Logement à Bayonne : "ils m’ont foutue dehors, je me suis sentie abandonnée"

Des militants ont mis en place des rubans en plastique autour de logements à Bayonne pour dénoncer la multiplication des congés pour vente dont sont victimes les locataires. Un nouveau coup de colère de l'association Alda ce mardi 14 mars pour dénoncer la crise du logement au Pays basque.

L’action se veut symbolique. Du ruban autour des immeubles pour dénoncer un phénomène d’ampleur au Pays basque : les congés pour vente. Ils permettent aux propriétaires de mettre fin au bail de location, et de vendre leur bien immobilier. Un acte légal loin d’être ans conséquences dans des zones ou le marché est difficile. Ce mardi 14 mars, ils sont quelques-uns au pied du quartier populaire Hauts-de-Sainte-Croix à Bayonne. Des militants de l’association Alda venus alerter les pouvoirs publics sur cette problématique. 

À leurs côtés, Karine. En 2021, elle a dû quitter son appartement dans lequel elle vivait et travaillait depuis six ans. Son propriétaire a décidé de le céder. Un choix qu’elle ne conteste pas, mais elle aurait aimé avoir eu du temps pour se retourner. 

L’assistante maternelle a bien cru qu’elle allait se retrouver sans toit, tant la situation immobilière est tendue au Pays basque. Elle a fini, au bout de plusieurs mois, par trouver un T3 plus petit et plus cher par le bouche-à-oreille. Une situation qu’elle trouve injuste :

"J’ai toujours payé mes charges, mon loyer, j’ai toujours tout payé et du jour au lendemain, on me dit de partir. J’étais seule. La mairie ne pouvait rien faire pour moi, je me suis sentie abandonnée. Ce que je trouve injuste, c’est que l’on m’a jetée à la rue, tu ne trouves pas, tu te démerdes !".

Son logement a été vendu et, comme tant d’autres, il est dorénavant destiné à être habité en tant que résidence secondaire. Ses acheteurs habitent Versailles. 

Karine est loin d’être un cas isolé

Pour Sarah Coupechoux de la Fondation Abbé Pierre, ce sont souvent des locataires sans histoire qui se retrouvent dans des procédures d’expulsion. "On a des ménages qui vivent souvent depuis très longtemps dans leur logement avec leurs habitudes de vie. Parfois, ils ont grandi ici. Ils ont leur famille dans la région. Ils sont contraints de partir, et même s'ils sont prioritaires, ils n’ont pas généralement les moyens de racheter leur habitation. Ils ont donc des difficultés à se reloger, que ce soit dans les parcs privés où cela est cher ou dans les parcs sociaux où finalement, il n’y a pas d’offre".

Au Pays basque, la crise du logement s’est accentuée ces dernières années, rattrapée par la crise sanitaire et la pandémie de Covid. Les prix au mètre carré atteignent des sommets. Cette situation est emblématique des zones touristiques.

"Il y a énormément de tensions sur le marché du logement. Cela fait déjà trois décennies au niveau national que le logement est un problème." rappelle Sarah Coupechoux.

C’est la première dépense des ménages en France et évidemment dans ces zones où il y a une pression, une augmentation des résidences secondaires, des locations saisonnières, les personnes n’ont pas la possibilité de se reloger aisément.

Sarah Coupechoux - fondation Abbé Pierre

France 3 Euskal Herri

L’association Alda explique avoir à faire depuis deux ans à de plus en plus de personnes qui se disent désemparées. "On n’a pas de mesure précise du nombre de congés pour vente délivré au Pays basque et pourtant, on se rend compte que dans la région, il y en a beaucoup" analyse Malika Peyraut, porte-parole Alda, collectif droit au logement.

"Dans notre permanence, il y a énormément de gens qui viennent nous voir chaque semaine et qui sont confrontés à cette situation."

Les congés pour vente y seraient plus nombreux qu’ailleurs. "On s’est aperçu, avec la fondation Abbé Pierre et avec les chiffres du ministère de la Justice, qu'il y avait, en 2019, 302 procédures pour congés de reprise au tribunal de Bayonne."

D'après elle, ces procédures seraient bien plus importantes qu'à Nantes, Toulouse, Marseille, Nice et Lyon réunis. 

"Cela montre le caractère anormal de la situation, ici avec la pression et la spéculation immobilière".

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