Officiellement relégué de Betclic Élite après sa défaite à Strasbourg, l'Élan Béarnais Pau-Lacq-Orthez est dans une situation critique. Les difficultés financières du club font craindre le pire à ses supporters, bien au-delà de la Pro B. Dans l'attente d'en savoir plus sur l'avenir de leur club, les supporters sont abattus.
"C'était craint et quelque part, on s'y attendait." Au lendemain de la défaite de l'Élan Béarnais face à Strasbourg (70-90), synonyme de relégation de Betclic Élite, la pilule a encore du mal à passer pour "Los Peones", le groupe de supporter de Pau-Lacq-Orthez. Mais plus qu'une descente à l'étage inférieur, en Pro B, leurs soutiens craignent le pire. Depuis deux saisons, le club accumule les difficultés, notamment financières. Après avoir échappé de peu à la sanction l'an passé, cette fois-ci, le club pourrait vraiment entamer une descente aux enfers. Du côté de la direction de l'Élan Béarnais, silence radio. Malgré le flou ambiant, le club annonce qu'aucune communication ne sera faite jusqu'à la semaine prochaine.
Des supporters effondrés
Camelia Bornet ne peut retenir ses larmes. Après la défaite qui a acté la relégation de son équipe, la membre du club de supporters de Pau-Lacq-Orthez, "Los Peones", est effondrée. Elle avait foi en l'Élan Béarnais jusqu'au dernier moment. "On voulait y croire parce que depuis toujours et à jamais, on est supporters, dit-elle dans un sanglot. J'ai toujours espéré en supportant l'équipe, mais il y a quelque temps déjà que l'on se disait que c'était difficile."
Pour Bastien Grange, lui aussi membre de "Los Peones", le match contre Strasbourg a du mal à être digéré. Mais selon lui, ce n'est pas seulement à ce match que Pau doit sa relégation : "Il fallait gagner d'autres matchs importants dans la saison et ne pas se donner une pression très importante hier soir. Mais c'est comme ça." Parmi les supporters, les plus optimistes veulent croire à une remontée en Betclic Élite dès l'année prochaine et espèrent que la Pro B ne soit qu'une parenthèse, comme ce fut le cas en 2012-2013. "Il y a une dizaine d'années, on est remonté de Pro B directement. Mais c'était dans d'autres conditions", rappelle Camelia Bornet.
Une saison "vraiment horrible"
Car au-delà de la relégation en Pro B, tous craignent bien pire. L'été dernier déjà, le club avait échappé de peu à une relégation au niveau amateur, en Nationale 1, au vu de ses difficultés financières. Racheté par un fond d'investissement américain CounterPointe Sport Group en 2021, l'Élan Béarnais avait terminé la saison suivante avec une perte nette de 2,9 millions d'euros. Une mauvaise gestion financière qui aurait pu précipiter le club palois au fond du gouffre, s'il n'avait pas été racheté par Sébastien Ménard, président du groupe Eat4Good.
Mais s'il avait réussi à sauver sa peau l'été dernier, l'Élan Béarnais a fait face à de nombreuses difficultés tout au long de sa saison. Comme en témoigne le coach Éric Bartecheky, après la défaite de son équipe à Strasbourg, à l'heure de dresser un premier bilan : "C’est un ensemble de choses qui fait que cette année ça n’a pas marché. […] Il y a cette responsabilité à assumer en tant que coach. Je suis détenteur du projet, de la construction d’équipe, du jeu… À côté, le staff, on est tous unanimes sur certains constats, ça a été très très compliqué dans plein de domaines. On a notre part de responsabilités bien évidemment, mais on n’est pas les seuls."
Tout au long de la saison, "ce qu'il s'est passé inside, c'était vraiment horrible", témoigne même au micro de France Bleu le capitaine de l'Élan Béarnais, Giovan Oniangue. Déjà le 6 mai dernier, après la défaite contre Nancy, un adversaire direct dans la course au maintien, le coach Éric Bartecheky expliquait qu'il "n'avait jamais vécu" une saison comme cela. "Que ce soit au niveau de l'équipe ou sur le club et sa situation, du recrutement jusqu'à la gestion au quotidien, c'était très, très éprouvant", confiait-il en conférence de presse d'après match.
Un avenir en suspens
Une situation qui représente "beaucoup de peine, de chagrin et de frustration", du côté des supporters. "Cela fait maintenant deux saisons que l'on avait les tripes nouées régulièrement. Il y a toutes les décisions qui vont être prises par les dirigeants, par la ligue. Qu'est-ce qu'il va se passer ? On n'en sait rien", s'attriste Camelia Bornet.
Du côté de la direction du club, toute communication est à présent verrouillée. Sébastien Ménard restera-t-il à la tête du club ? L'Élan Béarnais sera-t-il rétrogradé plus bas que la Pro B pour des raisons financières ? La direction se mure dans le silence, tout comme la mairie de Pau. En attendant d'en savoir plus sur son avenir, l'Élan Béarnais a un dernier match à jouer dans cette saison, avec la réception de Cholet, le 16 mai prochain. Un baroud d'honneur en Betclic Élite.