Pour quatorze maires du littoral, "il y a une irresponsabilité de l'Etat à laisser les discothèques fermées". Maider Arosteguy, maire de Biarritz, fait partie de ces maires signataires de la tribune parue ce lundi 17 mai dans Le Parisien.
L'ouverture des discothèques serait une mesure très forte pour avoir un été comme avant ce Covid.
"Je suis l'action des discothèques comme tout agent économique de ma ville, mais plus précisémment depuis l'année dernière"
A l'été 2020, Maider Arostéguy prend conscience de l'utilité des boîtes de nuit de sa commune "on s'est rendu compte de cet outil de régulation qu'ils sont... On a subi la prolifération de fêtes dans les appartements et dans les lieux publics" dit-elle, avant de reprendre "Bien sûr que les discothèques sont des régulateurs, elles évitent la consomation de drogues et ces nuisances sonores partout en ville".
"... à la catastrophe économique, risque de s’ajouter le désordre et le risque sanitaire. Car sans voies alternatives, des fêtes sauvages et désorganisées feront inévitablement leur apparition. Chacune d’elles suscitera à juste titre l’indignation car elles ne respecteront évidemment pas les normes sanitaires et sécuritaires si chères à la profession des professionnels de la nuit. Un sentiment de déjà-vu…" argumentent les rédacteurs de la Tribune parue dans Le Parisien ce lundi 17 mai.
L'été dernier se souvient la maire de Biarritz, les quelques 1500 jeunes désoeuvrés et alcoolisés occupant quotidiennement la grande plage l'ont ammené à fermer ce lieu dès 22 heures au début du mois d'août.
Elle souligne ainsi les quelques échauffourées et les bouteilles cassées jonchant la plage mais insiste "on a décidé de la fermer car c'était des rassemblements très importants sources de cluster. Comme ces jeunes étaient souvent hébergés chez les parents et les grands parents, c'était un risque trop important".
Concertation avec les responsables de discothèques
"Ca fait plaisir de voir qu'on est soutenu par nos maire" réagit Anthony Sincholle, responsable de la discothèque le Caveau à Biarritz. "Il se sont rendu compte qu'on est de vrais acteurs de la nuit et que ça évitait pas mal de débordements". Quand ce gérant d'établissement nocturne reprend le déroulé de l'année dernière, il se souvient de la première réunion qui a amené à cette prise de conscience. Lancée à l'appel des riverains, il y participe bien que son établissement soit fermé et se rappelle "les gens ont pu prendre conscience qu'on a une réelle utilité".
Dans le courrant de l'été, après plusieurs réunion à l'initiative des patrons de discothèque, Maider Arosteguy propose à la gérance une terrasse surplombant le casino municipal afin de faire converger les fêtards vers un lieu dédié, et selon les normes en vigueur. Ce sont les responsables du Duplex qui s'y collent.
Du 25 juillet à début septembre, ce lieu rebaptisé le Roof Top accueille jusqu'à 300 personnes et permet surtout de faire travailler les 22 employés du couple. "Réellement, on a surtout pu payer les salaires de nos employés et tirer deux mois de loyers".
Car le lieu éphémère bouscule les habitudes des habitués et peine à trouver complètement son public. Mais au moins, précise Cedric Cappadoro, "on avait des agents de sécurité, les 300 places assises étaient safe, on a fait travailler des artistes locaux, des fournisseurs et tous les jeunes n'étaient pas dans des appartements mais sous notre surveillance".
Par ailleurs, au même moment, le couple observe dépité ce qu'il appelle les aberrations du confinement "on a très bien vu sur les story qu'il y avait des soirées clandestines de partout, et les bars se transformaient et étaient les discothèques qui fermaient à 2 heures du matin".
On avait qu'à lever la tête depuis le roof top et on voyait des jeux de lumières dans les appartements, ils faisaient la fête. Et c'est ce qu'il va se reproduire cet été si on est fermés.
Et il reprend selon ses observations de l'année dernière, "dans les bars ça va être pareil, les jeunes vont boire plus que de raison parce qu'ils savent que ça ferme à 2 heures du matin. Avec nous ouverts, ils boivent un verre ou deux, ils se canalisent sinon ils ne peuvent pas entrer en boîte et ils se tiennent à carreau après, parce qu'on a huit à neuf agents de sécurité. Et après, fatigués, ils rentrent à la maison".
Faire converger les intérêts de chacun
Si la maire de Biarritz dit réfléchir à un nouveau dispositif de sécurisation de sa ville pour l'été, elle fait rapidement l'aveu de son incompétence à pouvoir tout régler sans aide de l'état "Que nous soyons honnêtes avec les citoyens, nous n'avons pas les moyens de lutter contre les nuisances partout".
Après avoir fait mention de l'embauche de policiers municipaux cette année en nombre insuffisant, elle insiste également sur la problématique posée par les locations saisonnières extrêmement nombreuses et dont les locataires incontrôlables peuvent venir uniquement pour faire la fête.
De leur côté, les professionnels de la nuit souhaitent une ouverture au mois de juin mais pas à n'importe quel prix. Dans son établissement, Anthony Sincholle n'a aucun espace extérieur et déclare tout de go "si on nous impose des mètres carrés et des jauges, moi, je ne pourrai pas ouvrir. Les gestes barrières dans une boîte de nuit c'est impossible à tenir".
Faits pour lesquels il réclame la mise en place du pass sanitaire, sans trop y croire "J'ai un fort doute, je ne crois pas trop à l'ouverture au 1er juillet, Monsieur Veran a bien douché nos espoirs lors du vote de la prolongation d'état d'urgence".
Pour Cédric Cappadoro, il y a plusieurs inconvénients au pass sanitaire. "Ils parlent de pass sanitaire pour nous, mais les bars et les restaurants non. C'est encore un problème d'équité commerciale." Il parle également de la probité d'un tel document "toute l'année, on bataille déjà avec de fausses pièces d'identité sur les téléphones, faites avec Photoshop, là ce sera pareil".
Ceci avant d'ironiser "On se sert de nous pour faire vacciner les jeunes, mais allez y, si c'est pour rouvrir nos établissements", avant de conclure froidement "mais nous on oubliera pas qu'on a été sept mois sur le bord de la route sans aucune indemnité ni rétroactivité".
Le responsable du Syndicat national des discothèques et lieux de loisirs, le Girondin Patrick Malvaes, joint ce matin, nous précisait qu'une réunion est prévue ce lundi soir 17 mai avec les membres du gouvernement pour mettre ensemble cartes sur table.