Malgré la décision de justice, les pêcheurs au filet continuent de traquer le saumon dans l'Adour

Théoriquement interdite dans les eaux de l'Adour classées Natura 2000, la pêche au filet des poissons migrateurs est ponctuellement tolérée par arrêtés des autorités des Pyrénées-Atlantiques. Malgré la suspension par la justice de cet arrêté, les associations écologistes déplorent la poursuite de cette pêche qui nuit aux saumons et aux aloses.

"Là ! Il y a un bateau derrière le phare vert, pointe du doigt Philippe Garcia. Il va poser ses filets en travers de l'Adour et il va dériver tout doucement". Posté sur la plage de la Barre à Anglet (Pyrénées-Atlantiques) à l'embouchure de l'Adour, le président de l'association Défense des milieux aquatiques (DMA) se désole d'apercevoir ces petites embarcations continuer à pêcher le saumon ou l'alose. Car le prélèvement à l'aide de filets de ces poissons migrateurs est théoriquement interdit dans les eaux du fleuve, fleuve classé zone Natura 2000.

Depuis quelques années, les pêcheurs peuvent néanmoins profiter des largeurs de la préfecture des Pyrénées-Atlantiques, qui modifie par arrêté, comme le 18 janvier 2023, le plan de gestion des poissons migrateurs (PlaGePoMi) de l'Adour, autorisant la pêche sur une période donnée.

"On ne protège pas avec des filets"

Inquiètes pour les effectifs de saumons et d'alose, "espèces migratrices extrêmement menacées", neuf associations écologistes, dont DMA, la Sepanso 64 et Sea Shepherd, ont obtenu "une belle victoire" en faisant suspendre cet arrêté de janvier par un jugement du tribunal administratif de Bordeaux le 27 mars. "La Justice a enfin compris que cette pêche ne respecte pas les règles," s'enthousiasme Philippe Garcia.

La saumon et l'alose sont deux espèces d'intérêt communautaire - qui ont été mises sur une liste de protection par l'Europe car elles sont fragiles et menacées - et qu'il convient de protéger dans des sites Natura 2000 comme l'Adour. Et on ne les protège pas avec des filets.

Philippe Garcia

président de l'association Défense des milieux aquatiques (DMA)

Vers une réaction de la préfecture ?

Mais il y a un hic : entre la décision de justice et son application par les pouvoirs publics subsiste un délai important, qui permet encore aux bateaux de continuer à pêcher au filet en ce début du mois d'avril. DMA, qui a relancé la préfecture le 30 mars, s'attriste de voir "l'administration réduite à des manœuvres de la sorte" pour défendre des intérêts économiques.

"Premièrement, la préfecture a signé la semaine dernière un arrêté autorisant ces pêcheurs à pêcher malgré la suspension du PlaGePoMi. Cet arrêté est fondé sur un plan qui a été suspendu. Deuxième chose : cet arrêté n'a pas été publié, ce qui nous empêche de l'attaquer juridiquement, s'exaspère le militant. Il le sera peut-être ce soir, demain... Je n'en sais rien mais je suis dans les starting-blocks pour l'arrêter. Mais là, ils sont en train de gagner du temps contre les poissons."

Contactée, la préfecture paloise indique sobrement que "les services de l'État analysent le jugement du tribunal administratif."

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