Le débat est toujours aussi animé dans les Pyrénées après les résultats de cette consultation publique qui donnent des avis très majoritairement favorables. Voilà une consultation qui conforte la décision de Nicolas Hulot attendu "fin août ou début septembre" en Béarn d'après la Préfecture.
C'est oui ! La majorité des contributions est en faveur du renforcement de deux ourses dans les Pyrénées-Atlantiques.
Des chiffres qui appuient le choix de Nicolas Hulot attendu "fin août ou début septembre" en Béarn d'après la Préfecture qui ne confirme aucune date, pas plus que le ministère. Une première visite annoncée le 23 juillet dernier à Estaut avait été annulée au dernier moment.
En un mois, la consultation publique sur le sujet a donné lieu à 5970 réponses. Les contributeurs ont pu formuler leur avis, leurs observations en ligne.
Qui est pour ?
C'est tout l'hexagone qui s'est exprimé, grâce à cette consultation par voie électronique. Un résultat sans appel sur la France entière : 88,9 % des contributeurs sont pour l'introduction de 2 femelles.
Si l'on regarde de près les 6 départements pyrénéens, les chiffres baissent : 71,6 %, et pour le département concerné, baisse encore avec tout juste la moyenne : 58,1 %.
Le Palois Jean-François Blanco, élu EELV à la région Nouvelle-Aquitaine, en a fait la priorité de son mandat d'où sa satisfaction. "C'est un résultat excellent avec une participation importante et diverse car tout le monde s'est exprimé. Ca donne une légitimité forte. Le résultat démontre que la biodiversité est majoritaire. "
J'ai la certitude que ça va se faire.
Tout le contraire pour Olivier Maurin , Porte-parole des éleveurs transhumants pyrénéens contre cette mesure, qui a une toute autre lecture des chiffres :
Une consultation en ligne nationale qui concerne un tout petit territoire, ça n’a aucune valeur ! Pour donner son avis, il faut être un au courant...
Les communes béarnaises, classées en zone montagne, ont, elles, exprimé leur souhait aussi de voir les ourses sur leur territoire avec 58,6 % d'avis favorables.
A relever : 26,5 % des avis émanent des départements pyrénéens dont 10,9 % Pyrénées Atlantiques, et donc 62.6 % des autres contributeurs habitent les autres territoires français, c'est une mobilisation importante.
Olivier Maurin analyse les chiffres avec plus d'avis défavorables dans le département. "Au niveau local, on reprend mieux la réalité de la cohabitation. Les gens lorsqu’ils sont proches du terrain sont conscients que ce n'est pas bon pour le territoire. "
Pourquoi oui ?
Mis en avant la protection de l'ours, l'écologie, son statut emblématique, son caractère patrimonial et touristique, des raisons éthiques et économiques, voilà les argumentaires mis en avant et récurrents pour dire oui au renforcement de la population des ourses dans le département.
L’ours a sa place dans les Pyrénées.
Cette phrase type a été reprise de nombreuses fois.
Les participants vont même plus loin en argumentant sur la pérennisation d’une espèce en danger d’extinction. Parmi les avis, on retrouve une centaine de fois "Il faudra notamment donner plus de poids à cette action en poursuivant les lâchers."
La présence de l’ours est considérée comme un atout économique de la région pour une part non négligeable des participants ( 569 ). Cela apporte une image positive quant à la préservation de l’environnement avec la promesse de développer le tourisme vert, c'est le sentiment qui ressort des avis.
Pourquoi non ?
Sans surprise là-aussi, les raisons mises en avant contre la réintroduction sont axées sur son incompatibilité avec le pastoralisme, concrétisée par "une dégradation des conditions de travail et une perte de revenus pour les agriculteurs, les éleveurs, et les bergers".
Quant aux compensations financières, elles ne prendraient pas assez en compte la perte morale que représente la disparition d'une bête pour ceux qui se sont exprimés.
Des craintes sont aussi liées à une atteinte au développement de la région que l'on peut résumer par "un ensauvagement et désertification."
Enfin, les opposants argumentent d'un « gaspillage financier ». Les fonds dédiés à cette cause peuvent servir pour d’autres missions sociales, économiques ou écologiques, d'après les avis négatifs relevés.
Ours : résultats complets de la consultation publique
Les différentes étapes de la concertation- Depuis 2012 : concertations pour l’élaboration de la stratégie pyrénéenne de valorisation de
la biodiversité et de son volet Ours menées par le préfet de massif au sein du Comité de
Massif avec les parties prenantes : Élus, services de l’État, représentants de la profession
agricole, professionnels de la montagne, associations... ;
- 2013 : Réalisation de l’expertise collective scientifique du Muséum national d’Histoire
naturelle sur « L’Ours brun dans les Pyrénées » (réactualisée en 2018) ;
- 2014 : Réunion de groupes de travail afin d'élaborer des propositions d’actions pour le volet
Ours brun de la SPVB (Stratégie Pyrénéenne de Valorisation de la Biodiversité) et
présentation à la commission permanente du comité de massif ;
- le 1er juillet 2016 : vote du comité de massif où les mesures d’accompagnement et de
gestion de la population d’ours n’ont pas suscité de débat. En revanche, le sujet sensible du
renforcement de la population a donné lieu à un vote partagé (50/50) ;
- du 15 février au 08 mars 2017 : consultation du public sur le projet de plan d’actions Ours,
dans sa dernière phase de construction, avec une majorité (95,2%) pour un programme de
renforcement de deux ourses ;
- mai 2018 : après sa validation par le ministre de la transition écologique et solidaire,
publication du plan d’actions Ours brun 2018-2028 qui prévoit le renforcement de la
population d’ours sur le territoire avec la réintroduction de deux ourses dans les Pyrénées-
Atlantiques ;
- mai-juin 2018 : sur mission du ministre de la transition écologique et solidaire, le préfet des
Pyrénées Atlantiques dialogue avec l’ensemble des parties prenantes et les élus locaux pour
identifier les conditions de réussite de ce renforcement, en particulier concernant la
protection des troupeaux et du pastoralisme ;
- juin 2018 : le dossier de demande d’autorisation d’introduction est adressé au préfet du
département des Pyrénées-Atlantiques par l’ONCFS ;
- du 25 juin au 25 juillet 2018 : participation du public en ligne sur le renforcement de deux
ourses et sur les modalités d’accompagnement nécessaires pour l’élevage ;
-août : analyse des 5970 contributions à la consultation publique sur le renforcement et
publication de la synthèse de la participation du public.
