Une vingtaine d'associations revendiquent avoir aidé une trentaine de migrants à passer la frontière entre l'Espagne et la France. Ces derniers auraient profité du passage de la Korrika, la course visant à mettre à l'honneur la langue basque, pour déjouer les contrôles.
C'est ce qu'on appelle faire d'une pierre deux coups. Ce dimanche 24 mars, à Bayonne, on célébrait l'arrivée de la Korrika, grande course relais organisé tous les deux ans. Le défi sportif s'étend sur 2 700 km, dans les provinces basques, côté espagnol et français. Un rendez-vous solidaire et festif, qui vise à mettre à l'honneur l'euskara, la langue basque.
Un acte de "désobéissance civile"
Deux jours plus tard, une vingtaine d'associations ont revendiqué une action un peu particulière : elles ont profité de la course pour aider 36 personnes migrantes à passer la frontière entre la France et l'Espagne. Un acte de désobéissance civile, qui a eu lieu le 14 mars, lorsque la course est arrivée au Pays basque nord via Hendaye.
"Le 14 mars dernier, profitant du fait que la Course devait se dérouler entre Irun et Hendaye, 36 personnes venues d'Afrique ont traversé le pont Santiago avec la complicité de dizaines de personnes, franchissant ainsi la frontière administrative qui y est établie", indique la vingtaine d'associations et collectifs. Des réfugiés qui ont par la suite poursuivi leur parcours vers différentes villes de France, ou effectué une halte au centre d'accueil Pausa de Bayonne. Un acte rendu public, vidéo (en euskara) à l'appui.
James Taylor est adhérent de l'association Etorkinekin, qui vient en aide aux exilés. Il ne dissimule pas sa fierté devant cette action, préparée en amont. " Je suis extrêmement fier, très ému, et convaincu d'avoir fait le bon choix," assure-t-il. "On a une politique qui est toujours en faveur des plus riches, et contre les pauvres. On ne peut pas distinguer aujourd'hui la cause de l'aide aux plus faibles, de la cause des réfugiés", poursuit-il.
Je suis admiratif du parcours de ces jeunes hommes et jeunes femmes, qui, au péril de leur vie, quittent tout pour arriver jusqu'ici.
James TaylorBidassoa Etorkinekin
" Dans la Korrika ce qui marque, c'est le désir de vivre et la joie qui émane de tous ces gens là. C'est le même message ! ", insiste-t-il.
"Il y en a qui traversent la frontière tous les jours, à pied ou en train, puis se trouvent contrôlés au faciès et renvoyés", dénonce Enaut Aramendi, du Syndicat LAB, qui revendique également l'action.
Nous avons le droit d'être des milliers à traverser cette frontière chaque jour. Et ce droit est refusé aux migrants. En Europe, tous doivent avoir les mêmes droits.
Enaut AramendiSyndicat LAB
En octobre 2021, à Ciboure, trois personnes sont mortes, percutées par un train, en essayant de traverser la frontière. Par leur action, les associations entendent dénoncer le nouveau pacte européen sur l'immigration.