Francesca Clayton a réalisé une série de 100 portraits de personnes porteuses de handicaps variés. La photographe d’Orthez, en Béarn, met en avant la particularité de ces modèles et questionne le regard du grand public sur les différences. Le projet intitulé “Different is beautiful 2.0” fait l’objet d’une exposition itinérante à travers la France.
Vêtus ou bien dénudés, les modèles de Francesca Clayton s’exposent en toute simplicité. Amputés, paraplégiques, autistes, aveugles.. Ils affichent leur différence sans complexe dans une série de portraits en noir et blanc, imprimés sur de grandes bâches en PVC. La centaine de clichés fait partie du projet “Different is beautiful 2.0”, exposé dans 18 villes de France et de Belgique.
Des modèles trouvés sur Instagram
Durant un an, l’artiste originaire d'Angleterre a sillonné l’Hexagone à la recherche de modèles porteurs d’un handicap. La photographe les a trouvés en postant un message sur son compte Instagram. Les intéressés se sont rapidement fait connaître. “J’ai reçu plein de messages de personnes qui avaient besoin de parler de leur situation, de faire passer des messages, de s’accepter comme elles étaient”.
Parmi elles : Cindy, habitante de Rouen. La jeune femme est atteinte de la maladie de LIS. Cette pathologie neurologique extrêmement rare entraîne une paralysie complète. Elle a fait son apparition chez la jeune femme après un AVC survenu à 25 ans. “Elle est enfermée dans son corps. Mais elle ressent tout. Elle ne peut communiquer que par les yeux, les mimiques et les sourires”.
En légende de chaque photo, l’artiste raconte les coulisses de ses clichés et met en lumière une variété de handicaps, même les plus invisibles. À l’image de l’endométriose, une maladie gynécologique responsable de douleurs durant les règles, possible facteur d’infertilité.
Après un premier projet photographique centré sur le corps des femmes et leurs complexes, réalisé en 2015, Francesca Clayton concrétise une idée qui a germé durant l’adolescence. "Lorsque je me promenais avec une amie atteinte de paralysie cérébrale, j’ai expérimenté avec colère ces «regards qu’il faut changer ». Sa démarche, un peu raide, éveillait la curiosité. Les têtes se tournaient vers elle, les regards nous poursuivaient. Pesants, insistants. Alors, elle m’a expliqué. C’est normal qu’on la regarde, car elle est différente", écrit la photographe sur son site Internet.
Elle m’a surtout fait comprendre que si ces regards-là me dérangeaient tant, c’était peut-être que j’avais moi-même du mal à accepter son handicap.”
Francesca Clayonwww.differentisbeautiful.fr
Voir le reportage de France 3 Pau Sud Aquitaine
Son travail, exposé dans 18 villes françaises et belges, questionne le regard du public sur la différence : “Je veux mettre en avant le handicap mais je veux qu’on voie la personne avant qu’on ne voie le handicap”. À l’occasion des vernissages successifs, la photographe souhaite récolter des fonds au bénéfice de la recherche sur la paralysie cérébrale.