Ce lundi 18 novembre marquera la reprise des mobilisations des agriculteurs, bientôt un an après les premiers blocages en 2023. Après une année compliquée, les professionnels souhaitent remobiliser les troupes et prévoient des actions symboliques sur tout le territoire.
Les agriculteurs n'en ont pas tout à fait terminé avec les blocages. Toujours dans l'attente d'avancées concrètes pour la profession, l'ensemble de la filière prévoit de nouvelles actions sur tout le territoire dès lundi 18 novembre, après un appel national des syndicats à se remobiliser.
Quasiment un an après les premières manifestations qui avaient paralysé le pays l'année passée, "seuls 10 % des problèmes ont été résolus, lance Jonathan Lalondrelle, éleveurs de volailles et membre des Jeunes Agriculteurs dans les Landes. Le mal-être des agriculteurs, lui, est resté et aucun signal n'est envoyé pour nous redonner confiance."
Feux de protestation, panneaux de ville retournés
C'est donc pour lancer un nouvel appel à l'aide que la FNSEA et les Jeunes Agriculteurs ont appelé, en octobre, l'ensemble de la profession à se faire entendre dans la rue. À partir de lundi, et même dès dimanche soir à certains endroits en Nouvelle-Aquitaine, "100 % des départements seront mobilisés" indique Clément Courteix, président de région des JA. Mais pour ce deuxième acte, pas question pour le moment, d'entraver la circulation par le biais d'opérations escargots ou de blocages d'autoroutes. Les actions prévues sont surtout symboliques.
On ne fait pas sortir quelqu'un de son exploitation aussi facilement qu'on pourrait le croire. Ca demande de l'organisation, de la volonté, il faut convaincre les agriculteurs de se mobiliser.
Jonathan Lalondrellesyndicat des Jeunes Agriculteurs Landes
Concrètement, en Gironde par exemple, une centaine d'agriculteurs sont attendus pour un feu de protestation, lundi 18 novembre, dans l'après-midi sur les bords de Garonne à Bordeaux, entre le pont Saint-Jean et le pont de pierre. Ce feu sera allumé avec les vignes arrachées, "symbole du problème d'arrachage" très présents dans le département. Des ralentissements devraient se créer le temps que les quelques agriculteurs rejoignent le lieu de rendez-vous. "Notre mot d'ordre, c'est de ne pas bloquer les autoroutes, suite aux fortes amendes que nous avons reçues après les mobilisations de début d'année", précise Serge Bergeon, secrétaire général de la FNSEA en Gironde.
"Si rien ne bouge, on partira bloquer les routes"
Dans les Landes, dans la nuit de dimanche à lundi, les agriculteurs prévoient de bâcher les panneaux des noms de ville et d'inscrire des slogans forts : "Vous êtes perdus ? Nous aussi."
"On veut continuer la symbolique du début d'année quand on avait retourné les panneaux et montrer que rien n'a changé", explique l'éleveur Jonathan Lalondrelle. La journée de lundi, quant à elle, sera consacrée à des temps de rencontre avec des parlementaires et un rendez-vous prévu en préfecture. Des points de rencontre seront mis en place à Dax et à Mont-de-Marsan.
Les agriculteurs de la Coordination rurale, de Limoges à Perpignan, se joindront au mouvement national dès mardi 19 novembre, avec des tracteurs remplis de lisiers prêts à déverser. Dans le Lot-et-Garonne, ils partiront dès 10 heures de Colayrac vers Agen, avec un rendez-vous à midi devant la préfecture. "On se laisse jusqu'à mercredi pour avoir des réponses et si rien ne bouge, on partira bloquer les routes et toutes les enseignes qui touchent à l'alimentaire", détaille le vice-président José Perez.
Mercosur en ligne de mire
Si de son côté le gouvernement assure "que toutes les promesses faites aux agriculteurs seront tenues", les professionnels quant à eux, veulent que le calendrier s'accélère notamment concernant l'étude de la loi d'orientation agricole, repoussée à janvier 2025 après la dissolution. "Ça va faire un an qu'on a alerté sur le fait que la situation est compliquée, on sait qu'il y a eu la dissolution qui a tout changé, mais on avait des députés qui avaient commencé le travail et aujourd'hui, on n'a plus rien", grogne Clément Courteix.
Nous, on veut une alimentation de qualité, on se bat pour ça tous les jours. La Nouvelle-Aquitaine est la première région avec label, on est reconnus pour ça et ils sont en train de tout détruire.
Jonathan Lalondrellesyndicat des Jeunes Agriculteurs Landes
Surtout, ils réclament "des solutions concrètes", à l'image des simplifications apportées concernant la taxation du Gazole non routier (GNR) après les manifestations de l'année dernière.
En ligne de mire, la probable ratification du traité de Mercosur lors du G20 qui débute lundi. "La goutte de trop" pour les agriculteurs, qui voient d'un mauvais œil cette ouverture à la concurrence entre l'Union européenne et le Brésil, l'Argentine, l'Uruguay, le Paraguay et la Bolivie. "On ne comprend pas, on ne peut pas continuer à mettre notre agriculture face à des produits qui ne respectent pas notre réglementation, peste Jonathan Lalondrelle des Jeunes agriculteurs. On n'est pas là pour empêcher le commerce international, mais si on veut redevenir une puissance agricole, il faut qu'on joue tous avec les mêmes règles du jeu."
📢🛒 Info #Conso | ✊🚜L’accord #Mercosur, c’est 180.000 t de #volaille 🐔🍗 importées en 🇪🇺, provenant de pays d’#élevage utilisant des antibiotiques activateurs de croissance interdits 🚫 en France depuis 2006 !
— La FNSEA (@FNSEA) November 14, 2024
✅🐔🍗 Protégeons les volailles françaises, défendons la filière… pic.twitter.com/4jfLTqcKIo
"On veut une vision"
"Dans les faits, on importe plus de la moitié de volailles en France. On en produit trop et pourtant on en importe la moitié avec des règles qui ne sont pas les mêmes que les nôtres", s'agace Serge Bergeon, secrétaire générale de la FNSEA Gironde.
Quand vous achetez une maison, vous voulez savoir si dans quelques années la maison risque d'être envahie par la mer. Pour nous, c'est pareil, on a besoin de savoir ce qu'on veut demain comme agriculture
Clément Courteixprésident des Jeunes Agriculteurs Nouvelle-Aquitaine
Au sortir d'une année difficile pour les agriculteurs sur tout le territoire, cette mobilisation est amenée à durer et pourrait monter crescendo avec "une possible mobilisation commune sur Paris". "Nous, en tant que jeunes agriculteurs, on a besoin d'une vision, abonde Clément Courteix. On a un climat qui change et on est les premiers à subir ça. Face à ce changement climatique, on doit continuer à produire et pour l'instant, on n'a pas encore toutes les clés."