Un journaliste du Pays basque espagnol soupçonné par la Pologne d’être un agent russe [article en français et basque]

Pablo Gonzalez est détenu depuis plus d’un an en Pologne. La justice du pays l’accuse d’être un espion russe. Ce corréspondant de guerre free-lance, originaire du Pays basque espagnol serait emprisonné sans preuve, dans des conditions difficiles, selon sa famille. L'article en langue basque et le reportage d'Allande Boutin à retrouver ci-après.

Son crime : posséder deux passeports. L’un, espagnol, mentionnant Pablo Gonzalez, du nom de sa mère. L’autre, au prénom de Pavel accompagné du nom de famille de son père, de nationalité russe. Car c’est à Moscou que ce journaliste de guerre est né, et a vécu jusqu’à l’âge de neuf ans, avant de déménager avec sa mère en Espagne. Aujourd’hui la justice de Pologne l’accuse de falsification de documents d’identité et le soupçonne d’espionnage. Il y est emprisonné depuis le 28 février 2022.

Journaliste de Guerre Freelance.

Pablo Gonzalez est une signature régulière des media espagnols (Público et La Sexta) et du Pays basque (Gara). Russophone, il s’est spécialisé dans les conflits de l’ex bloc soviétique, notamment la guerre opposant l’Azerbaïdjan à l’Arménie en 2020.
C’est donc naturellement qu’en 2022, son travail s’est tourné vers l’Ukraine. Il y couvrait la crise des réfugiés, lorsque dans la nuit du 27 au 28 février, il est arrêté à Przemysl dans le sud-ouest de la Pologne, à quelques kilomètres de la frontière ukrainienne. Les autorités l’accusent d’être un informateur des services secrets du Kremlin et le placent en détention, pour trois mois à l’origine.

"Prisonnier à risque"

Plus d’un an plus tard, Pablo Gonzalez est toujours en prison. En février dernier, la justice polonaise annonçait même prolonger sa détention de trois mois supplémentaires, ramenant sa libération potentielle au 24 mai. Selon Reporter Sans Frontières (RSF), il est considéré comme "prisonnier à risque". L’ONG internationale de défense des journalistes dénonce des conditions de détention très dures, avec un isolement strict et une douche hebdomadaire. RSF, ainsi qu’Amnesty International exigent sa libération "le plus rapidement possible".  

Pablo et Oihana Goiriena, son épouse, et leurs trois enfants habitaient à Guernica (Guipuzcoa). Celle-ci a tout de même pu lui rendre visite en novembre dernier. Deux heures seulement, en un an :

Il est enfermé 23 heures par jour, sans visite, ni contact avec l’extérieur. Il bénéficie d’une heure de promenade, dans un patio de 30 mètres carrés. Et il y est emmené menotté… Nous n’avons pas l’autorisation de l’avoir au téléphone. Ni moi, ni ses trois fils, ni personne.

Oihana Goiriena

Femme de Pablo Gonzalez

Le tout, sans procès, pour le moment.

Un dossier très léger

Le cas de Pablo Gonzales n’est pourtant pas passé sous les radars en Espagne : journalistes de différents médias et avocats ont adressé une lettre en octobre dernier au ministre espagnol des Affaires étrangères Jose Manuel Albares Bueno, lui demandant d’exiger de la Pologne l’extradition de Pablo Gonzalez, afin qu’un " processus judiciaire juste soit enclenché ". Des organisations de journalistes professionnels de neuf régions (communautés autonomes) espagnoles, ainsi que le Parlement de la communauté País Vasco ont également demandé sa libération. Pour le moment, le gouvernement et la diplomatie espagnols sont restés très silencieux sur cette affaire.

Car selon les défenseurs et avocats de Pablo, le dossier est très léger, voire complètement vide : un passeport russe et des soupçons ne suffisent pas apporter la preuve que Pablo est un espion. Et même si les soupçons étaient fondés, la guerre en Ukraine ne justifie pas les délais et les conditions de détention du prisonnier. Amnesty international souligne en effet, des irrégularités dans la procédure : Pablo Gonzalez n’a pu avoir accès à un avocat qu’après deux mois de détention, ce qui est contraire à la Charte des Droits Fondamentaux de l’Union Européenne.

Pablo Gonzalez est aujourd’hui défendu par l’avocat pénaliste international Gonzalo Boye avec qui il a pu s’entretenir récemment, ainsi qu’avec le Consul d’Espagne en Pologne.

VIDÉO Retrouvez le reportage d'Allande Boutin et Christian Etchegaray en langue basque

durée de la vidéo : 00h02mn07s
Reportage en langue basque signé Allande Boutin et Christien Etchegaray - France Télévisions - Euskal Telebista ©France télévisions

Bi pasaporte baditu : baño Espainiakoa, Pablo Gonzalez izenarekin, bere amaren abizena. Bestea, Errusiakoa, Pavel izena idatzirik eta aitaren errusiar deiturarekilakoa. Hona zertako beregain gerla kazetaria Pablo Gonzalez atxilotzen duen Poloniak : errusiar espioia izaitea leporatzen dio.

Pablo Gonzalezek Espainiako eta Euskal Herriko telebista eta egunkari batzuentzat lan egiten zuen (Público, La Sexta, Gara). Moskun sortu eta errusian bizi izan zen 9 urte arte, Espainiarat amarekin joan baino lehen. Amahizkuntza errusiarra mintzatuz, Sobietar Batasunaren pusken lurraldeetan gerla kazetari gisa berezitu zen. Horregatik, 2022 an hasi zen Ukrainari buruz lan egiten. Errefugiatuei buruzko lana eramaiten zuen, Polonia eta Ukraina arteko mugatik urbil. Hor arrastatu zuen poliziak, Poloniako hego mendebaldean 2022 ko ostailaren 28 an. Errusiar zerbitsu sekretuekin lan egitea susmatzen zuten. 3 hilabetez preso egoitera kondenatua zen.

Urte bete baino gehiago pasa da eta Pablo Gonzalez beti espetxeraturik egon da. Mugarik Gabeko Kazetariak RSF elkarteak dio, Poloniako justiziaren baitan Gonzalez "preso arriskutsutzat" begietsia dela eta baldintza "bereziki gogorrak" pairatu behar dituela. RSF, baita ere Amnesty International mugazgaindiko erakundeek, "ahalik eta azkarren" espetxeratzea amaitu behar dela adierazi dute.

Pablo Gonzalez, bere emaztea Oihana Goiriena eta hiru semeak Gernikan bizi ziren. Oihanak presondegira bisitatzeko baimena ukan zuen joan den azaroan : bi ordu baizik ikusi ziren senar-emazteak :

23 orduz egon behar du zelda barruan, ordu bete baino ez du kanpora ateratzeko, eta kanpora ere bakarrik atera behar du. Ez du beste preso batzuekin kontaktua izaiteko aukerarik. Eta patio txiki batera ateratzen da, 7 bides 4 metroko patio txiki batera. Espozatuta ateratzen dute eta pasioan askatzen dizkiote espozak.

Oihana Goiriena

Pablo Gonzalezen emaztea

Momentukoz, auzirik ez da izan Pablorentzat. Bere lagun eta abokatuen arabera, kazetaria Espainiaratzeko beharra bada, "prozesu justu bat bermatuko duen prozesu judizial bat" abiatzeko. Halabainan Poloniako justiziak Giza Eskubideen Europako Hitzarmena ez duela errespetatzen salatzen dute. Hamar urteko kartzela zigorra jar diezaiokete Pablo Gonzalezi.

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