Spéculation immobilière : achetée 250 000 euros en 2017, une ferme est mise en vente 1,6 million d'euros

Au Pays basque, la colère gronde contre la spéculation immobilière. En ce début d'année, une ferme située sur les hauteurs d'Ayherre, achetée 250 000 euros en 2017, est mise en vente cinq fois plus cher.

Elle pourrait être revendue près de six fois son prix d'achat, seulement six ans après son acquisition. C'est en tout cas l'opération financière qu'espère réaliser le vendeur de la maison Etxexuria, une ancienne ferme transformée en résidence de luxe. Le bâtiment acheté 250 000 euros en 2017 a connu des travaux d'embellissement et de rénovation. Il est désormais proposé à la vente pour la somme de 1,579 million d'euros.

Située sur les hauteurs de la commune d'Ayherre, cette maison de 330 m2 qui comprend 4 chambres et un terrain de 2900 m2 se place à une demi-heure en voiture de Bayonne. Son prix de vente, 4 785 euros du m2, illustre la spéculation immobilière qui se développe désormais dans l'ensemble du Pays basque.

Des propriétés inaccessibles

Samedi 30 janvier, ils étaient nombreux à se mobiliser devant la maison Etxexuria, rebaptisée  Haiza, pour dénoncer ces situations récurrentes. "On prend comme exemple cette maison pour dénoncer la spéculation, le marché libre et la hausse des prix immobiliers, qui causent des problèmes d'accès au logement pour les populations, notamment pour la jeunesse locale", explique Xabi Thicoipe , membre du collectif Arberoa Lurra eta Etxebizitza. 

 
Ces prix de vente exorbitants "rendent inaccessibles la propriété aux personnes qui ont des revenus moyens" et "ont des conséquences pour les propriétaires", souligne-t-il. "Quand on vend une maison à un certain prix, celui-ci devient une référence. Lors d'une succession, les propriétaires vont devoir vendre à ce prix-là à leur descendance, qui ne pourra peut-être pas mettre le prix qu'il faut", déplore-t-il.

"La mairie a essayé de discuter, ça ne l'a pas touché"

La disparition de cette ancienne "ferme modeste" dans de telles conditions signe la "disparition d'une partie de l'âme du village", estime le collectif.   Selon Arberoa Lurra eta Etxebizitza, le vendeur de la maison serait installé sur la côte basque et déjà propriétaire de plusieurs maisons. "C'est quelqu'un qui n'apparaît pas du tout au village, on ne le connaît pas. La mairie l'a contacté et a essayé de discuter avec lui des conséquences de la spéculation. Ça ne l'a pas touché", affirme Philippe Saint-Arroman, également membre du collectif, qui déplore qu'en France "la propriété soit sacrée"

Les propriétaires peuvent spéculer librement. Notre seul moyen, c'est de faire pression, sur les vendeurs et les acheteurs. 

Philippe Saint-Arroman

Collectif Arberoa Lurra eta Etxebizitza

Multiplication des résidences secondaires

L'augmentation de la spéculation est à relier à la multiplication des résidences secondaires. Le Pays basque en compte actuellement 20 %. À certains endroits sur la côte, ce taux peut atteindre les 50 %.  A Ciboure, la mairie tente de juguler cette tendance. "Il n'est pas normal que des gens qui travaillent ici dorment dans leur voiture, et que certains profitent d'une résidence secondaire", s'insurge  Peio Dufau, adjoint au maire de Ciboure.

On est en train de tuer le Pays basque.

Peio Dufau

Adjoint au maire de Ciboure


Ici, la plateforme Herrian Bizi a promis de multiplier les actions pour refuser toute nouvelle résidence secondaire. "On va mettre en œuvre tous les moyens non violents à notre disposition", promet Jean-Noël Etcheverry, membre de la plateforme.

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