Le maire de Laas, Jacques Pédéhontaa, a envoyé au président de la République une demande d'autorisation pour expérimenter la culture et la commercialisation du cannabis dans le Béarn des gaves. Une mesure qui selon lui sauverait le monde rural.
Il a l'habitude de faire parler de lui, souvent de façon humoristique. Mais cette fois-ci, Jacques Pédéhontaa est très sérieux. Le maire de Laas a envoyé une lettre au président de la République lui demandant l'autorisation de cultiver et de commercialiser du cannabis dans le Béarn des Gaves.
Défense du monde rural
Jacques Pédéhontaa part de plusieurs constats: l'agriculture est en crise, les paysans ne peuvent plus vivre de leur travail, les bureaux de tabac et les pharmacies disparaissent en milieu rural. La France est l'un des pays les plus répressifs en matière de cannabis, et celui où le nombre de consommateurs est le plus élevé.
Il a donc décidé de lancer cette expérimentation sur 3 ans: le cannabis serait cultivé en plein champ ou sous serres, et transformé par les agriculteurs locaux. Les buralistes commercialiseraient l'herbe à visée récréative et les pharmaciens le chanvre à visée thérapeutique.
Les champs seraient étroitement surveillés par une société de sécurité, secondée par la gendarmerie. Toute cette économie serait contrôlée par la préfecture des Pyrénées-Atlantiques.
L'Etat percevrait des taxes qui, pour l'édile, devraient servir à la prévention à l'usage des stupéfiants à destination des écoliers, aux établissements pour personnes âgées et à l'agriculture biologique et de circuits courts.
Cannabis bio
Une vingtaine d'agriculteurs sont concernés, et l'expérimentation se ferait sur 10 à 20 hectares. Le cannabis cultivé serait bio, sans OGM et avec un taux de THC moindre que celui vendu actuellement par les dealers. Prenant exemple sur le Colorado et l'Uruguay où le cannabis est autorisé, Jacques Pédéhontaa estime qu'un hectare cultivé rapporterait 35 000 euros par an à l'agriculteur. La libéralisation de cette drogue créerait 30 000 emplois en France et mettrait fin au trafic et à l'économie souterraine.
Surtout, Jacques Pédéhontaa espère ainsi lancer le débat sur ce problème, véritable phénomène de société.