Il devait sortir en juin, mais le Covid-19 en a retardé l'enregistrement. Le second album de "Pauline et Juliette", vient tout juste d'être réalisé. Le duo s'est (r)enfermé volontairement, après le confinement en Pays basque intérieur pour livrer un disque empreint de joie et de chaleur
Nous étions sur un petit nuage et il a été difficile d'en redescendre !
Pauline Junquet, la moitié de "Pauline et Juliette" est encore portée par les sept jours d'enregistrement non-stop du deuxième album, du duo folk basque.
"Après deux mois à ne pas pouvoir faire de musique, ni chanter ensemble, c'était génial de se retrouver. Avec les musiciens, nous étions tous là pour jouer. Sans ce long confinement, notre état d'esprit aurait été très différent. Là, nous étions heureux; cela se ressentira dans les titres du disque".
"Je pense que c'est la première fois que nous étions séparées aussi longtemps", complète Juliette Alfonso.
La musique en télé-travail, ce n'est pas pareil ! Pendant le confinement nous préparions l'album, mais, à distance, cela restait très abstrait.
Tout pour la musique
Les deux chanteuses, guitaristes, et compositrices, se sont alors, bien volontairement, renfermées toute une semaine après le 11 mai, dans un gîte rural de Saint Esteben, petit village du Pays basque intérieur."C'est la réalisatrice, directrice artistique et musicienne Rebecca M'Bongou, qui a eu l'idée de privatiser ce lieu, pour que nous restions et vivions sur place le temps de tout enregistrer" explique Pauline.
"C'était intense. Mais c'était une super expérience. Nous avons apporté tout le matériel. En logeant, au même endroit, nous n'avions plus les contraintes du quotidien, et on a pu vraiment se concentrer sur la musique, sans autre distraction. C'était comme un cocon. Nous étions quatre : Juliette, la réalisatrice, l'ingénieur son, et moi. Les musiciens venaient le temps d'une journée. Au maximum sept personnes étaient présentes au studio. Sept jours c'était presque court, mais confortable quand même, car nous n'avons jamais été déconnectées de l'ambiance de travail".
"Nous étions contents de nous retrouver", ajoute Juliette. "On ne pouvait pas se faire la bise, on ne touchait pas les instruments des musiciens, mais l'ambiance était là !".
Veloma, leur nouvel album
Les douze morceaux qui composent l'album étaient prêts depuis plusieurs semaines. Ils auraient du être enregistrés fin mars. "Veloma", titre de ce deuxième opus, évoque les origines malgaches de Juliette. Cela veut dire "Au revoir". La facilité universelle à prononcer ce mot, l'a emporté sur sa stricte signification.
Pour Pauline et Juliette, c'était aussi une façon d'annoncer la couleur du disque, produit comme le premier ("Hegaldaka", sorti en 2017), par le label bayonnais Agorila Musique.
"Il y a sept morceaux originaux, et cinq reprises" détaille Pauline. "Nous avons été très inspirées cette fois par les rythmes de la musique afro. Nos compositions ont un lien avec ces reprises ; comme celle que nous faisons de Richard Bona (ndlr : chanteur et bassiste américain d'origine camerounaise, Victoire du jazz en 2004). Nous aimerions que le public, d'ailleurs, ne fasse pas de distinctions entre tous les titres. Il y a vraiment une veine commune, chaleureuse, joyeuse, avec une touche folk".
Les musiciens, ont donné le rythme à ce nouvel univers : Jérôme Martineau, clavier et batterie; Jean-Michel Martineau, basse; Arnaud Estor, guitariste; et Paul Vernheres, guitare afro.
Dialectes africains
Cette fois les deux artistes ont décidé de chanter en basque bien sûr, mais aussi en français, malgache, anglais, espagnol, et même en dialectes africains, comme le douala, pour marquer leur "ouverture au monde". Les deux premiers singles sortiront en même temps, en basque et en français.Selon Juliette "ça ouvre des portes de chanter en plusieurs langues; mais ça ne doit pas en fermer. Nous essayons d'équilibrer et de le faire avec subtilité"
"Au début de notre duo, nous nous exprimions naturellement en basque. Cette fois ça a changé après mon voyage à Madagascar, en janvier 2019. Je me suis re-connectée en quelque sorte avec mon africanité" poursuit-elle. "Je ne maîtrise pas la langue malgache, nous la chantons phonétiquement. Mais ce sont surtout les sonorités qui nous ont inspirées. Des guitares assez chaudes, très afro, par exemple, très différentes de la musique du Pays basque".
Les compositions évoquent aussi des thèmes chers au duo : "Mimoza" est une chanson d'amour; "Amazonia" parle d'écologie.
Pauline et Juliette se sont rencontrées en 2015, lors d'un concert pour le téléthon. Un vrai coup de foudre musical, pour ces deux jeunes filles, l'une originaire de Cambo-les-bains, l'autre d'Itxassou.
Leur premier album leur a permis de partir en tournée, au Pays basque, mais aussi à Bordeaux, Paris, et Madrid. Elles ont même fait les premières parties de Patrick Bruel, Vianney, Kalakan et Nadau.
Une tournée est prévue pour la sortie de "Veloma" (à la rentrée), mais "pas avant septembre, en espérant que ce soit possible" explique Pauline. "Et si nous ne pouvons pas donner de concerts à ce moment-là, pourquoi ne pas repousser la date de diffusion de l'album à janvier, pour pouvoir faire une véritable promo ?", complète Juliette.
Les très nombreux fans du duo attendent avec impatience "Veloma", et son univers multi-ethnique, promesse d'un beau voyage musical.