Se loger, c'est devenu la problématique majeure au Pays basque. Les habitations sont de plus en plus des résidences secondaires et la spéculation immobilière bat son plein. Ils sont plusieurs milliers à défiler en soutien au "logement accessible à toutes et à tous au Pays basque" ce samedi 1ᵉʳ avril 2023 dans les rues de Bayonne.
La date n'est pas un hasard : ce 1ᵉʳ avril 2023 est le jour de la fin de la trêve hivernale, la journée européenne pour le droit au logement, et le jour choisi de la manifestation pour "un logement accessible à toutes et à tous au Pays basque".
Elle est organisée par la plateforme Se loger au Pays - Herrian Bizi. Cette plateforme, composée d’associations et d'élus, a lancé un appel à se mobiliser à 15 heures depuis la sous-préfecture de Bayonne pour le droit au logement et contre la spéculation immobilière et foncière sur le territoire basque. Malgré la pluie, ils sont nombreux à s'élancer dans les rues de Bayonne : 3500 selon la police et les organisateurs.
Parmi les manifestants, des élus comme le député NUPES, le socialiste Iñaki Echaniz. Il souligne l'urgence à agir face à la crise du logement : "Il y a 14,8 millions de personnes en France concernées par la crise du logement. (...) J’ai déposé une PPL (proposition de loi) au mois de février qui s’attaque à la niche fiscale qu’on dit "Airbnb", à la question de la fiscalité pour les communes sur les résidences secondaires, sur la déclaration aussi des résidences secondaires."
Le logement n’est pas une affaire de spéculation. Le logement est un droit pour tous, le droit d’avoir un toit sur la tête.
Iñaki Echaniz, député PS de la 4e circonscription des Pyrénées-AtlantiquesFrance 3 Euskal Herri
Stop, assez !
"Stop Aski !", ("aski" en basque signifie "assez", en français) : le slogan est scandé dans le cortège à l'adresse de ceux qui veulent acheter une résidence secondaire au Pays basque et aux vendeurs. "Résidence secondaire, résistance populaire", poursuivent les manifestants. Ces logements saisonniers sont particulièrement pointés du doigt par les personnes mobilisées.
"Cela a été super dur de trouver un logement, témoigne Benjamin, habitant de Bayonne. Quand on est arrivés il y a deux ans, on est passés de petites locations de deux mois, trois mois, parfois un mois. (...)."
On était très nombreux sur chaque dossier. C’était des locations qui s’arrêtaient à des moments clefs parce que ça partait en location touristique pour l’été.
Benjamin, habitant de BayonneFrance 3 Euskal Herri
Dans l'une de ses prises de parole, "Se loger au Pays - Herrian Bizi" souligne que 45 000 résidences du territoire sont des résidences secondaires, soit 1 logement sur 5. Avec des conséquences sur le logement social locatif, peu nombreux. "J’ai actuellement un logement HLM et j’ai deux grands enfants qui n’arrivent pas à se loger, donc je les ai à la maison", témoigne Sandrine, présente dans le cortège, habitante de Bayonne.
"Encadrer les loyers et le niveau des résidences secondaires"
Se loger au Pays - Herrian Bizi demande de préserver le foncier et de nouveaux outils juridiques pour lutter contre le problème de logement et aux élus de prendre leurs responsabilités. "On attend que des pas supplémentaires soient franchis. La dernière mobilisation a déclenché certaines initiatives. Pour nous, elles ne sont pas suffisantes aujourd’hui. (...) On n’a pas atteint, pour l’instant, l’objectif : que tout le monde puisse vivre dignement dans ce pays", réagit Argitxu Dufau, de la plateforme Se loger au Pays - Herrian Bizi.
Ses solutions ? "L’encadrement des loyers et l’encadrement du niveau des résidences secondaires."
Sur sa page Facebook à l'issue de la mobilisation de ce samedi, la plateforme prévient, tel un avertissement :
À partir du 1er janvier 2024, nous ne pourrons plus accepter qu’une seule habitation à vocation de résidence principale soit transformée en résidence secondaire. Nous considérerons publiquement cela comme une atteinte directe au droit de la population locale à se loger au pays.
Se loger au Pays - Herrian BiziPage facebook
C'est la deuxième grande manifestation pour le logement organisée par Se loger au Pays - Herrian Bizi. Le 20 novembre 2021, ils étaient alors 8000 personnes mobilisées contre la spéculation immobilière et foncière.