin » peut-on lire dans les échanges entre internautes.

Compte tenu de la position stratégique de Bayonne, Henri Etcheto à la mairie plomberait les perspectives d’évolution positive pour Iparralde*
Xabi Larralde, responsable abertzale (nationaliste) de gauche, dans Enbata en ligne du 11 mai 2020
* Pays basque de France

Au soir du 1er tour.

Le maire sortant, Jean-René Etchegaray (UDI), à la tête d’une liste largement renouvelée, allant des Républicains (LR) à La République En Marche (LREM), rassemblant toute la famille centriste, incluant des ex socialistes et écologistes (déjà durant son premier mandat), et même cette fois, une ancienne candidate de la Gauche indépendantiste, est arrivé en tête : 40,33 % des suffrages.

Mais il n’a pas de réserve sur le papier du moins, si ce n’est auprès des abstentionnistes (60%). La liste de droite souverainiste et d’extrême droite ayant obtenu 5 % des voix ne devrait pas se reporter massivement sur la liste « Bayonne, toujours un temps d’avance » de Jean-René Etchegaray, dont le programme et le bilan sont jugés trop à gauche et basquisants : implication du maire sortant dans le processus de Paix. Soutien au rapprochement des prisonniers impliqués dans des dossiers ETA, dans des prisons de la région. Soutien à la langue basque. Combat pour la Communauté d’Agglomération dont il est le président sortant. Politique d’accueil des migrants.

Tout ceci fait de Jean-René Etchegaray un abertzale-compatible face au leader socialiste. D’où les tirs de barrage et les pressions sur la liste « Bayonne Verte et Solidaire, Baiona berdea eta elkarkidea », soutenue par Europe Ecologie Les Verts, Euskal Herria Bai (coalition nationaliste de Gauche) et Ensemble (scission du NPA en 2011). Le 8 mai 2020, la direction d’Euskal Herria Bai a publié un communiqué qui rejette tout accord permettant l’élection de Henri Etcheto à nouveau qualifié à nouveau d’ultra jacobin.

Un mois avant le second tour.

Oui mais seuls les 138 membres adhérents de l’assemblée générale de « Bayonne Verte et Solidaire » (BVS) sont à même de décider. Une structure associative qui a défini et porté le projet défendu par la liste et non les partis qui l'ont soutenu au premier tour. En 2014 déjà, le collectif fonctionnait ainsi. De même pendant les six ans de la mandature qui s’est achevée (avec deux élus). Et donc aussi lors des Municipales 2020. Vendredi, c’est cette AG qui décidera de la position de BVS, sur les bases des retours des discussions d’après-confinement. Autre particularité, BVS a deux co-têtes de liste : Jean-Claude Iriart (EH Bai) et Sophie Bussière (EELV). « Bayonne Verte et Solidaire » a obtenu 13,12 % des suffrages.

Nous allons donner une information complète à tous les adhérents de BVS et nous déciderons entre nous tous, comme nous l’avons toujours fait. Notre mode de fonctionnement est différent. Il faut le respecter, comme nous respectons celui des autres.
Jean-Claude Iriart - tête de liste « Bayonne Verte et Solidaire »

 


Cette démarche participative, citoyenne, hors partis, est aussi celle de « Demain Bayonne - Bihar Baiona », emmenée également par deux têtes de liste : Mathieu Bergé et Sophie Herrera Landa. Car pour « Demain Bayonne », les rôles étaient clairs : Mathieu Bergé était candidat au poste de maire, et Sophie Herrera Landa, « fléchée » pour la Communauté d’agglo, pour éviter le cumul (possible légalement) des deux mandats. Forte de ses 11,21 %, la liste participative et citoyenne entend faire entendre sa voix dans le concert des gauches à Bayonne.
 
"Demain Bayonne" est souvent considérée comme pouvant faire le lien entre les deux autres listes de gauche : suffisamment à gauche, basquisante et écolo, et non estampillée « abertzale ». Ça c’est sur l’échiquier politique. Après, les différences sont importantes avec la liste PC - PS - Place publique, sur la façon de faire de la politique, sur la démarche qui se veut libre des appareils des partis. Et puis une partie de la liste est issue d’une scission de l’ancienne Gauche unie des élections municipales de 2014. Il s’agit bien d’une recomposition de la gauche bayonnaise, où la question de la confiance entre partenaires est également posée.
 


La composition d'une éventuelle liste commune de second tour est évidemment l'un de ces points de discussion : sur quelle base répartir la représentation des listes initiales ? En fonction des résultats du premier tour et donc à la proportionnelle ? Avec une « prime majoritaire » à la liste arrivée en tête à gauche ? Celle de Henri Etcheto (29,77 % des voix) ? Lors de la réunion du lundi 16 mars cette éventualité avait créé un malaise certain. Est-il à ce jour levé ? Pour ne pas insulter l’avenir. Tout le monde reste très prudent.

Il y a des lignes rouges que l’on ne peut franchir, les débats sont soutenus, nourris, mais tout est ouvert. Le fil n’est pas rompu.
Un participant aux négociations qui requiert l’anonymat

Alors une liste de gauche ? Deux ou trois ? Il suffirait d’une triangulaire pour que Jean-René Etchegaray envisage ce second tour avec suffisamment de sérénité. Un duel serait évidemment plus compliqué. Même avec le soutien dans le secret des urnes d’une partie de l’électorat nationaliste, son abstention ou vote blanc. Il observe avec intérêt les mouvements des gauches. Ne pas intervenir, ne rien commenter est tout bénéfice. Jusqu’où ira sa capacité à fédérer ?
 
 
Tous les jours, recevez l’actualité de votre région par newsletter.
Tous les jours, recevez l’actualité de votre région par newsletter.
choisir une région
France Télévisions utilise votre adresse e-mail pour vous envoyer la newsletter de votre région. Vous pouvez vous désabonner à tout moment via le lien en bas de ces newsletters. Notre politique de confidentialité