VIDÉO. Le changement climatique fragilise les abeilles

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Apiculture : une filière fragile ©France télévisions

Les abeilles sont les sentinelles du climat et de la biodiversité. Le changement climatique, les pesticides et le frelon asiatique sont autant de menaces pour l'apiculture. Les élever devient presque un défi.

L’hiver touche à sa fin. Pour les apiculteurs, c’est bientôt le réveil des abeilles. Ce jour-là, dans le petit village d’ Argagnon en Béarn, Paul Fert ouvre ses ruches pour la première fois depuis octobre. C’est un moment crucial. L’heure de vérité. Seront-elles suffisamment nombreuses ? Le jeune homme observe la colonie.

Bilan de mortalité hivernale


"Là, nous avons déjà une population qui est suffisante. Si la population était plus petite, elle ne pourrait pas forcément maintenir la température dans la ruche. Si on est autour de 15 % de perte hivernale on est plutôt content, malheureusement parfois, on arrive autour des 30 %. On verra si c’est un hiver compliqué ou plutôt correct".
C’est la première étape du bilan de mortalité hivernale. Ce dernier détermine toute une saison. S’il est encore trop tôt pour se prononcer, l’apiculteur espère que 2023 sera une bonne année, car la filière est fragile et les menaces nombreuses.

J’ai connu, moi, les années faciles, quand le miel se vendait bien. Les rendements étaient plus importants qu’aujourd’hui, on faisait moins de kilomètres.

Gilles Fert, Apiculteur

France 3 Aquitaine

Des colonies sous pression

L'apiculture subit les conséquences des pesticides, de la monoculture, de la disparition des haies. Sans parler du parasite comme le varroa et du frelon asiatique qui décime les ruches. L’insecte nuisible sort de son hibernation entre la fin de l’hiver et le début du printemps. C’est le moment de le chasser. 
"Il faut piéger les frelons, et c’est maintenant que ça se passe. Les reines fondatrices qui vont créer les nids vont sortir de terre et il faut installer des pièges pour pouvoir les arrêter" explique Pierre Verger, le président du syndicat apicole de la Gironde.
 Selon lui, les abeilles qui assurent 35 % des ressources alimentaires par la pollinisation sont en danger. "On a un certain nombre de facteurs aujourd’hui qui mettent la pression sur les colonies". Mais pas de quoi décourager, Paul Fert. Avec son père, il continue de pratiquer le métier avec passion, même si les temps ont changé.
"C’est un métier qui est devenu un peu plus technique, j’ai connu, moi, les années faciles, quand le miel se vendait bien. Les rendements étaient plus importants qu’aujourd’hui, on faisait moins de kilomètres. Maintenant, il faut courir, transhumer, déplacer les ruches à la recherche du bon endroit au bon moment. Il y avait moins de parasites. Le frelon asiatique n’existait pas et puis on avait moins de problèmes climatiques. Aujourd’hui, notre activité est devenue compliquée ", raconte Gilles Fert.

Les abeilles face aux changements climatiques

Autre défi, celui du bouleversement climatique et son lot d’incendies, de grêle, d’inondations et de sècheresses. Autant de changements qui font souffrir les ruches. Les récoltes sont alors de plus en plus irrégulières. 2021 a, par exemple, été la pire année de l’apiculture française avec moins de 10.000 tonnes produites.
Alors le père et le fils tentent de reconstituer les cheptels en façonnant l’environnement et en adaptant les pratiques. Ils ont planté trois hectares d’acacias. Ces arbres sont là uniquement pour être butinés. Gilles Fert en est persuadé : "il faut inciter les gens à planter des choses intéressantes. Au lieu de planter un platane et bien, on va planter un cerisier fruitier quelconque, c’est bon pour les abeilles, bon pour les insectes et pour les oiseaux et l’être humain aussi s’il y a des fruits".
Une analyse partagée par le Pierre Verger. Lui aussi estime que le changement climatique modifie les pratiques d’apiculture. "Il faut effectivement essayer d’adapter les plantations. Il faut à tout prix réfléchir à de nouvelles essences qui puissent s’adapter désormais à un climat qui est totalement bouleversé".
D’ici là, avec l’arrivée des beaux jours, les premières gouttes de miel apparaissent sur les cadres des ruches d’Argagnon. Les abeilles se sont remises au travail.

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