Assises de Pau : « Je n’ai jamais eu l’intention de tuer ce jeune homme, je voulais me protéger » (F. de Chérancé)

Le procès de Frédéric de Chérancé s’est ouvert ce lundi. Il risque 30 ans de prison pour avoir poignardé un jeune Landais suite à une altercation à un feu rouge.

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L’accusé a été longuement entendu ce lundi, lors du premier jour d’audience. Il est jugé aux assises de Pau pour homicide volontaire. Un procès qui devrait durer quatre jours.

Ce matin il a comparu libre et s’est donc assis dans le box des accusés laissé ouvert. Après cinq mois de détention, il a en effet porté un bracelet électronique pendant un an avant d’être placé sous contrôle judiciaire strict.

« On n’accepte pas que ce monsieur se promène » (père de la victime )

Une mesure mal acceptée par la famille de la victime. «  On n’a pas l’esprit de vengeance mais on voudrait la justice quoi », explique le père de la victime Claude Sallefranque. « Notre fils il est en terre. On n’accepte pas que ce monsieur se promène. Parce qu’actuellement il est en liberté. Il fait ce qu’il veut. Il prend des vacances. Notre fils lui il en prend pas ».

Lors de l’audience, le parcours de l’accusé a d’abord été évoqué. Présente à l’audience, notre journaliste, Elise Daycard a retranscrit pour nous les propos tenus par l’accusé.

A voix basse il a évoqué une famille pauvre, des parents qui se disputaient, une mère alcoolique, mais sans maltraitance envers les enfants. Un père presque aveugle, restait à la maison, a relaté l’accusé. Frédéric de Chérancé a ensuite raconté sa vie professionnelle, la menuiserie, les nombreuses entreprises montées en France et à l’étranger mais aussi le brevet pour des maisons flottantes en cas d’inondation. Jusqu’au problème de vertèbre qui l’a empêché de travailler. Il a alors perçu une pension d’invalidité.

« Il frappait la voiture si fort que j’ai eu peur » (F. De Chérancé)

Vient enfin le moment d’évoquer cette soirée du 25 août 2016. Celle où suite à une altercation à un feu rouge, il a poignardé Baptiste Sallefranque avant de prendre la fuite en Espagne. « Quand le conducteur est sorti de la voiture, il était très énervé, il tapait fort sur la voiture », a-t-il déclaré lors de l’audience. « J’ai essayé de passer la 1ere pour partir, ça a merdé, j’ai pas réussi. J’ai vu le couteau avec les outils à côté de moi, je l’ai pris parce que j’avais peur (…)».

On s’est retrouvé face à face, il s’est avancé, j’ai fait un geste pour le repousser et le couteau est rentré.

L'accusé

"Après, j’ai paniqué, je suis parti (…). Je n’ai jamais eu l’intention de tuer ce jeune homme, je voulais me protéger. Est-ce qu’il avait une arme? Non, mais il frappait la voiture si fort que j’ai eu peur ». Le silence résonne dans la salle lorsque le tribunal regarde ensuite des photos de Baptiste Sallefranque, son enfance, sa famille, son fils bébé.

Vient le moment d’entendre l’enquêteur de la police judiciaire. Il relate comment l’accusé s’est rendu le 1er septembre au tunnel du Somport après une cavale d’une semaine en Espagne. L’enquêteur évoque le profil de Frédéric de Chérancé. L’accusé était apprécié de ses voisins, gentil avec tout le monde, quelqu’un sans histoire. Il n’a aucun antécédent judiciaire. Son ex-femme l’a accusé d’avoir tenté de l’étrangler. « On n’a rien trouvé », conclut l’enquêteur avant de passer au profil de la victime connue des services de police et gendarmerie. « Ce qui est intéressant c’est que nous avions une idée, une fausse idée de Frédérique de Chérancé », annonce son avocate Alexandrine Barnaba,. « Aujourd’hui nous sommes confrontés à Frédéric de Chérancé comme nous sommes confrontés à la réalité de ce dossier, à la vérité de ce dossier ».

Une victime bien connue des services de police 

À 29 ans, 22 faits lui avaient en effet été reprochés (détention d’armes, vols, escroqueries, violences avec ITT, menaces de mort etc), et surtout violences lors d’altercations avec des automobilistes.

Sont alors diffusées sur un écran géant des photos de la scène le soir du crime. D’importantes traces de sang sont visibles. La famille de la victime peine à regarder.

Demain la famille de la victime fera entendre sa vérité. Elle sera entendue par les jurés et pourra témoigner.

 

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