C’est une opération de communication mais elle sera suivie d’une campagne de répression. Le maire de Gelos, a décidé de frapper fort, pour inviter les habitants de sa commune à respecter « la liberté et le bien-être collectif ».
La ZAC du Vert Galant est située à Jurançon, commune limitrophe de Gelos. C’est une adresse que beaucoup connaissent. Mais pas tous visiblement. C’est là que se situe la déchetterie dédiée aux ordures n’étant pas ramassées par les agents municipaux.
Lassés de voir les ordures s’entasser au coin des rues ou dans les bois, les agents municipaux ont décidé de lancer une opération. En concertation avec le maire, la campagne « Marre des crados » a été mise sur pied. Elle a débuté par le ramassage durant quatre mois de tous ces déchets sauvages. Tout a été déversé ce mardi 20 avril sur une place du centre-ville de Gelos pour marquer les esprits.
Opération maredescrados à Gelos 1,5 tonnes de déchets récoltés en 4 mois pic.twitter.com/T4Rj4gtpUf
— Francois Busson (@Frabus3) April 20, 2021
La commmune de Gelos n’est d’ailleurs pas la seule touchée par ce fléau. En Charente-Maritime, des élus de Loire-les-Marais notamment, sont exaspérés par la multiplication des décharges sauvages qui grèvent les budgets municipaux. A Niort, dans les Deux-Sèvres, les communes de l'agglomération ont elles aussi déclaré la guerre aux décharges sauvages.
Matelas, machines à laver ou simples canettes
« C’est une démarche à long terme », explique le maire Pascal Mora. "Mais pour débuter le mieux c’était de planter le décor, et le décor vous l’avez là ! Mes agents ont souhaité qu’on plante ce décor et depuis quatre mois ils ont tout mis de côté. On va trouver de tout. Cela va de la canette de bière à la machine à laver, ou encore des matelas et des poubelles. Ce sont des déchets que l’on trouve à tous les coins de rues, sur la voierie, sur l’espace public, sur l’aire du Prado, à côté de jeux pour enfants. Aujourd’hui, sans filtre, certaines personnes laissent ces déchets n’importe où ».
« Il y aura de la répression »
Et après ? Que faire de cette opération ? S’arrête-t-elle là ? Ou la mairie veut-elle aller plus loin ? « Ce décor va être planté pendant une semaine histoire que tout le monde puisse le voir », annonce le maire. « Ensuite il va y avoir des actions de communication (…). Mais je ne vais pas vous mentir, il y aura de la répression, des sanctions. Et il y aura peut-être quelques surprises. Une personne qui jette un mégot par terre sera peut-être surpris de la réaction du policier municipal. Un mégot jeté par terre c’est 68 euros d’amende".
Amendes encourues
La police municipale sera donc sollicitée pour mener à bien cette phase de répression. « Pour tout ce qui est déchet, c’est compliqué car il faut prendre les personnes sur le fait, en flagrant délit », reconnait Arnaud Delquignie policer municipale à Gelos. « Maintenant, le coté répressif est indispensable car on estime que jeter des déchets est un acte vraiment volontaire".
"Ce n’est pas anodin. Ce n’est pas un accident. Ce n’est pas fait par hasard donc le coté répressif est vraiment utile et justifié ».
Et ce que ne savent pas toujours les contrevenants c’est qu’un tel acte peut aller loin, parfois jusqu’à une condamnation devant le tribunal correctionnel. « Le fait de jeter des objets sur la voie publique, en dehors des emplacements qui sont dédiés, du type poubelles ou containers, entraine une répression et une amende », explique Arnaud Delquignie. « Si c’est juste un papier ou des petits déchets, c’est une contravention de 3e classe avec une amende de 68 euros. Si on transporte des objets plus volumineux, c’est beaucoup plus cher puisque c’est un délit. L’amende sera beaucoup plus importante, avec une peine en conséquence".
"En fonction de ce volume déposé, la personne sera jugée devant le tribunal correctionnel ».
« On n’est pas uniquement sur le défi écologique »
« On n'a pas vocation à donner des leçons aux gens », poursuit le maire de Gelos. « C’est le rôle de notre collectivité en fait ». Sa vision est en effet beaucoup plus globale. « Aujourd’hui dans ma commune, dans toutes les communes, il y a des hommes et des femmes, qui vivent ensemble et qui ont décidé d’une communauté de vie".
Quelque part c’est la question de la liberté et du bien-être qui se pose. Et si on néglige cette liberté et ce bien-être collectif, vous avouerez qu’on va négliger la liberté et le bien-être individuel.
"Ce que je voudrais montrer avec toute mon équipe aujourd’hui, c’est que là on n’est pas uniquement sur le défi de l’écologie", poursuit l'élu. "On est sur le défi de ce que nous voulons être, de notre communauté et finalement de notre humanité. Qui a envie de se lever le matin en ayant le matelas de son voisin devant sa porte ? Au fil du temps, on a normalisé des choses qui ne sont pas normales ».