Dockers, enseignants, agents territoriaux, salariés du privé, ils étaient une centaine à bloquer les accès au port de Bayonne ce jeudi matin. Tous tiennent à maintenir le rapport de force contre la réforme des retraites, avant la mobilisation nationale du 31 janvier.
Impossible de rentrer ou sortir de la zone industrielle du port de Bayonne ce jeudi 26 janvier.
Une centaine de manifestants, mobilisé contre la réforme des retraites, s'est postée à l'entrée du secteur, armée de barrières, qui n'ont été levées qu'à la mi-journée.
Gêner l'économie
"On a voulu bloquer un axe stratégique. Il y a beaucoup de marchandises qui transitent par ici, beaucoup de camions. L'idée, c'est de gêner l'économie, montrer que c'est nous, les travailleurs, qui produisons les richesses" explique Serge Lescamela, le secrétaire régional de la CGT Éducation.
Parmi les manifestants, des dockers, mais aussi des enseignants, des agents territoriaux et des salariés du privé, mobilisés ensemble contre une réforme qu'ils estiment "injuste et injustifiée".
Toujours plus "au service du capital"
"Ce qui nous inquiète, c'est qu'on va devoir travailler plus longtemps pour soi-disant sauver un système qui n'est pas en danger. Finalement, c'est toujours à nous, les travailleurs, d'en faire toujours plus au service du capital" dénonce Argitxu Dufau, porte-parole du syndicat LAB au pays basque nord, syndicat de la gauche abertzale.
La syndicaliste redoute un creusement des inégalités, entre hommes et femmes notamment. "Ce sont les femmes qui ont le plus de carrières hachées, de temps partiels imposés, elles subissent. Pour arriver à une retraite à taux plein, elles vont devoir travailler encore plus. Le minimum de 1200 euros brut concerne les carrières entières", argumente-t-elle.
Clément Pottier est lui enseignant à Mauléon et membre du syndicat FSU. Il dit s'inquiéter d'une réforme qui pourrait faire "le jeu de l'extrême droite". "La parole politique va être remise en question et d'un point de vue démocratique, il y aura des conséquences dramatiques. Tout nous inquiète dans ce projet".
Il ajoute que dans sa branche, les enseignants ont déjà beaucoup perdu.
Il y a trente ans, on partait à cinquante-cinq ans.
Clément Pottier - enseignantà France 3 Aquitaine
"Là, ce sera 64. L'espérance de vie n'a pas bondi de neuf ans ! On dégrade encore les conditions de travail des enseignants".
Il avoue avoir du mal à comprendre "la nécessité financière" d'une telle réforme. "Il n'y a aucune raison de la faire" affirme le syndicaliste, "sinon mettre un peu plus les salariés la tête sous l'eau. C'est inacceptable à l'heure où les milliards affluent dans tous les sens, mais ne viennent pas alimenter l'économie".
Après le succès de la première mobilisation intersyndicale le 19 janvier dernier, rendez-vous est donné mardi prochain, le 31. Serge Lescamela prévient. "Derrière ce mouvement, il y a aussi l'enjeu des salaires, du pouvoir d'achat, des conditions de vie. C'est un mouvement qui peut s'emballer".
Article rédigé à partir des réactions et images recueillies sur place par Stéphanie Deschamps et Emmanuel Galerne.