Depuis samedi, les équipes de la locale de France 3 Pau Sud Aquitaine sont confinées chez elles. Un des salariés est atteint du coronavirus. Depuis, la vie s'organise, entre stupeur et ennui. Récit.

Société
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Samedi matin, un jour comme un autre pour une journaliste de permanence le week-end. Départ pour Gourette, reportage sur les stations de ski face à la crise du coronavirus. Arrivés sur place, mon collègue et moi sommes stupéfaits de voir autant de monde sur le parking, des skieurs venus en masse avant que cela ne ferme. Il fait beau malgré un léger brouillard, nous montons. En haut de la télécabine du Bézou, c'est l'affluence: malgré l'annulation par l'ESF des cours collectifs, l'espace débutant est bondé. Nous interviewons des amateurs de glisse, ravis de la neige et du soleil, et nous entendons des remarques telles que "le virus ne vient pas en montagne" ou "on est en extérieur, on ne risque rien". Entre insouciance et inconscience.
 

Une situation qui bascule en 10 secondes


Après avoir enregistré notre intervention pour le journal de midi, nous descendons envoyer nos images et interviews. Et alors que nous nous apprêtons à interviewer des commerçants, un coup de fil, notre rédacteur en chef: "Laissez tomber votre reportage et rentrez chez vous, il y a un cas de coronavirus dans la locale, on est tous placés en quatorzaine!" Stupeur. Etonnement. Je n'ai pu qu'articuler un "mais on ne finit pas le reportage?". Au bout du fil, mon chef s'impatiente: "tu ne comprends pas? On est confinés!" 

Juste le temps de penser qu'on avait croisé pas mal de monde ce matin-là (journalisme oblige), mais qu'on avait fait attention à ne pas serrer de mains ni embrasser quiconque, et nous voilà repartis vers Pau. Atmosphère un peu tendue dans la voiture, toujours cette stupéfaction d'une situation qui bascule en 10 secondes. Arrivés à la locale, nous posons le matériel, la clé de la voiture et nous nous disons à bientôt, direction nos domiciles respectifs. La télé en VOD et la lecture font le reste. Voici le reportage qui a été terminé par un collègue à Bordeaux.
 

Heureusement, j'étais en repos la veille, j'avais pris soin de faire des courses pour que le frigidaire ne soit pas complètement vide.  Un appartement m'attend pour 15 jours.
Le 1er après-midi passe très vite, presque comme des vacances. Notre rédacteur en chef a la bonne idée de créer un groupe sur un réseau social pour les membres de l'équipe, on peut ainsi avoir des nouvelles des uns et des autres, et surtout du collègue malade, qui va bien à l'heure où j'écris. Des amis m'appellent, me proposent de me faire des courses, mon boulanger veut bien me livrer le pain, la solidarité s'organise et réchauffe le coeur.
 

Jour d'élection


Dimanche, jour d'élection municipale, un temps fort pour des journalistes de proximité. On a tellement travaillé sur le sujet, entre reportages et préparation des débats.
Mais aujourd'hui, je vivrai cette journée d'une manière très particulière, à la maison, à l'affût de la moindre info sur les réseaux sociaux, internet, par téléphone. Faire son métier, toujours, mais pour qui? Une équipe est envoyée de Bordeaux à Pau pour couvrir la soirée électorale, mais j'ai tant de résultats sur les petites communes dont je ne peux rien faire! Quelle frustration!
Et dans la soirée  parvient l'info d'un possible confinement général. Une mesure qui ne m'étonne pas quand on voit l'inconséquence des gens qui s'agglutinent dans les marchés, sur les quais de la Garonne, dans les parcs à Bordeaux ou dans les soirées électorales.
 

Loin d'être des vacances


Le confinement n'est pas un temps de repos bien mérité. Il est frustrant, énervant, inquiétant, mais par bonheur je ne suis pas malade. Je prends ma température deux fois par jour, pour l'instant tout va bien. Je pense à notre collègue malade, à ce journaliste d'encadrement de France 3 Poitiers hospitalisé*, à ce confrère de France 2 et sa femme touchés également.
Cette maladie n'est pas une simple grippe, protégez-vous, protégez votre entourage et prenez la chose au sérieux. Pour ne pas avoir à passer de l'insouciance à la réalité en l'espace de 10 secondes.

MAJ : 17/3/2020 14:38
* Pas de Covid-19 finalement pour le journaliste d'encadrement de France 3 Poitiers. Il est en bonne santé. Le station de France 3 Poitiers sera rouverte demain.
 
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