La préfecture des Pyrénées-Atlantiques a validé le projet d'extension de la ferme aux cochons à Escoubès dans le Béarn. 6 500 animaux seront en permanence dans le bâtiment et 17 000 au total sur une année passeront par là. L'exploitant est satisfait mais l'opposition ne s'avoue pas vaincue.
Alors que l'agriculture intensive et la cause animale sont plus que jamais au cœur des débats, la "ferme aux 17 000 porcs" ne va pas calmer les ardeurs.
Dans son exploitation, Sébastien Boudassou pourra accueillir 6 500 animaux en permanence et verra transiter 17 000 bêtes par an au total dans ses infrastructures. Le dossier n'a pas été de tout repos.
Manifestation contre le projet en avril, avis favorable au projet du commissaire enquêteur en mai, validation de la préfecture en août... Le parcours a été semé d'embûches mais "on est arrivé au bout", affirme le gérant.
Les odeurs totalement détruites
Avoir la validation de l'Etat va permettre le lancement des travaux. L'agriculteur a trois ans pour lance le chantier d'extension. Il devra répondre à un cahier des charges strictes.
Les riverains avaient peur des odeurs, mais elles "seront détruites totalement", assure Sébastien Boudassou. Des filtres seront installés pour laver l'air.
Et concernant le bien-être de ses bêtes, il pense aussi "qu'on ne peut pas faire mieux". Les porcs seront ainsi nourris sans antibiotiques.
"La fin des paysans"
Pour l'exploitant, c'est ce genre de fermes qui va se développer à l'avenir en France pour répondre aux besoins de la population. L'agriculteur veut tenter de palier la baisse de production du jambon de Bayonne.
Du côté de l'opposition, on n'est pas de cet avis. "C'est la fin des paysans", assène Eurydice Bled, porte-parole d'Europe Écologie Les Verts dans le Béarn.
Un élevage jugé "intensif"
Pour elle, forcément, cet exemple d'élevage "intensif" empêche d'autres agriculteurs de s'en sortir. Si elle reconnaît que le projet est dans les règles, elle regrette qu'il n'aille pas dans le sens de l'agriculture "durable" qu'elle défend.
La militante veut favoriser les circuits courts et critique "l'empoisonnement des consommateurs" et la "maltraitance animale". Elle souhaite aller vers une "production de qualité" plutôt que de quantité.
Eurydice Bled s'en prend aussi au modèle agricole, "détenu à 90% par des agro-industriels". En effet, le projet sera soutenu et en partie financé par les groupes Fipso et Euralis.
L'appel à Nicolas Hulot
J’apprends par l’association de riverains que le @Prefet64 donne son autorisation au projet de ferme-usine des #6500cochons sous réserve d’un autre plan d’épandage. @N_Hulot quelle forme d’agriculture défendez-vous? @L214 @jfblancoMI @PETA_France @DavidCormand @EELV il faut agir!
— Bled Eurydice (@EurydiceBled) 20 août 2018
L'écologiste en appelle donc au Ministre de la Transition écologique et solidaire "qui défend l'agroécologie" et dont elle attend une volonté politique. "J'ai l'impression que Nicolas Hulot n'a pas les mains libres", regrette-t-elle.
En espérant une éventuelle prise de position du gouvernement, les opposants pourraient de nouveau manifester à Esboués devant le terrain de ce projet, qui a donc trois ans pour sortir de terre.
"Le combat ne fait que commencer"
Les opposants ont désormais deux mois pour faire un recours (qui ne sera pas suspensif) auprès de Nicolas Hulot, qui est capable de casser l'arrêté préfectoral, ou/et en portant l'affaire devant le tribunal administratif.
Pour le conseiller régional Jean-François Blanco, en tout cas, il est "hors de question" que la Région ne finance ce projet de ferme.
Notre groupe @ElusEELVNvleAqu refusera tout financement pour ce projet @Min_Ecologie @N_Hulot https://t.co/ssnGUzQKE8
— BLANCO Jean-François (@jfblancoMI) 21 août 2018
Alors l'avocat écologiste prévient : "Le combat ne fait que commencer."